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"Notre territoire est riche de sa diversité"

Simon Alves
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Tous les quinze jours, un(e) vice-président(e) à l'agriculture d'intercommunalité du Rhône nous présente la politique agricole de son territoire. Ce jeudi, rencontre avec Isabelle Brouillet, vice-présidente en charge de l'agriculture de la communauté de communes du pays mornantais.

"Notre territoire est riche de sa diversité"
Isabelle Brouillet, vice-président en charge de l'agriculture à la communauté de communes du pays mornantais © Copamo

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Isabelle Brouillet, maire de Riverie, qui est la plus petite commune du Rhône. Depuis ce début de mandat je suis aussi vice-présidente en charge de l’agriculture de la communauté de communes du pays mornantais (Copamo) et également agricultrice de métier.

A quoi ressemble l'agriculture sur votre territoire ?

Elle est très diversifiée, que ce soit dans ses productions que dans ses systèmes de commercialisation. La Copamo compte 300 exploitations pour 600 agriculteurs actifs sur une surface agricole utile de 8500 hectares. L'agriculture représente 60 % du territoire sur lequel nous comptons 13 % d'arboriculture, 2 % de viticulture, 8 % de maraîchage horticulture, 56 % d'élevages et polycultures et 11 % de grandes cultures. Nous avons 65 exploitations en bio et 81 % du territoire est en Penap. Sur le volet commercialisation, nous avons plusieurs pratiques de vente, avec 50 % en direct. Nous sommes d'ailleurs un territoire d'innovation à ce sujet puisque c'est ici qu'Uniferme, le premier point de vente collectif de producteurs a vu le jour en 1978. La Sicoly est aussi sur notre intercommunalité avec une centaine d'exploitations représentées. C'est aussi sur la Copamo que le premier réseau d'irrigation du département a été créé. Nous avons accueilli quinze nouvelles installations en 2020, soit la moitié de tout l'ouest lyonnais. Notre agriculture a surtout sa place dans l'économie du territoire parce qu'elle est nourricière mais aussi parce que sa diversité forme nos paysages et contribue au tourisme vert et de proximité. Nous avons un territoire riche de cette diversité.

Comment s'articule votre politique agricole ?

Elle se décline en quatre volets. Le premier c'est le foncier, avec des actions en faveur des cédants. Nous finançons leur inscription au RDI et proposons des aides financières aux propriétaires qui acceptent de louer à un jeune installé hors cadre familial. Sur le volet socioéconomique, nous participons au dispositif Bio et eau, nous soutenons la marque collective des monts du lyonnais et participons financièrement à la lutte contre le frelon asiatique. Nous participons aussi  à l'élaboration du PAT avec le syndicat de l'ouest lyonnais et au financement du système paragrêle. La Copamo anime aussi le comité de suivi des compensations agricoles collectives consécutive à l'agrandissement de la zone d'activités des Platières à Mornant. Nous avons aussi recensé et soutenu les agriculteurs touchés par le gel en avril et mis en place un fonds d'aide adossé au plan de relance économique. Une vingtaine d'exploitations pourraient être soutenues pour un montant de 180 000 euros. Le troisième volet est agri-environnemental avec la prise en charge de la collecte de plastiques agricoles. Cela représente 70 tonnes par an. C'est un service apprécié des agriculteurs, tout comme notre appel à projets pour de la replantation de haies. Nous replantons 2 kilomètres chaque année et prenons en charge le coût des plants et l’accompagnement technique. Enfin nous avons un volet communication avec une newsletter que nous envoyons deux fois par an pour relayer les programmes d'aides du Département, de la Région et de l'Etat et toute information utile aux agriculteurs. Nous éditons des plaquettes dont la charte de l'agri-citoyen et nous allons installer en bordure des parcelles des panneaux de sensibilisation au travail des agriculteurs à destination des promeneurs. Nous organisons aussi des commissions agricoles communales pour permettre aux agriculteurs et aux élus de se rencontrer et de faire remonter  les difficultés du terrain.

Est-ce que votre métier d'agricultrice facilite vos relations avec les exploitants ?

Pour la parole je pense que oui. En tant qu'éleveuse je n'ai pas la prétention d'avoir des connaissances en arboriculture ou en maraîchage. Mais je connais bien l'agriculture du pays mornantais et les problématiques des agriculteurs. Il y a des sujets sur lesquels on se retrouve comme la cohabitation dans les hameaux, le morcellement des exploitations ou la circulation difficile des engins sur les routes.

Quelles sont les principales difficultés que les agriculteurs vous font remonter ?

Nous constatons des vols de fruits et de légumes. Le non-respect de l'espace privé que représente une exploitation agricole revient aussi régulièrement. Il n'est pas toujours intégré dans l'esprit des promeneurs qu'ils ne peuvent pas, par exemple, laisser leur chien divaguer dans les parcelles. Cela peut abimer les légumes, casser des arroseurs ou créer des problèmes sur les troupeaux. Nous avons aussi régulièrement les questions d'accès au foncier et le sujet de l'agribashing qu'ils perçoivent comme une difficulté supplémentaire dans un métier déjà très compliqué.

Quelles actions comptez-vous mener pour soutenir les agriculteurs ?

Nous poursuivons le travail de nos prédécesseurs. Il faudra renouveler notre réseau d'irrigation qui commence à être vétuste afin de maintenir notre dynamique au regard des changements climatiques et pour continuer à inciter l'installation. Nous voulons remobiliser les friches. C'est assez triste de voir des hectares irrigables qui ne sont pas exploités. Notre attention se porte aussi sur les corps de ferme mis sur le marché à des prix exorbitants. Nous sommes déterminés à faire en sorte de conserver pour l'agriculture ce type de lieux. Le PAT sur lequel nous travaillons doit aussi permettre de fournir en produits locaux la restauration collective. Dans cette optique nous accompagnons aussi l'installation de la légumerie Rhône-Saône Légumes dont l'activité débutera cet automne avec un concept de transformation de légumes bio et locaux pour les cuisiniers. C'est aussi un projet social qui se veut un tremplin pour les personnes éloignées de l'emploi. Cela pourrait aussi ouvrir une nouvelle filière que l'on n'a pas pour l'instant sur notre territoire. On observe aussi que des productions comme l'élevage ou l'arboriculture sont un peu en déprise alors qu'elles sont importantes pour préserver notre diversité et entretenir nos paysages. Nous souhaitons préserver notre diversité et travaillons en ce sens.