EXPÉRIENCES
Confiance mutuelle

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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Placés sous le signe des témoignages, pendant cinq jours salariés et employeurs ont partagé leurs expériences avec la centaine de visiteurs. Des témoignages forts et riches en enseignements.

Confiance mutuelle

L’agriculture est un monde qui fascine autant qu’il interroge. Pourtant, le renouvellement des générations est un enjeu d’avenir et les bras risquent de manquer demain. Alors pour montrer à la centaine de visiteurs qui s’est déplacée pendant la semaine du salariat agricole toute la diversité d’emplois qu’offre le monde agricole, Graine d’emplois a misé sur les témoignages de salariés et d’employeurs. Un duo dont l’harmonie est basée sur la confiance mutuelle. Amélie Fillon est salariée depuis avril 2020 à L’Étable glacée dirigée par Denis Poncet qui a ouvert ses portes lors de la Semaine. Elle le dit, il faut « savoir faire des compromis » à la fois côté employeur et salarié. « Nous transformons notre lait [NDLR : le reste est livré à Biolait] en yaourts, crèmes desserts, glaces, beurre… les lundis et mardis, les mercredis je m’occupe des livraisons sur Lyon et quand il n’y a pas de glaces à faire, je ne travaille pas les jeudis et vendredis. Aujourd’hui, il me laisse du temps car je suis en train de rénover ma maison, c’est un compromis que nous avons trouvé ensemble. En revanche, quand il aura besoin de moi pour la fabrication des bûches glacées à Noël, je travaillerai les jeudis et vendredis. » C’est aussi une question d’échanges. Thierry travaille à L’Étable glacée depuis 2018. Cet ancien agriculteur qui souhaite aujourd’hui terminer sa carrière comme salarié le reconnaît : « avec Denis, nous nous entendons très bien. Nous échangeons sur nos expériences mutuelles. Je travaille comme si c’était pour moi. C’est pareil avec Amélie on se complète ». Une vision partagée avec leur patron, Denis Poncet. Connaître ses employés et leur faire confiance est pour lui en effet primordial. « Il faut trouver les personnes avec qui l’on se sent bien. Il faut qu’il y ait de l’entente et que chaque partie fasse des compromis pour que ça dure ! »

Donnant-Donnant

Alain Berger (57 ans) est lui aussi persuadé qu’« entre un patron et un salarié, ça doit être donnant-donnant. Il faut absolument comprendre qu’un employeur a besoin d’un salarié et vice-versa. J’essaye de bien les rémunérer pour les garder, même si ce n’est pas évident et suffisant car certains nous quittent. S’ils m’accompagnent sur le terrain, il faut aussi leur laisser prendre des initiatives ». Alain Berger, qui possède des vignes avec son épouse, est d’autant plus convaincu qu’il a été salarié pendant dix-sept ans et qu’il emploie depuis cinq ans des saisonniers via Agri emploi 69 pour son entreprise de travaux agricoles et viticoles qu’il a créé en 2011.
Non issue du milieu agricole mais intéressée par la viticulture, Iona Spraggins (24 ans) s’est occupée des plantations de vignes pour Alain Berger. « J’avais vu passer sur un réseau social qu’un domaine recherchait des salariés pour relever la vigne. D’autres candidats avaient répondu à l’offre avant moi. C’est finalement Agri emploi 69 qui m’a proposé un autre poste chez Alain Berger. C’est parfois répétitif et physique. Mais l’important, c’est d’être motivée, de montrer de l’intérêt dans ce qu’on fait et avoir la confiance de son employeur. Le salariat, c’est top car on peut faire des rencontres. C’est justement ce que je recherchais pour développer mon réseau professionnel pour mes futures activités dans le conseil. »

D. D. et M.-C. S.-B.