Viticulture
Amendements organiques : clé de la fertilité du sol
Le 17 octobre, la distillerie du Beaujolais a accueilli vignerons et professionnels lors d’une matinée organisée par la fédération des caves coopératives du Beaujolais. Les participants ont pu visiter les installations et assister à des interventions sur l’importance de la matière organique pour les sols. Cette rencontre a permis de découvrir les enjeux environnementaux ainsi que les solutions visant à améliorer la fertilité des sols tout en valorisant les sous-produits de la distillation.
Lors d’une matinée organisée par la fédération des caves coopératives du Beaujolais, la distillerie du Beaujolais a ouvert ses portes aux vignerons et professionnels de la vigne pour une exploration approfondie de ses installations et une série d’interventions sur l’importance de la matière organique dans les sols viticoles. L’événement a offert un aperçu complet des enjeux environnementaux et des innovations dans la filière, ainsi que des solutions proposées pour améliorer la fertilité des sols tout en valorisant les sous-produits de la distillation.
Visite de la distillerie : un modèle d’économie circulaire
La matinée a débuté par une visite guidée des installations, menée par Philippe Terrollion, dirigeant de la distillerie. Située à Villefranche-sur-Saône, puis déplacée à son emplacement actuel, la distillerie traite chaque année entre 35 000 et 38 000 t de marc de raisin, sous-produit des caves de la région, pour en extraire de l’alcool à 92°. Cet alcool, destiné principalement à la production de biocarburants, illustre parfaitement le rôle essentiel de la distillerie dans la régulation des excédents de la production viticole.
Comme l’a souligné M. Terrollion, « notre objectif est d’augmenter les surfaces de traitement pour pouvoir gérer jusqu’à 55 000 t de marc ». En outre, l’acide tartrique, autre sous-produit du marc, est également extrait et valorisé, avec une partie envoyée vers les industries italiennes et espagnoles pour divers usages. La distillerie s’inscrit ainsi dans une démarche d’économie circulaire, où chaque sous-produit trouve une utilité, que ce soit dans la cosmétique, la biomasse ou l’agriculture.
Le Club UVA Terra : une solution innovante pour les viticulteurs
Ensuite, Charles Puech, directeur agrofourniture chez Timac Agro et président du Club UVA Terra, a présenté l’association entre son entreprise et l’union des distilleries de la Méditerranée. Fondé en 2020, UVA Terra est né du besoin de valoriser les matières organiques issues des sous-produits viticoles. Cette union a permis de créer des solutions innovantes en matière de fertilisation, basées sur une approche durable et circulaire.
« Nous avons développé une gamme de composts et d’amendements organiques issus des marcs de raisin, qui permettent de restituer de la matière organique aux viticulteurs tout en améliorant la fertilité de leurs sols », a expliqué Charles Puech. Cette initiative se traduit par une remise de 15 € par t de compost livré entre août et juin, ainsi que par des formations et diagnostics agronomiques gratuits pour les membres du club.
L’importance de la matière organique dans les sols viticoles
Jean-Yves Cahurel, ingénieur à l’IFV Sicarex, a ensuite pris la parole pour illustrer l’importance de la matière organique dans la fertilité des sols. À travers des expérimentations menées depuis plus de dix ans, il a montré que l’apport de composts organiques permet non seulement d’enrichir le sol en nutriments essentiels comme l’azote et le phosphore, mais aussi de favoriser la structure et la rétention d’eau des sols.
Dans le Beaujolais, où les taux de matière organique sont particulièrement faibles, les effets sont significatifs : « nous avons constaté une augmentation de plus de 50 % de la matière organique vivante dans certaines parcelles traitées avec du compost de déchets verts », a expliqué Jean-Yves Cahurel. Il a également insisté sur le rôle du carbone dans le sol, essentiel pour la nutrition des plantes et la stabilité des sols. La matière organique agit en tant que véritable régulateur naturel, limitant l’érosion et stockant le carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Pilotage de la fertilisation et approche économique
Enfin, Caroline Le Roux, référente technique à la fédération des caves coopératives du Beaujolais, a clôturé la matinée en présentant des outils de pilotage pour optimiser la fertilisation des sols. Elle a notamment mis en avant le plan de fumure, un outil permettant d’adapter les apports en fonction des besoins spécifiques de chaque parcelle.
« Le diagnostic visuel des vignes, combiné à des analyses de sol régulières, est crucial pour une fertilisation raisonnée », a-t-elle expliqué. L’analyse de sol, recommandée tous les quatre ans, coûte entre 100 et 150 € et constitue une base essentielle pour tout nouveau projet de plantation. Le plan de fumure prévisionnel, qui sera disponible pour les viticulteurs dès 2025, leur permettra d’optimiser leurs apports en amendements organiques et minéraux tout en réduisant les coûts.
Cette matinée à la distillerie du Beaujolais a mis en lumière l’importance de la gestion des sous-produits viticoles et de la matière organique pour la durabilité de la viticulture. À travers l’engagement des acteurs, une économie circulaire prend forme, avec des solutions concrètes pour réduire l’empreinte environnementale de la filière tout en augmentant la fertilité des sols viticoles. Comme l’a résumé Charles Puech, « il est essentiel de rendre à la terre ce qu’elle nous a donné, en valorisant chaque ressource pour nourrir les vignes de demain ». Cette matinée a ainsi permis aux participants de mieux comprendre les enjeux de la matière organique et les solutions innovantes proposées pour une viticulture plus respectueuse de l’environnement.
Charlotte Favarel