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« Faire mieux connaître le rôle de la Safer »

Simon Alves
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Thierry Pistre est depuis juin dernier le nouveau directeur de la Safer du Rhône. Il souhaite s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur Damien Ardiet et promouvoir le rôle et les services, encore bien souvent méconnus, de l’organisme auprès des acteurs du territoire. Interview.

« Faire mieux connaître le rôle de la Safer »

Pouvez-vous vous présenter ? 

« Je suis originaire du Tarn puisque je suis né à Castres. J’ai une formation d’ingénieur agricole à l’Isara de Lyon. J’ai intégré la Safer suite à mes études il y a dix-huit ans dont quatorze ans en tant que conseiller foncier dans l’Ain. J’ai rejoint depuis quatre ans l’équipe du Rhône pour la mise en place du service départemental de la Métropole de Lyon qui a été créé en 2018. J’avais ce ser­vice sous ma responsabilité au nom de la Safer Auvergne-Rhône-Alpes (Aura). Suite au départ de Damien Ardiet, j’ai saisi l’opportunité de poursuivre mon parcours professionnel ici afin de venir découvrir la diversité de l’agriculture du Rhône. Au 1er octobre, c’est Audrey De­laloy qui me succédera à la Métropole. »

Comment vous adaptez-vous aux pro­blématiques du Rhône ? 

« J’ai déjà un peu découvert le dépar­tement mais je n’avais pas forcément visité toute l’étendue de sa diversité. Je ne suis pas perdu ou déstabilisé. Je retrouve des systèmes d’exploitation en termes d’élevage, de production pour les cultures et de maraîchage que j’avais l’habitude de rencontrer dans l’Ain. La nouveauté pour moi c’est la viticulture où on a des enjeux divergents selon les secteurs, avec une forte pression fon­cière au sud en termes de prix et une problématique de reconquête de friches au nord avec la partie Beaujolais. C’est un département d’une grande richesse dans sa diversité de production et qui a à la fois des débouchés et des contraintes avec l’agglomération lyonnaise qui génère des perturbations en termes d’infrastruc­tures et complexifient la conduite des exploitations agricoles. »

Quels sont vos objectifs pour les an­nées à venir ? 

« La Safer est souvent méconnue et nous voulons mieux faire connaître le rôle qu’elle doit jouer et le statut qu’elle a. La Safer est organisée autour de trois missions édictées par l’État : la préser­vation et le développement de l’activité agricole et des territoires ruraux, la prise en compte des enjeux environnementaux et la réponse aux besoins des collectivi­tés sur le développement local. La Safer peut intervenir auprès des collectivités pour négocier le foncier, accompagner la mutation d’une activité économique agri­cole vers d’autres activités économiques et s’assurer que les activités agricoles ne soient pas délaissées en leur permettant de se redéployer sur des espaces qu’on ira chercher. Nous voulons aussi mieux valoriser le travail que l’on fait au quoti­dien. Quand on pense à la Safer, on pense à la préemption. Mais c’est un outil qui concerne moins de 10 % des dossiers. L’immense majorité se traite par antici­pation, négociation à l’amiable et reprise de terrain en lien avec les acteurs du foncier : propriétaires, exploitants, élus, notaires et agents immobiliers. »

Comment comptez-vous communi­quer à ce sujet ? 

« On constitue au niveau de la Safer Aura un plan de communication à partir de nos réalisations. Nous voulons com­muniquer à l’échelle régionale sur des thématiques générales et au niveau dé­partemental sur des dossiers opération­nels au plus près des territoires et des secteurs locaux. Nous pensons valoriser notre travail dans la presse agricole à travers des témoignages de porteurs de projets qui ont été accompagnés avec d’autres partenaires comme la chambre d’agriculture ou le CER car on ne travaille jamais seuls. »

Avec la moitié des agriculteurs qui partiront à la retraite dans les dix ans, la question de la transmission des exploitations va occuper une part importante de vos activités. Comment allez-vous vous préparer ? 

« La Safer est en train de renouveler son programme pluriannuel d’activité pour la période 2022-2028. C’est un document d’objectifs qui doit nous permettre de dé­finir nos priorités d’action au regard des moyens techniques, humains et finan­ciers dont on dispose. La transmission et le renouvellement des générations vont être un axe majeur. La Safer devra être en capacité d’ajuster ses moyens pour les orienter et apporter une réponse à la hauteur des attentes identifiées. On sait aussi que le modèle change avec de moins en moins d’exploitations fa­miliales et des formes sociétaires. Nous devons nous adapter. Le prix de l’immo­bilier a aussi énormément augmenté et représente une charge financière très lourde. Il nous faut être créatifs pour imaginer un service à proposer en termes d’aides au portage du foncier pour faciliter l’acquisition. Nous avons des expérimentations sur le départe­ment pour les jeunes agriculteurs. » n

Propos recueillis par Simon Alves