Dix châteaux embarquent pour une aventure collective : faire découvrir les richesses historiques, vitivinicoles et paysagères du Beaujolais. L’association Châteaux en Beaujolais propose un carnet de route de Lachassagne à Juliénas à travers cuvages, chais, vignes et voyage dans le temps.
« Cette association est avant tout une aventure collective, représentant un engagement financier et humain des 10 châteaux la composant », introduit Fabienne Vilain, présidente de l’association et propriétaire du château Champ-Renard, lors de la conférence de presse organisée le 12 mai dernier dans sa propriété. L’association a été créée en mars 2022 et le constat est là : « le Beaujolais est une région viticole riche d’histoire où sont implantés plus de 300 châteaux, maisons et demeures bourgeoises. Les visiteurs sont avides de ces découvertes patrimoniales historiques. Et pourtant, aucune offre œnotouristique ne permet de lier les deux. » L’objectif se dessine : valoriser l’activité oenotouristique des domaines viticoles tout en faisant connaître l’histoire du Beaujolais et la qualité des vins des 12 appellations.
Valoriser chacun avec singularité
Certaines valeurs primordiales structurent l’association : la réussite collective, « promouvoir ensemble les châteaux en Beaujolais et partager une passion commune avec un sens du service et de l’excellence ». Mais n’est pas admis qui veut, certains critères répondant à un cahier des charges ont leur importance : être un château qui possède un domaine viticole avec une offre œnotouristique permanente et organiser presque toute l’année des visites commentées et guidées. Il faut aussi que les visites intègrent l’histoire singulière de chaque lieu.
Un carnet de route
Grâce à un itinéraire précieusement ficelé, le carnet de route permet de découvrir les dix châteaux au gré des envies. Chaque château de l’association a à disposition le petit livret de présentation des dix structures de l’association avec une visite typique, que les visiteurs peuvent faire tamponner. Il est aussi disponible dans les offices de tourisme et lieux touristiques majeurs du Beaujolais. « Dès la deuxième visite, un privilège est offert aux détenteurs du carnet : que ce soit un accès à des endroits secrets ou des dégustations de vieux millésimes. » Avec un site Internet entièrement dédié à cette offre œnotouristique, l’association compte en faire un point d’entrée central des touristes sur le territoire.
- Propriété de la famille Condemine depuis 1907, la partie centrale du château de Juliénas date de 1580. L’exploitation de 40 ha est passée en agriculture biologique depuis l’année dernière. « On a lancé l’œnotourisme il y a quinze ans sur le domaine, avec la proposition d’une visite », explique Thierry Condemine. Aujourd’hui, tout a évolué : différentes visites se sont greffées avec dégustations et pique-niques au rendez-vous.
- Si des seigneurs, comtes, écuyers, héritiers et mousquetaire du Roi Louis XV ont été propriétaires du château de Poncié, « il se consacre aujourd’hui à l’excellence des grands domaines », précise Marion Fessy, directrice générale. Le domaine de 42 ha est en agriculture biologique et engagé en agroforesterie depuis 2016. Les gammes reflètent les territoires, une diversité de vins qui vont de la simplicité à l’excellence. Entre chasses au trésor, dégustations et balades en vélos électriques, le choix est large pour découvrir ce joyau patrimonial.
- Récemment ouvert au public, le château des Jacques possède un domaine de 69 ha. Les caves voûtées datant du XVIIe siècle servaient de gîte pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Le patrimoine immatériel de 1924, époque durant laquelle Amédée Rousseau passionné de vins, ambitionne de faire de l’excellence, se voit encore. Une belle parenthèse qui rend honneur à l’ancienne capitale de la fabrication des futs de chêne qu’était le Beaujolais. De l’itinéraire de vinification en cave, jusqu’à la dégustation de vins anciens, le château des Jacques fait découvrir comment le beaujolais peut vieillir.
- Quelques 80 ha répartis sur plusieurs appellations composent le domaine du château de Corcelles, faisant de l’exploitation « une mosaïque de terroirs et de gammes différents », illustre Sébastien Kargul, directeur. Édifié sur une ancienne forteresse médiévale, le château est connu pour son patrimoine foncier. « Il a été détruit et reconstruit au XVe siècle. » Aujourd’hui, mariages et séminaires redonnent vie au bâti et à l’ancien chai. Des visites patrimoniales et des dégustations accompagnées y sont proposées.
- Datant du XIXe siècle, le château Bellevue porte bien son nom. Agrémenté d’un parc à l’anglaise de plus de 3 ha, quelques arbres centenaires se trouvent le long d’un sentier découverte. S’il a appartenu à l’un des descendants des frères Lumière, c’est la maison Jean Loron qui en est propriétaire depuis 2009. 21 ha sont vinifiés au chai. Plusieurs visites sont possibles, de la patrimoniale faisant escale à la cour du château, à la viticole qui traverse la cave centenaire et montre l’identité de chaque terroir dans le cuvage, où la vinification parcellaire a pris place.
- Si Mathilde Courbe, nièce d’Auguste Solet, hérita du château des Ravatys au XIXe siècle, elle le fit évoluer pour la bonne cause. « Pendant la Première Guerre mondiale, il fut un hôpital militaire, puis une école de formation à la viticulture. On y voyait aussi des cours de couture », partage Séverine Rizzo, chargée d’œnotourisme. C’est en 1937 qu’elle lègue le château à l’institut Pasteur jusqu’en 2020, où la famille Lavorel le rachète. Avec 36 ha, le domaine viticole se lance entièrement dans la conversion à l’agriculture biologique. Une visite guidée avec dégustation est possible, du clos du château au cuvage et caves souterraines voutées, en profitant du parc de 22,5 ha composé de cèdres de plus de deux-cents ans.
- S’il date de 1676, le château de La Chaize a été signé par un architecte du château de Versailles. « Mon oncle en a hérité en 2017. Depuis, on a entamé des démarches environnementales sur le domaine avec une certification en agriculture biologique sur le cru brouilly, trois autres appellation rejoindront la certification en 2025 », retrace Boris Gruy, directeur d’exploitation. Avec l’installation de ruches pour favoriser la pollinisation d’arbres fruitiers, plusieurs nichoirs, la plantation de haies et l’enherbement des vignes, le domaine de 150 ha voit plus loin. La visite permettra d’explorer la plus longue cave du Beaujolais, de 108 m de long, mais également les 50 foudres la composant.
- S’il a longtemps été un relais de chasse, le château de Nervers construit en 1780 change de fonction en 1830 avec l’arrivée d’Antonin Denoyel qui y établi sa famille. Pour le reste de l’histoire, le château propose une visite immersive rythmée par des interprétations théâtrales, costumes d’époque garantis, à la recherche des secrets du lieu. Sans oublier la dégustation du vin provenant des 50 ha conduits avec la certification HVE, Terra Vitis® et une partie en agriculture biologique en 2024.
- S’il servait de défense lors de son édification en 1250, le château de Champ-Renard est devenu la propriété de nombreux seigneurs et écuyers. Il faut attendre 1765 pour que la marquis d’Espinay-de-Laye le transforme en domaine viticole. « Au rez-de-chaussée se trouvent les anciennes caves », précise Fabienne Vilain. Propriétaires depuis 2014, Fabienne Vilain et Denis Garnier ont entamé de grands travaux de rénovation. Avec 7,5 ha de vignes cultivées en agriculture biologique, « nous avons le projet de planter 180 arbres et d’installer des ruches ». La visite retrace l’histoire du château en proposant un accord vin et chocolat dans les salons d’époque.
- Dans un clos de 60 ha dont 25 ha de vignes, le château de Lachassagne dispose de sols argilocalcaires et granitiques, lui permettant d’exploiter du gamay, du pinot noir et du chardonnay. Véronique et Olivier Bosse-Platière, propriétaires, gèrent l’exploitation avec un respect des terroirs. Certifiée Terra Vitis® et HVE depuis 2020, les vendanges sont faites manuellement. Côté visite, la vue panoramique depuis le parc sera l’endroit idéal pour retracer l’histoire du château. La découverte de la cuverie et la dégustation à l’intérieur du caveau seront un plus pour comprendre le travail vitivinicole.
Charlotte Favarel
Plus d’informations sur le site Internet de l'association.