Cru chénas
Protéger et promouvoir l’appellation

Charlotte Favarel
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Changement partiel de présidence, suivi méthodique de la flavescence, réflexion à long terme sur le type de taille… Le cru chénas, qui a tenu son assemblée générale le 19 avril dernier, compte bien stabiliser son appellation et faire valoir sa qualité.

Protéger et promouvoir l’appellation
Si le millésime à venir s’annonce bon, trouver du personnel saisonnier reste un problème partagé. Crédit : ODG des crus

En coprésidence avec Guillaume Bouchacourt, Pierre-Yves Perrachon a profité du rapport moral pour annoncer son départ de la présidence lors de l’assemblée générale du cru chénas, le 19 avril dernier. Présent depuis plus de vingt ans au cru, il a été remercié pour s’y être consacré. C’est avec Alain Bataillard que Guillaume Bouchacourt coprésidera dorénavant. « Bien sûr, Pierre-Yves restera un membre actif du conseil d’administration », rassure Guillaume Bouchacourt.

Vigilance concernant la flavescence 

Avec un résultat positif, le cru chénas se porte bien. La protection de l’appellation porte ses fruits parce qu’en 2022, les visites vignes sur 20 ha n’ont fait remonter aucun signalement. « C’est plutôt bon signe, s’enthousiasme le coprésident. Ça prouve que les opérateurs respectent le cahier des charges. » Changement d’ambiance concernant la flavescence. À cheval sur deux départements, le cru exerce deux gestions différentes concernant la maladie. « Pour le Rhône c’est l’ODG des crus qui encadre et côté 71, c’est la CAVB. La Fredon n’a pas le même protocole », indique Guillaume Bouchacourt. Il se dit inquiet pour l’année à venir : « on a eu une explosion l’année dernière et on sait que la maladie progresse rapidement. Il faut bien respecter les mesures en place, bien nettoyer la rogneuse et enlever toutes les feuilles pour éviter la dissémination, être présent aux prospections et arracher les ceps malades ». Si trois traitements sont obligatoires pour le cru, Guillaume Bouchacourt indique que la Fredon a déjà repéré des ceps atteints cette année. « Comme il peut y avoir jusqu’à deux ans d’incubation, les symptômes qu’on a vus l’année dernière peuvent être des pieds qui ont été atteints en 2020. On s’attend à une explosion cette année », s’inquiète-t-il.

En 2022, plusieurs événements ont permis au cru de se faire connaître. « En mai 2022, nous avons eu Rive droite Rive gauche, avec une cible professionnelle de cavistes, restaurateurs, revendeurs, journalistes. » En plus de plusieurs autres dégustations organisées, le cru chénas partage avec celui de régnié une problématique commune : « Le repli est un gros inconvénient. Quand un négociant nous achète du vin en vrac, s’il sort de nos cuves en appellation chénas, à l’assemblage, il n’est plus chénas, regrette Guillaume Bouchacourt. On est la plus petite appellation déjà donc on travaille dessus ».

Vers une ouverture de la taille guyot ?

Si l’idée a émergé lors d’un conseil d’administration, « la possibilité de tailler en guyot, sans obligation, permet d’anticiper. Dans la dernière décennie, nous avons eu beaucoup de vins alcooliques avec une acidité basse, ce qui peut engendrer des problèmes au niveau de la vinification. Tailler en guyot permettrait de produire un peu plus, on est l’un des crus avec le plus bas rendement. On sait qu’il y a une incidence de la taille sur l’acidité ». Si la demande doit d’abord passer devant le comité régional de l’INAO, le cru est engagé pendant plusieurs années pour monter le dossier et le justifier.

Quoi qu’il en soit, le cru chénas reste optimiste pour la récolte des prochains mois. « On a eu une pluie qui tombe doucement pour l’instant, on va croiser les doigts. C’est plutôt une année précoce mais on part sur un bon millésime si la nature continue ainsi. »

Charlotte Favarel

Chiffres clés du cru chénas en 2022

  • 215 ha de surfaces récoltés
  • 132 récoltants
  • 2,2 ha renouvelés en 2021-2022
  • 7814 hl de récolte

Surface des 10 lieux dits chénas les plus utilisés selon la surface.