Fruits
Drosophila suzukii et mouche de la cerise : « c’est ingérable ! »

Dans les vergers de cerisiers, le ras-le-bol est général. La drosophila suzukii et la mouche de la cerise ravagent la production laissant les producteurs dans une grande détresse.

Drosophila suzukii et mouche de la cerise : « c’est ingérable ! »
Des producteurs de cerises et des responsables de la FDSEA, de Jeunes agriculteurs et de la Chambre d’agriculture de la Loire étaient réunis jeudi 29 juin devant la DDT de la Loire. Cécile Brenne, directrice départementale adjointe, est allée à leur rencontre. Crédit : FDSEA de la Loire

Alors que la campagne de cerises bat son plein dans les vergers, le désespoir règne dans les rangs. La drosophila suzukii et la mouche de la cerise attaquent de toute part. « C’est ingérable ! » souffle Mickaël Mazenod, arboriculteur ligérien et administrateur de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF). « Depuis le retrait du phosmet, c’est devenu très compliqué », poursuit celui qui a écrit au ministre de l’Agriculture pour dénoncer cette situation ubuesque.

Les taux de perte dus à ces ravageurs sont importants. Dans un courrier envoyé au Directeur régional de l’alimentation, l’agriculture et de la forêt (Draaf), Bruno Ferreira, la FRSEA et Jeunes agriculteurs font état de pertes allant de 30 à 100 %. « Les arboriculteurs se sentent démunis face à l’ampleur des attaques », assènent les syndicalistes. Démunis, ils le sont d’autant plus que les solutions qui restent à leur disposition ne sont pas ou peu efficaces, selon les producteurs. « La multitude de traitements pour un résultat médiocre est psychologiquement compliquée pour les arboriculteurs et reste mal acceptée par le voisinage. Nos producteurs subissent encore une fois les conséquences d’une interdiction réglementaire sans alternative. » Cette impasse technique, aux dires des représentants professionnels, conduit des arboriculteurs à s’interroger sur leur avenir.

Des solutions techniques efficaces

L’avenir de la filière de cerises françaises semble, en effet, se jouer aujourd’hui. Tous en appellent aux pouvoirs publics et demandent, pour le court terme, les indemnisations promises en mars dernier pour cette campagne. Indemnisations, qui « resteront insuffisantes pour faire face à la situation d’urgence ». Sur les moyen et long termes, les attentes sont claires : des solutions techniques efficaces et des clauses miroirs. « Il faut accélérer la recherche en mettant les moyens financiers nécessaires. Les recherches doivent être globales et concerner également la mouche de la cerise. Il y a urgence. Il faut que les pouvoirs publics se prononcent si, oui ou non, ils veulent des cerises françaises », plaide Mickaël Mazenod, avant de rappeler que si aujourd’hui c’est la filière cerise qui est touchée de plein fouet, demain d’autres seront également impactées par ce fléau si rien n’est fait.

Action syndicale de la FDSEA

Jeudi 29 juin, la FDSEA de la Loire a organisé une action syndicale devant la DDT (Direction départementale des territoires) à Saint-Etienne pour dénoncer cette situation intenable pour les producteurs de fruits. « On m’a remonté des pertes allant jusqu’à 20 000 euros par hectare. Nous réclamons l’indemnisation des pertes réelles en verger, pour lesquelles nous effectuons un recensement » a expliqué Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA de la Loire. Parmi les autres revendications, on retrouve l’arrêt des interdictions de molécules sans l’existence d’une solution efficace de remplacement pour les producteurs et la mise en place de clauses-miroirs avec les pays exportant des cerises sur le marché français. AgraPresse indique que sur ce dernier point, le ministère de l’Agriculture a fait interdire l’importation de cerises en provenance de pays où les arboriculteurs peuvent utiliser du phosmet en mai.

Pour faire suite à cette mobilisation, la FDSEA, Jeunes agriculteurs et la Chambre d’agriculture de la Loire ont obtenu un rendez-vous avec les services de l’Etat fixé à ce mercredi 5 juillet afin d’aborder l’ensemble de ces sujets concernant les producteurs de fruits.

Marie-Cécile Seigle-Buyat et Lucie Grolleau Frécon