Jeunes agriculteurs de la Loire
Lutter pour une juste reconnaissance du métier

L’assemblée générale de Jeunes agriculteurs Loire se tenait vendredi 10 février à Feurs. En complément de la présentation du rapport d’orientation sur le thème de la gestion de l’eau (lire dans l’édition papier), le président de JA Loire et son équipe n’ont manqué d’aborder les nombreux sujets sur lesquels ils œuvrent.

Lutter pour une juste reconnaissance du métier
Outre les interventions des représentants des structures invitées, plusieurs adhérents à Jeunes agriculteurs se sont succédés au micro pour présenter les actualités et projets du syndicalisme jeune.

Dans son discours, Nicolas Lenoir, président de Jeunes agriculteurs Loire, a utilisé la métaphore des aventures d’Astérix et Obélix. A l’image de l’album Les douze travaux d’Astérix, JA 42 a « beaucoup de travaux à mener ». Comme le village d’invincibles Gaulois, « depuis des années, nous nous battons pour résister à différentes invasions venues de part et d’autre ». Il citait « les normes qui n’ont pas de sens, les traités commerciaux ne tenant pas compte de la souveraineté alimentaire », « les attaques contre les filières d’élevage », ou encore « l’augmentation des prix des matières premières ». Le président assurait : « Nous lutterons toujours pour un renouvellement des générations agricoles fort, pour une meilleure prise en compte des coûts de production et pour une juste reconnaissance de notre métier. Pour accomplir ce travail, nous n’avons pas de potion magique comme les Gaulois, mais nous avons un réseau fort de ses jeunes motivés et déterminés. »

Renouvellement des générations

Nicolas Lenoir l’a redit : JA Loire « travaille en priorité sur le renouvellement des générations agricoles. Ce travail a permis d’atteindre, en 2022, les 103 installations aidées, soit un record pour notre département. Presque toutes les filières sont représentées ; les élevages bovins laitiers et allaitants restent majoritaires. Le travail doit se poursuivre car 2023 sera une année charnière. » Il mentionnait la programmation Feader 2023-2027 et la mise en place de la nouvelle Dotation jeune agriculteur (DJA), dont le Conseil régional a la charge. Les dirigeants de cette instance ont « conscience des enjeux du renouvellement des générations agricoles puisqu’ils ont souhaité maintenir une DJA attractive, qui aide les jeunes installés, appréciée dans ce contexte d’inflation ».

Nicolas Lenoir assurait que JA Loire « sera toujours là pour rappeler quelques évidences en cas de besoin ». Tout d’abord, « chacun des acteurs des territoires doit tout faire pour que notre pays ne perde pas sa souveraineté alimentaire et pour que nos concitoyens puissent se nourrir de produits bons, de qualité et surtout d’origine française ». Il évoquait ensuite l’attractivité des territoires, que ce soit sur les plans économique, environnemental et sociétal, et le maintien des paysages. « Dans nos zones de montagne, l’élevage reste le moyen le plus écologique de prendre soin de l’environnement. »

Pour Jordy Bouancheau, agriculteur en Vendée et membre du conseil d’administration de Jeunes agriculteurs France : « Le contexte ne nécessite pas de grands discours, car nous n’avons plus le temps. L’agriculture va mal, tout s’accélère. L’heure n’est plus à penser à améliorer, mais bien à stopper l’hémorragie. Chez JA, nous sommes convaincus que l’agriculture doit rester au cœur des enjeux des territoires. Elle fait vivre l’économie, elle est créatrice de biodiversité, elle est la première préservatrice du climat, elle peut répondre à tous les enjeux sociétaux. Mais elle ne pourra pas y arriver seule. JA est et restera un syndicalisme de solutions, mais l’agriculture aura aussi besoin de courage politique. »

Gérard Gallot, président de la FDSEA de la Loire, allait dans le même sens : « Chaque jour de nouvelles contraintes tombent sur les agriculteurs. C’est impossible de ne pas s’inquiéter. La France doit donner les moyens à son agriculture de produire demain et approvisionner les outils d’aval pour nourrir la population. » Et d’ajouter, sous entendant une possible mobilisation : « Nous avons de nombreuses raisons de réagir prochainement : ressource en eau, Egalim, énergie… ».

Prix et charges

Le président de la Chambre d’agriculture de la Loire, Raymond Vial, intervenait notamment au sujet de l’énergie : « Chaque exploitation agricole doit travailler sur son autonomie énergétique. Des économies importantes sont à faire, d’autant plus que nous n’avons probablement pas tout vu en matière de prix. Mais l’agriculture doit aussi produire de l’énergie en valorisant ses toits. » « L’Etat doit avoir du courage sur ce dossier, poursuivait Jocelyn Dubost, président de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes. Il a pris du retard dans ce domaine et estime que c’est tellement plus facile de poser des panneaux photovoltaïques sur des terres agricoles plutôt que sur les toits. » De plus, « quand les centrales nucléaires seront toutes en fonctionnement, est-ce que le prix d’achat de l’électricité sera revu à la baisse ? », interrogeait-il, avant d’aborder la loi Alimentation : « Quand un arrêté sécheresse est pris, la Police de l’eau procède à des contrôles sur le terrain. Pourquoi la DGCCRF ne procède-t-elle pas à des contrôles pour vérifier que la loi est appliquée ? »

« Je suis convaincu que notre métier a de l’avenir et que nous en vivrons décemment, lançait Nicolas Lenoir. Cela ne passera que par le prix de nos produits. » Ainsi, il insistait lui aussi sur la nécessité de l’application de la loi Egalim, avec une construction du prix en marche avant, la prise en compte des coûts de production, la signature de contrats avec les acheteurs. Il incitait également les porteurs de projet à être « vigilants et moteurs lors de la réalisation de leur Plan d’entreprise afin de construire des études au plus près de la réalité ».

Adaptation au changement climatique

Alors que l’année 2022 a été marquée par une nouvelle sécheresse, Nicolas Lenoir rappelait la nécessité de poursuivre le travail sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique. « Au-delà de constater le changement que nous vivons, chacun d’entre nous doit se remettre en question et essayer d’adapter son système, même si tout n’est pas simple. En effet, chaque exploitation est différente, tout comme les solutions à apporter. » Il évoquait également le travail conduit par le syndicalisme majoritaire et la Chambre d’agriculture pour constituer le dossier ligérien de demande de reconnaissance en calamité agricole, ainsi que la mise en œuvre de la réforme de la gestion des risques climatiques. Jocelyn Dubost faisait alors écho au rapport d’orientation : « L’eau d’irrigation est la première assurance récolte. »

Chantal Brosse, vice-présidente du Département en charge de l’agriculture, rappelait que le Département est aux côtés de l’agriculture, notamment pour l’accompagner dans les transitions. Elle citait l’aide pour abreuver les troupeaux à partir de forages. « Depuis 2007, ce sont 650 dossiers qui ont été accompagnés financièrement. » Elle revenait aussi sur les aides pour la modernisation des bâtiments d’élevage.

Cécile Brenne, directrice adjointe de la DDT de la Loire, prenait la parole la dernière : « La participation à cette assemblée générale est la preuve de la dynamique agricole. Vous nourrissez le pays et vous avez besoin d’un soutien sans faille. » Elle citait alors la nouvelle Pac, la gestion des calamités agricoles, le dossier de l’eau. Avant elle, les trois députés présents (Jean-Pierre Taite, Dino Cinieri et Antoine Vermorel) avaient également assuré les JA, et plus généralement l’agriculture ligérienne, de leur soutien.

 

Lucie Grolleau Frécon