SYNDICALISME
« Il est nécessaire de trouver des solutions à court terme »

Ludivine Degenève
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Lundi 3 octobre, députés et sénateurs étaient conviés par les membres de la FDSEA 01 et les Jeunes agriculteurs à Cerfrance pour un petit déjeuné parlementaire. Au programme, discussions autour de l’actualité agricole et des principales problématiques actuelles. Les élus syndicaux attendent, maintenant que cette remontée de terrain atteigne les instances nationales.

« Il est nécessaire de trouver des solutions à court terme »
Élus syndicaux et parlementaires étaient réunis au cinquième étage de Cerfrance pour aborder les problématiques agricoles actuelles. Crédit photo/ LD

Une heure trente pour évoquer les principaux sujets agricoles, c’est l’objectif que se sont fixés les membres de la FDSEA 01 et des Jeunes agriculteurs de l’Ain en invitant députés et sénateurs autour d’un petit déjeuner parlementaire dans une des salles de réunion de Cerfrance. Trois sénateurs et trois députés étaient réunis autour de la table. Parmi eux, Olga Givernet (Ensemble), députée de la troisième circonscription de l’Ain, Florence Blatrix (PS), sénatrice, Xavier Breton (LR), député de la première circonscription, Patrick Chaize (LR), sénateur, Damien Abad (Sans étiquette), député de la cinquième circonscription, et Sylvie Goy-Chavent (LR), sénatrice. 
L’objectif : faire remonter les principales problématiques agricoles actuelles en espérant un relais au niveau national. Et le premier sujet arrive vite sur la table : les données souvent erronées des satellites lors de la reconnaissance des dégâts sur les parcelles. « On a connu une année 2022 cataclysmique et pourtant toutes les analyses qui ressortent ne sont pas spécialement favorables, dénonce Jonathan Janichon, secrétaire général de la FDSEA. L’analyse qu’on en fait aujourd’hui n’est pas la même qu’il y a sur le terrain. » La profession demande de favoriser l’analyse terrain et de prendre appui sur les cartes satellites quand celles-ci seront plus fiables. Les agriculteurs souhaitent également plus de transparence sur ces analyses, pour ainsi apporter leur savoir de professionnel, toujours dans l’objectif de rendre ces données plus exactes. 
 
« On garde les analyses terrain jusqu’au jour où le satellite fonctionnera »
 
La fiabilité est essentielle dans les rapports des satellites, ne serait-ce que pour le futur système assurantiel. « Si aujourd’hui on part sur un système assurantiel avec des données satellites et exclusivement sur les données satellites, ça ne fonctionnera pas », alarme Jonathan Janichon. 
Grâce à cette nouvelle manière de s’assurer, le syndicat espère une augmentation progressive du nombre d’exploitations assurées, en passant de 33 % actuellement pour les grandes cultures à 60 % en 2030 et passer de 1 % à 30 % pour les prairies. Mais ces chiffres ne seront pas atteints si les assurances se basent uniquement sur les cartes satellites, estiment les élus syndicaux. « Jusqu’à maintenant, on garde les analyses terrain jusqu’au jour où le satellite fonctionnera, on passe dessus », espère Jonathan Janichon. 
Michel Joux pour sa part insiste sur l’importance de la solidarité nationale. « Si la solidarité de l’État ne se met pas en place, ça ne tiendra pas », explique le président de la Chambre d’agriculture. 
 
Une augmentation des prix qui décourage les jeunes
 
Autre sujet abordé : l’augmentation des coûts de production, qui conduit à une décapitalisation des exploitations. « La hausse des prix ne compense pas la hausse des charges. On attend une grosse avancée sur ce sujet-là, notamment sur les contrôles sur la grande distribution pour que la valeur redescende réellement à l’agriculteur », explique Justin Chatard, président des Jeunes agriculteurs de l’Ain. L’augmentation des charges, la hausse des prix sur les engrais, les céréales et les aliments découragent aussi les jeunes qui souhaitent s’installer. « Les charges augmentent sans arrêt et ne diminuent jamais. On a aucune vision sur nos ventes de produits, déplore Justin Chatard. Il faut que les EGA avancent et qu’on trouve une stabilité dans les prix et qu’on ait une vision connue pour les jeunes. Aujourd’hui c’est compliqué d’investir 500 000 € et de ne pas savoir combien on vend ses produits six mois après. »
« La démographie agricole, le modèle économique, les jeunes qui sont démotivés par rapport à la pénibilité, à l’engagement que c’est d’être agriculteurs aux yeux de la société… Quand on met tout ça dans le panier, on s’aperçoit qu’on est dans une période charnière, si on n’a pas un modèle agricole qui défend son économie, son intérêt, rappelle Adrien Bourlez, président de la FDSEA. C’est nécessaire de trouver des solutions dans les exploitations à court terme, car on a un effet de décapitalisation important. » 
 
« Tout le monde doit prendre de la marge »
 
Les agriculteurs souhaitent également une meilleure répartition des marges plus de transparence sur l’observateur des prix et un retour sur les contrôles effectués, notamment par la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes. « Tout le monde doit prendre de la marge, mais elle doit être raisonnée », rappelle Justin Chatard. 
Côté parlementaires, la parole est timide, mais l’avis est unanime : les agriculteurs doivent être entendus et leurs demandes mises en application. « Il faut que l’agriculture puisse vivre de son travail », appuie Xavier Breton, député (LR) de la première circonscription l’Ain. « La vraie aide qu’on peut vous apporter c’est d’intervenir au plus proche, chez le préfet pour [par exemple NDLR] mettre un frein à l’obligation de mise aux normes avec la date butoir au 31 décembre », continue Sylvie Goy Chavent, (LR) sénatrice de la circonscription de l’Ain. 
À la suite de ses discussions, les membres de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs attendent une application concrète des sujets abordés lors de cette réunion.