Nouveau zonage vulnérable aux nitrates
Un élargissement du zonage vulnérable aux nitrates est applicable depuis le 1er septembre. Le point sur ce nouveau zonage et témoignage d'un éleveur concerné depuis des années.

La montée en gamme prend bel et bien forme dans le Beaujolais. Les crus juliénas, brouilly et côte de brouilly ou encore moulin-à-vent, pour ne citer qu’eux, travaillent depuis plusieurs mois sur leur projet respectif. Revendication des lieux-dits, dégustation
professionnelle, imagination de possibles climats, etc. Les ateliers et les réunions s’enchaînent. Et mercredi 4 décembre, c’était au tour du cru fleurie d’entrer définitivement dans la danse en officialisant devant ses opérateurs son projet d’intégrer des premiers crus, en présence d’un témoin de choix, Frédéric Burrier, président du cru pouilly fuissé dans le Mâconnais. Comme ses voisins beaujolais et bourguignons, pour qui la notion de premiers crus est historiquement ancrée et devenue une spécificité - la mention apparaît officiellement avec les AOC en 1943 et elle concerne à l’époque les AOC chablis, communales de la Côte-d’Or, Mercurey, Rully et Montagny - le cru fleurie a tout pour concrétiser ce long et vaste projet. Les cuvées parcellaires, sont fortement utilisées sur l’appellation. Elles représentent près de 30 % de la récolte en 2018. Et inversement, le repli est très peu utilisé (moins de 5 %). Deux éléments parmi d’autres, mais qui constituent une bonne base de travail pour les responsables du cru qui vont devoir créer une dynamique collective et surtout l’entretenir jusqu’à validation par l’Inao. Peut-être dans dix ans, voire plus.
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En parallèle, des principes de base seront aussi à respecter, comme l’a rappelé Bruno Rivier, consultant de l’ODG des crus dans le cadre de la montée en gamme. Le cru fleurie va devoir plancher sur ses lieux-dits, « seule entité géographique revendiquable, car les climats sont proposés par l’Inao. Le travail du cru se limite à identifier les lieux-dits les plus utilisés. Par définition, un premier cru est un nom de lieu-dit, ou de « climat », selon la terminologie bourguignonne, distingué au sein de l’AOC communale par la qualité et la notoriété des vins qui en sont issus et défini sur la base des usages, qui ne sont pas obligatoirement conformes au cadastre », définit-il.
Les critères de délimitation devront aussi être définis. Ils seront à la fois environnementaux et techniques, sachant que le classement des lieux-dits et accessoirement des futurs climats dépendront de l’antériorité, de la revendication du nom, du positionnement en termes de prix ou encore de l’appréciation du produit. Toutes ces règles de bases étant rappelées, il ne reste plus qu’au cru fleurie à mettre en oeuvre sa démarche, les responsables ayant affiché leur ambition de déposer un dossier en 2022, dossier qui sera examiné par l’Inao. S’il est jugé recevable, une commission d’enquête sera automatiquement mandatée, avant plusieurs années d’instruction et d’allers- retours. La commission lieux-dits, en charge de l’avancement de ce dossier, a d’ores et déjà programmé des rencontres mensuelles pour déguster les vins issus d’un lieu-dit. Ces dégustations auront lieu le premier jeudi de chaque mois, de 17 h 30 à 19 h à la Maison du cru fleurie, celles-ci étant ouvertes à tous les opérateurs. Elles débuteront en janvier, exceptionnellement jeudi 16, par le lieu-dit Les Moriers, puis Montgenas (6 février), La Roilette (5 mars) et Les Labourons (9 avril), des lieux-dits couramment revendiqués par les opérateurs de l’appellation. D’autres suivront durant l’année 2020. De toute façon, ce n’est que le début d’une longue aventure collective…
Vos exclus du web

Frédéric Burrier est un habitué des interventions dans le Beaujolais. Président de l’appellation pouilly fuissé dans le Mâconnais, il est intervenu à plusieurs reprises ces dernières années dans des réunions de crus du Beaujolais pour présenter leur projet de premiers crus. C’est donc logiquement que les responsables du cru fleurie ont fait appel à lui, pour un témoignage sans concession. « La hiérarchisation des terroirs, c’est l’âme bourguignonne, introduit d’emblée le vigneron qui porte avec son équipe ce projet de premiers crus depuis une dizaine d’années maintenant et qui sera validé pour la récolte 2020. Vous allez changer le regard des amateurs de vins. Et je suis convaincu que dans le Beaujolais, des crus peuvent prétendre à ces premiers crus. Mais c’est un projet à long terme, qu’il faut construire en revendiquant déjà les lieux-dits et en étant fier. Car l’Inao ne crée pas, elle reconnaît. Il faut le nourrir d’éléments d’usages, de notoriété, etc.», indique le président. Le cru pouilly fuissé, dont la superficie s’étend sur 800 ha, est allé de l’avant sur ce projet, en faisant marche arrière aussi, notamment sur la délimitation des futurs climats. « Forcément, il y a eu des débats entre nous. Nous étions partis sur un premier tracé de 100 ha. Et finalement, nous aurons 22 premiers crus pour une surface de 193 ha. Le cahier des charges comptera aussi. Il faudra faire des efforts. Nous-mêmes avons inclu une dimension environnementale en interdisant le désherbage chimique dans les premiers crus », illustre-t-il. Enfin, Frédéric Burrier conseille aux vignerons du cru fleurie de s’approprier leur projet, en faisant preuve d’ambition, sans se soucier du regard des autres vignobles. « Soyez opiniâtres et solidaires. C’est un projet qui ne va pas envenimer les relations entre viticulteurs. Au contraire, elles se sont renforcées au sein de notre appellation. Et les vignerons ont adhéré, à l’image de notre assemblée générale qui réunissait 210 viticulteurs sur les 250 du cru. Et 94 % d’entre eux avaient voté en faveur de la délimitation proposée », conclut-il.