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Nico et Lucky, champions de France !

La finale du championnat de France de chiens de berger sur brebis s’est déroulée du 30 septembre au 1er octobre à Sévérac-d’Aveyron (Aveyron). Nicolas Fournier, éleveur de brebis laitières sur les hauteurs de Lamastre (Ardèche), s’est vu décerner le premier prix.

Nico et Lucky, champions de France !
Lucky en pleine démonstration de l'une des épreuves du concours chien de troupeau. ©C_Dauchie

Tapi à l’orée du champ, Lucky, border collie de 8 ans, l’œil vif, les oreilles dressées, est suspendu à la parole ou au sifflement de son maître, attendant de détaler pour rejoindre les brebis.
À l’affût, rapide comme l’éclair, le chien tournoie très précisément au gré des ordres de Nicolas Fournier. Si cette danse millimétrée leur a permis de gagner le championnat national de chiens de berger sur brebis, l’histoire de l’éleveur et des chiens de troupeaux débute bien des années plus tôt.
Avant de créer la ferme « Les Bergers de Chaupous » en 2010, Nicolas Fournier engrange huit ans d’expériences en tant que berger sur différents alpages. « Mon premier alpage, je l’ai fait avec un jeune rottweiler, je ne savais pas utiliser les chiens. Mais j’ai vu d’autres personnes y arriver, alors je me suis dit, pourquoi pas moi ? » L’éleveur se met en quête de chiens appropriés à ses besoins. « Avec Lucky, c’est une belle rencontre. C’est le premier chien que j’ai acheté pour sa génétique et ses aptitudes. »
L’éleveur tient à préciser : « Avant tout, c’était une nécessité au quotidien, c’est ensuite devenu une passion. Cela conduit le berger à adopter un autre rapport à l’animal, on établit un trio. Je ne me vois pas travailler sans », avance-t-il, catégorique. « L’avantage, c’est qu’il n’y a pas besoin de faire des parcs, ni besoin d’une tierce personne, le chien nous fait gagner en autonomie. »

Les concours pour transmettre

Si l’éleveur de Lamastre s’est lancé dans l’aventure des concours, c’est avant tout par « envie de progresser dans ma passion et de transmettre. C’est aussi une vitrine de notre métier, pouvoir montrer que c’est possible d’être agriculteur et champion de France de chiens de troupeau. Pour utiliser un chien de troupeau et qu’il soit utilisable sur la ferme, les chiens doivent être dressés deux heures par semaine sur une année, pour ensuite une dizaine d’années de service », relève le champion de France. Le concours national est composé de trois niveaux.
« Pour accéder au championnat de France, sont sélectionnés les dix-huit concurrents ayant obtenu les meilleurs classements sur des concours qualificatifs de l’année précédente », stipule le champion. « Quand on arrive, on ne connaît pas le parcours. Un lot de 35 brebis nous est attribué. L’épreuve dure environ 35 minutes et consiste en différents exercices. Le chien doit trier, rechercher les brebis à 200 mètres, revenir dans le calme, monter en bétaillères, etc. » Tout autant d’épreuves qui représentent le travail à la ferme au quotidien. Trois juges désignent le gagnant. Le pointage du week-end s’ajoute aux points déjà engrangés précédemment.
Nicolas Fournier l’assure, il participera l’année prochaine à nouveau au concours, prévu à Chartres, cette fois-ci avec un chien de trois ans, « né et élevé à la ferme. » 

Marine Martin

Dresser des chiens de berger, une passion
Nicolas Fournier et son chien Lucky sont champions de France de chiens de berger, consécration de longues années de travail. ©C_Dauchie

Dresser des chiens de berger, une passion

« Nous vendons les chiens uniquement pour une utilisation agricole, mais sûrement pas en chien de compagnie », précise Nicolas Fournier. « Lorsque nous vendons un chiot, nous proposons des initiations de ‘‘mise au troupeau’’ pour le chien et le berger. Le but, c’est qu’en quelques séances, les bergers acquièrent les codes, une méthode pour communiquer avec leur chien. C’est un travail de confiance et de respect. On commence par travailler en cercle pour éveiller les aptitudes du chiot. Le border collie a un très fort instinct de prédation. L’éleveur doit devenir le référent de son troupeau et servir de refuge pour les brebis. C’est un véritable trio à construire. »
Démocratiser l’utilisation des chiens de berger, tel est le credo du couple. « Les éleveurs peuvent se faire accompagner par des associations de chiens de berger ou par la chambre d’agriculture pour l’acquisition de chiens. Nous souhaitons montrer que l’on peut être autonome avec un petit troupeau.
Ce n’est pas une utopie et ce même en s’installant hors cadre familial. » Un message positif pour l’agriculture et les futurs installés de demain. 

“ Les Bergers des Chaupous ”, une ferme ouverte
Pour Carole et Nicolas Fournier, le chien de troupeau est un facilitateur de vie. ©AAA_MMartin
EXPLOITATION

“ Les Bergers des Chaupous ”, une ferme ouverte

Juchée sur les hauteurs ardéchoises entre Lamastre et Nozières, la ferme « Les Bergers des Chaupous » s’étale sur 20 hectares, pour un cheptel de 50 brebis. « 24 sont en laitière, l’autre partie, c’est pour la viande », détaille Nicolas Fournier, installé depuis 2010 avec sa compagne Carole et leurs enfants.

Après huit ans d’alpages, le projet de créer une exploitation à leur image prend forme. La reprise d’une exploitation hors cadre familial en Ardèche les décide à poser leurs valises sur le territoire. S’installer oui, mais pas à n’importe quel prix. Nicolas et Carole ont à cœur de vivre en harmonie avec leurs valeurs. Ancienne animatrice nature, l’éleveuse souhaite conserver un lien social en ouvrant les portes de leur ferme. « On accueille entre 2000 et 3000 visiteurs par an », chiffre-t-elle. Le projet prend forme en intégrant également un atelier de transformation sur l’exploitation.
De son côté, depuis qu’il est devenu berger, Nicolas s’est pris de passion pour l’élevage de chiens de troupeau. C’est tout naturellement qu’il ajoute une corde à son arc et devient éleveur de chiens, qu’il revend à des agriculteurs. « Avec les visiteurs, on montre comment on travaille en réalisant des démonstrations de chiens de troupeau. » Trois hectares de châtaigniers viennent compléter les activités du couple. Nicolas et Carole Fournier transforment et vendent directement leur production à la ferme : « nous proposons trois sortes de fromages, des yaourts, de la confiture de lait, des glaces ». Le panier est varié. «Après des débuts difficiles, nous arrivons désormais à bien valoriser nos produits. Nous produisons 8000 litres de lait par an, transformés à la ferme. Au 15 août, lorsque la lactation se termine, on a tout vendu », se réjouit Carole Fournier.
Complémentaires, ils se partagent les tâches du quotidien tout en s’entraidant. Leur force, ils la tirent de leur union. « Si Carole ne s’occupait pas de la transformation, je n’aurais pas le temps de dresser les chiens », concède Nicolas Fournier. Dans cette équation, s’ajoutent leurs chiens, qu’ils considèrent comme des « facilitateurs de vie », pour travailler en symbiose. 
M.M.