Vendanges
2021, malgré tout…

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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Du Nord au Sud du département, le bilan des vendanges est mitigé. Si la quantité manque cruellement suite aux aléas climatiques, la qualité elle est au rendez-vous.

2021, malgré tout…

Au marché aux vins de Fleurie, les vignerons du Beaujolais affichaient des sourires synonymes de soulagement. Parce que le public avait répondu présent à la salle des sports. Mais aussi parce que les vendanges, tardives cette année, étaient terminées, achèvement d’une campagne 2021 atypique et inédite, loin des standards des derniers millésimes. Car après des étés caniculaires et secs, 2021 a laissé beaucoup (trop) de place au froid et à l’humidité, engendrant des cadences de travail plus importantes pour entretenir les vignes jusqu’aux vendanges. « La météo ne nous a effectivement pas gâtés. Nous étions tous un peu soulagés que ça soit fini et nous avons envie de passer à autre chose », commentait Guillaume Manin, président de la cave coopérative de Fleurie, dans les allées du marché aux vins.

Petite récolte…

C’est effectivement beaucoup de temps passé à la vigne pour une récolte historiquement faible sur l’ensemble du vignoble, avec de l’hétérogénéité selon les secteurs plus ou moins touchés par les aléas climatiques durant le printemps et l’été. Le gel d’abord en avril, puis la grêle à plusieurs reprises en juin et juillet sur des zones plus ou moins étendues (beaujolais villages). Et pour couronner le tout, une pression sanitaire forte (mildiou, pourriture, etc.) et parfois difficilement gérable. « Mais les viticulteurs ont fait le nécessaire », note Nina Chignac, conseillère en viticulture à la chambre d’agriculture.
« Habituellement, nous produisons environ 19 000 hl de vin. Cette année, il nous manque un tiers de volume. Nous avons perdu de la récolte sur certains secteurs comme moulin-à-vent et fleurie. Des coopérateurs ont été mieux lotis que d’autres, avec de bonnes surprises sur certains lieux-dits de Fleurie par exemple », nuançait le président de la cave coopérative de Fleurie. Toujours sur la commune, Sylvain Paturaux au domaine des Deux fontaines résume la situation à sa manière : « il n’y a pas eu de miracle. On peut dire qu’on a fait une demi-récolte ».
Laurent Duc, vigneron associé au domaine des Duc à Saint Amour confirme une récolte variable selon les crus. « À saint-amour, nos parcelles ont bien résisté, pour une récolte satisfaisante en volume. En revanche, nos vieilles vignes en chénas ont souffert du gel. Nos blancs aussi, pour un rendement très faible, entre 10 et 15 hl/ha. Globalement, la vigne a eu du mal à encaisser ces excès d’eau, surtout après plusieurs années consécutives de sec. Il a fallu gérer les maladies comme le mildiou. On a d’ailleurs fait le choix d’érafler. »
À Bully, Thierry Sothier avoue avoir été surpris dans le bon sens pour l’appellation coteaux-du-lyonnais dont il est le référent pour la coopérative. « Dans le secteur, nous avons eu de la pluie au tout début des vendanges permettant de faire gonfler les raisins. Il a ensuite fait beau et sec derrière. Nous devrions faire une moyenne d’une quarantaine d’hl/ha en rouge, une trentaine en blanc. Toutefois, c’est très hétérogène selon les secteurs du fait des aléas climatiques qui ont fortement touché des viticulteurs », souligne le représentant de la cave coopérative.

….belle qualité

Sur le plan de la qualité des futurs vins du millésime 2021, on préfère voir le verre à moitié plein. Loin de la puissance de précédents millésimes comme 2020, ce nouveau millésime s’annonce « typiquement beaujolais ». « Pour le moment, ça goûte bien. C’est fruité, flatteur et sympa à déguster. Malgré l’année difficile, nous aurons plaisir à servir nos 2021. Ce millésime aura son style ». Si des opérateurs ont eu recours à la chaptalisation, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps, les vinifications se sont déroulées sans encombre. « Les fermentations alcooliques
et malolactiques se sont bien enclenchées. Cette année est plus facile à vinifier qu’un millésime chaud », reconnaissait Sylvain Paturaux. En coteaux-du-lyonnais, à Agamy, Thierry Sothier patiente. « Nous avons eu pas mal d’acide malique. Il est encore trop tôt pour en parler. Toutefois, nous pouvons affirmer que c’est net et droit. Il n’y a pas de déviation. Nous sommes sur les fruits noirs. Ce qui est sûr c’est que nous aurons un millésime très sympathique qui devrait se trouver, nous l’espérons, entre les millésimes 2019 et 2020. Nous avons fait une cuvaison très longue, nous devons encore être patients mais il y en aura pour tous les goûts, rendez-vous dans deux mois », conclut le référent coteaux-du-lyonnais à Agamy.

David Duvernay et Marie-Cécile Seigle-Buyat