Grandes cultures
Optimiser l’apport d’engrais grâce au drone

Charlotte Favarel
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Si le drone a déjà fait parler de lui pour les semis, il est également très intéressant pour optimiser la fertilisation des sols. Démonstration à Quincieux le 13 décembre avec deux ingénieurs de la société exo.expert.

Optimiser l’apport d’engrais grâce au drone
Avec 10 caméras, le drone prend 60 photos par ha. ©CF/IAR

Comment optimiser son apport azoté pour ses cultures de colza ? C’est la question que s’est posée exo.expert, entreprise de services par drone pour le monde agricole qui a déjà fait parler d’elle, notamment pour les semis. Avec 6 dirigeants salariés et une trentaine de télépilotes un peu partout en France, l’entreprise propose ses services depuis deux ans.

Le 13 décembre, sur une parcelle de Cyrille Fiard à Quincieux, plusieurs agriculteurs ont assisté à la présentation de l’outil. En survolant les parcelles, le drone cartographie et évalue les besoins en engrais azotés des cultures de colza. Les résultats sont rapides et précis : « non seulement cela permet une économie pour la facture d’engrais, mais aussi pour l'environnement car l’engrais apporté va être absorbé de façon optimale selon les zones détectées par le drone », apprennent Alan Usseglio et Timothée Craig, deux des quatre ingénieurs fondateurs d’exo.expert.

Une nouvelle technologie de pointe

Avec la prise de 60 photos par ha, le drone est on ne peut plus précis. Sur la parcelle de 4 ha, ce ne sont pas moins de 240 photos qui constituent un maillage des besoins en azote. Le logiciel recrée ensuite la cartographie de la parcelle. « Le drone dispose de 10 caméras, qui représentent un spectre qu’on ne voit pas à l’œil humain, apprend Alan Usseglio. On peut ainsi différencier les zones fortes et les zones faibles. Ensuite, nous conseillons de limiter l’apport sur les zones faibles et de les diriger vers les zones fortes, ce qui donnera des rendements supplémentaires. » Toutes ces études sont faites dans le respect des connaissances de l’agriculteur sur son terrain, « on essaie d’être au plus proche d’un meilleur raisonnement de la fertilisation ». Cette analyse multispectrale avec captation infrarouge permet d’observer le poids du colza, « on fait toujours un vol avant l’hiver, et un après. Cela nous permet de voir l’évolution du poids du colza et de formuler nos conseils en matière d’apport d’engrais. En Rhône-Alpes, on a déjà soldé la campagne avec plus de 5 000 ha de colza ».

En survolant 1 ha en moins d’une minute, « on fait 200 ha par jour de colza et 400 à 500 ha en blé », détaille Timothée Craig. Leaders sur le marché, ce sont des drones de la marque DJI qui sont utilisés, « plus faciles pour le service après-vente et meilleurs au niveau qualité/prix ». Et si les parcelles sont proches d’aéroports, de bases militaires ou nucléaires, « nous travaillons seulement avec des télépilotes professionnels qui peuvent avoir les autorisations de vol pour ces zones sensibles ».

La bonne dose, au bon moment

En proposant des forfaits liés à la taille des cultures, exo.expert reste compétitif au niveau des prix : « 12 € / ha pour le colza, avec deux vols, la cartographie et le rapport réglementaire. Et 15 € / ha pour le blé, avec deux vols dont le premier basé sur les rendements et le second sur les protéines ». Avec 35 distributeurs en France, ce ne sont pas moins de 400 à 600 exploitants qui ont recours à leurs services.

En moyenne, selon les exploitations, « on a – 70 % d’azote par an. Par exemple, sur 180 kg d’azote préconisés avant, on va peut-être en préconiser seulement 50, mais au bon endroit et pour un rendement similaire. Sur 40 000 ha couverts en France, on économise en moyenne 40 unités par hectare. Mais cela reste du cas par cas, on ne baisse pas le rendement : on se focalise sur la bonne capacité d’absorption du colza, ce qui permet également d’amoindrir le transfert aux cours d’eau ».

Des retours du terrain

Depuis son déploiement, les ingénieurs ont reçu des retours du terrain pour améliorer le service. « Après chaque cartographie, on met à disposition une application de téléphone pour que les agriculteurs l’utilisent lors de l’épandage grâce à la géolocalisation. On a eu des remontées du terrain pour l’améliorer car tout le monde n’a pas de tracteurs intelligents qui dosent automatiquement. Nous avons calculé le pourcentage de dose moyenne en fonction de la vitesse, ce qui permet de fractionner l'apport et d'avoir un intérêt environnemental », explique Timothée Craig.

Pour les agriculteurs présents lors de la démonstration, « l’intérêt de l’outil est là car nous savons exactement combien d’unités d’azote il y a », concluent Damien Girin et Nicolas Gerard, agriculteurs à Ambérieux d’Azergues et Quincieux.

Charlotte Favarel

« J’ai économisé de l’azote et aussi gagné en rendement »

Devenu client puis distributeur d’exo.expert via son entreprise Agristratégie, Cyrille Fiard est le quatrième distributeur en Rhône-Alpes, « il a mis pas moins de 600 ha en service », reconnaît Alan Usseglio. Et s’il vend aussi bien l’outil, c’est avant tout parce qu’il en est content.

« Je trouve que grâce à cet outil, on a les précisions dont on a besoin en tant qu’agriculteur. Et ce n’est pas si cher à l’hectare. Les parcelles sont hétérogènes, on remarque un vrai écart, dit-il en montrant sa parcelle de colza. Cela se voit visuellement. Je ne vais donc pas mettre la même quantité dans la parcelle. Et ce qui est le plus intéressant en colza, c’est l’économie d’azote réalisée. Pour le blé, on parlera plus d’optimisation, normalement j’apporte 180 unités / ha et là cette année en février j’ai mis 50 u/ha et 100 u/ha en mars, j’en ai ajouté 30 en mai. Grâce à l’outil, je vois l’évolution et la modulation de la biomasse, ce qui me permet d’adapter les apports. La plante les a eus au bon moment et a pu les absorber plus efficacement. »

En utilisant 60 unités de moins par rapport au déroulé normal en colza, « j’ai économisé de l’azote mais aussi gagné en rendement », conclut-il.

C.F.

 

Exemple d’un rapport d’Exo.expert sur la biomasse.

Exo.expert a présenté son outil pour optimiser la fertilisation du colza.

Découvrez le vol du drone Exo.expert au-dessus de parcelles de colza à Quincieux