La FNB plaide pour une meilleure organisation de la filière 
Congrès FNB : Rendez-vous le 5 et 6 février à Anse

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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La filière bovine n’a pas enclenché un mode plus vertueux de fixation des prix de la viande bovine à partir des coûts de production. C’est cette dynamique que la FNB veut mettre en œuvre lors de son congrès à Anse dans le Rhône, les 5 et 6 février prochains. 

Congrès FNB : Rendez-vous le 5 et 6 février à Anse

Contrairement au secteur laitier, aucune organisation de producteurs (OP) ne s’est saisie des outils inscrits dans la loi Egalim pour construire un prix à la production à partir des coûts de production et le proposer à leurs clients, y compris les distributeurs, déplore la Fédération nationale bovine (FNB), à quelques jours de son assemblée générale qui se déroulera à Anse dans la banlieue lyonnaise, les 5 et 6 février. Dans la viande bovine, le prix payé aux éleveurs continue d’être fixé « à l’ancienne », en remontant la filière, à partir des exigences de la grande distribution. Bref, la plupart du temps, les OP et les coopératives se font concurrence pour emporter le marché, plutôt que de se préoccuper du prix à payer aux éleveurs. « Le logiciel initié par la loi Egalim n’a pas été enclenché », constate amer, Bruno Dufayet, le président.

Stratégie perso

C’est ce que la FNB veut changer. Elle a décidé d’engager une réflexion en ce sens à son assemblée générale. « Il y a un déficit d’organisation de la filière, les OP pourraient se regrouper en association d’organisations de producteurs (AOP) et les coopératives pourraient mieux négocier pour aller chercher de la valeur et la faire remonter aux éleveurs », poursuit le président. Au final, les éleveurs pointent le manque de stratégie collective, y compris des coopératives pour peser dans la filière. Idem à l’exportation, les entreprises jouent trop souvent leur carte personnelle.  Il a fallu le voyage d’Emmanuel Macron en Chine, accompagné par des professionnels de la viande, en novembre dernier, pour développer un courant d’exportation. « Les entreprises se contentent trop de vendre de la matière première et non l’image de la France, ses races prestigieuses (la charolaise et la limousine…), son modèle d’élevage artisanal, l’attention portée à l’environnement et au bien-être animal », observe pour sa part Guy Hermouet, vice-président de la FNB. L’objectif est de porter à 50 000 tonnes/an l’exportation en Chine, sur de la viande bien valorisée. Même chose en Italie pourtant très demandeuse de broutards français. Les opérateurs se contentent d’écouler les animaux sans chercher à mieux les valoriser quand ils ne se font pas concurrence. Cette recherche de valeur, les éleveurs aimeraient également la trouver dans la montée en gamme et dans la segmentation du marché de la viande bovine, y compris sur le steak haché qui représente une bonne partie des ventes au détail. C’est notamment l’un des objectifs du plan filière de positionner le label rouge, reconnu pour ses qualités,  à 40 % de l’offre nationale française.

Forte décapitalisation

« Sans remontée des prix, la filière bovine risque de perdre pied et les éleveurs seront les premiers concernés », avertit Bruno Dufayet. Déjà 20 % d’entre eux sont en situation précaire et ils sont nombreux à cesser la production faute de revenu suffisant et de perspectives économiques encourageantes. Le président évoque « un plan social de 1 200 éleveurs par an ». Ce qui se traduit par une forte décapitalisation du cheptel allaitant. Selon la FNB, plus de 200 000 vaches allaitantes auraient disparu en cinq ans, accompagnant l’érosion des producteurs. Sans parler du vieillissement des éleveurs dont plus de la moitié est âgée de plus de 55 ans et pour beaucoup sans relève. Et ce n’est pas les accords de libre-échange qui vont changer la donne. Le Ceta avec le Canada monte en puissance, même si les volumes restent encore modestes, sans avoir été formellement ratifié. Le contingent d’importation pourrait atteindre 65 000 tonnes dans quelques années. L’accord avec le Mercosur est sur le point d’être finalisé à Bruxelles, même si le président de la République a indiqué que la France ne le signera pas « en l’état actuel ». Et que dire de l’accord en préparation entre l’Union européenne et l’Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande notamment) qui va nécessairement se traduire par l’octroi de nouveaux contingents de viande bovine. Selon l’Institut de l’élevage, les quelque 200 000 tonnes accordées aux uns et autres entraînent la disparition de 30 000 éleveurs et la perte de 50 000 emplois dans la filière. A contrario de tous les discours sur la qualité de la production européenne, ses normes exigeantes en matière sanitaire, d’environnement et bien-être animal, c’est de la viande issue de l’importation qui n’est pas soumise à toutes ces règles que les Français et les Européens vont avoir dans leur assiette.