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Annuler ou maintenir ? Le casse-tête du pass sanitaire

Simon Alves
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Le pass sanitaire est désormais systématiquement réclamé pour les événements rassemblant de nombreuses personnes. Si certaines célébrations dans le Rhône parviennent à se maintenir, d’autres ont dû se faire une raison.

Annuler ou maintenir ? Le casse-tête du pass sanitaire
©Facebook "Une journée comme autrefois"

"C’est avec tristesse et résignation, malgré une préparation déjà bien avancée, que nous avons pris la décision d’annuler notre « Journée comme Autrefois » du dimanche 5 sep­tembre 2021 ". Laconique, le message a été posté le 1er août dernier sur la page Facebook de l’événement censé se dé­rouler à Saint-Jean de Touslas. Chaque premier week-end de septembre depuis les années 1880, la célébration des mé­tiers d’antan et de l’agriculture attire plusieurs milliers de personnes dans le coeur du village. Mais pour la deuxième année consécutive, il faudra se passer des artisans, activités, jeux et autres matériels agricoles qui fleurissent dans chaque rue. « L’an dernier, nous n’avons pas pu l’organiser à cause de la covid, rappelle Bernadette Pingon, secrétaire de l’association d’éducation populaire (AEP) de Saint-Jean de Touslas, qui initie l’événement. Cette année, le pass sani­taire rend la chose compliquée. » Comme de nombreux organisateurs de rassem­blements, l’AEP a attendu jusqu’à la der­nière minute de savoir quelles seraient les conditions d’application du pass sani­taire. « Une épée de Damoclès », comme le présente Bernadette Pingon, et qui a plané au-dessus de la tête des adhérents comme des bénévoles.

Une configuration inadaptée à Saint-Jean-de-Touslas 

Avec entre 5000 et 6000 personnes attendues pour célébrer l’événement, les organisateurs n’avaient pas le choix. Mais la configuration même de la fête rendait impossible toute adaptation. « Le rassemblement se déroule dans tout le village, précise la secrétaire. C’était impossible de le repenser autrement. Il aurait fallu l’organiser dans un pré ou un espace que l’on aurait pu clôturer pour contrôler les entrées. Mais cela aurait trop réduit notre fête et ça n’aurait plus eu d’intérêt. » Forcément, cette annulation a ses conséquences, surtout quand il s’agit de la deuxième en autant d’an­nées. Sur le plan social, la « Journée comme autrefois » tisse un lien impor­tant sur cette petite commune de moins de 1000 habitants. Et si l’association n’a pas engagé de frais, le fait de ne pas générer de recettes demeure pénali­sant. « Nous sommes propriétaires de la salle des fêtes et du chapiteau où l’on entrepose notre matériel, indique Ber­nadette Pingon. Déjà qu’il n’y a pas eu de location en l’absence de mariages depuis plusieurs mois, il faut aussi que l’on en­tretienne ces bâtiments. » Face au risque sanitaire, l’association estime « prendre conscience » des contraintes imposées et donne rendez-vous aux amateurs de l’événement en 2022.

La Fête de l’agriculture tient bon 

Le Rhône aura en revanche bien sa Fête de l’agriculture en 2021. L’événement, qui doit se dérouler le 5 septembre prochain à Sainte Consorce, n’imitera donc pas l’Isère, l’Ardèche et le Puy-de- Dôme. Trois départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes où les Jeunes agriculteurs ont en effet décidé de jeter l’éponge face au défi que représentait une telle organisation. Dans un com­muniqué paru le 5 août dernier, le syn­dicat isérois a pour sa part jugé que « les conditions souhaitées ne sont pas réunies pour nous permettre d’accueillir le public et les partenaires. » À contrario donc, le Rhône offrira son moment de convivialité aux agriculteurs et visiteurs d’un jour. Pour accéder aux 10 ha de terrain clôturé du chemin de Montchausson, le pass sanitaire sera évidemment obligatoire. Les bénévoles qui se tiendront à l’entrée seront équipés pour pouvoir flasher les QR codes. Ceux qui n’auront pas encore réalisé le parcours vaccinal complet ne seront en revanche pas laissés pour compte. Les organisateurs ont obtenu la présence d’une infirmière pour réa­liser des tests à l’entrée. Celle-ci sera présente de 9 h à 17 h, pour proposer des tests rapides qui donneront leur ré­sultat en 15 minutes. Ils seront gratuits, à condition que les visiteurs apportent leur carte vitale.

Le Beaujolais s’est adapté 

En Beaujolais, l’adaptation a déjà eu lieu dans le cadre du festival estival « Beaujolez-vous ». L’ensemble des animations a dû se soumettre à l’ins­tauration du précieux sésame. « Il y a eu une période de flou, avec au départ un doute pour la mise en place sur les marchés », confie Destination Beaujolais. À Chiroubles, pour les concerts des Es­tivales de la Terrasse chaque mercredi de l’été, la différence s’est faite sentir. « Entre juillet et août nous avons eu 25 % de population en moins, confiait-on à la Maison du Cru Chiroubles. Nous avons aussi dû réduire à deux accès l’entrée du bâtiment et rajouter quatre bénévoles de 18 h à 22 h 30 pour contrôler les pass. » À l’Espace des Brouilly de Saint Lager, qui accueillait des quiz chaque vendredi, le bilan est « moins défavorable que ce qu’on pensait », selon le président des l’établissement Franck Tavian. Instau­ré depuis le 21 juillet, le pass sanitaire n’a engendré que peu de désistements, même si la fréquentation a été divisée par deux avec régulièrement 150 parti­cipants. « Il a fallu adapter les lieux sous la Halle en fermant un côté et mettre deux personnes pour contrôler l’accès, mais on n’aurait pas parié garder autant de monde », conclut le viticulteur.