Concours
Vitrine du Beaujolais, le gamay brille toujours

Charlotte Favarel
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Pour sa treizième édition, le concours international du gamay a réuni plus de 160 dégustateurs à la Cité internationale de Lyon le 14 janvier. Avec plus de 700 échantillons dégustés, le gagnant du trophée est encore du Beaujolais. Rendez-vous dans les coulisses de l’événement.

Vitrine du Beaujolais, le gamay brille toujours

Si l’extérieur paraît austère, une fois passé l’entrée G du centre de congrès de la Cité internationale, le brouhaha ambiant annonce les premières heures du concours international du gamay. Treizième édition oblige, près d’une quarantaine de tables de jurys sont dressées, avec tout l’attirail d’une dégustation d’exception. Crachoir, eau, pain, feuilles d’évaluation et stylos ornent les tables espacées derrière une salle vitrée. Café en main et les yeux observateurs, Reinier O. Broeks, participe pour la première fois au concours. « Je viens des Pays-Bas, je suis écrivain journaliste, lance-t-il avec un accent. Le gamay est représentatif des meilleurs vins du Beaujolais et je suis venu exceptionnellement. Je passerai par Fleurie pour rapporter des bouteilles et les faire déguster à des amis une fois rentré. »

Une histoire de rencontre

Au moment de l’installation, autour des tables se joue la rencontre des jurys. « Je suis un amateur et je n’ai fait qu’une fois le concours », se présente l’un. « Mon grand-père était vigneron et mon père gendarme », décrit l’autre. Toutes les nationalités se font entendre. À certaines tables, on parlera anglais. 9 h 30 sonne et Victor Gomez, directeur d’Armonia qui organise le concours avec Inter Beaujolais, introduit la matinée. « Aujourd’hui, vous êtes 168 dégustateurs et dégustatrices, vous aurez à déguster 729 échantillons. Ce concours a une place largement reconnue dans la profession, les meilleurs gamays sont de plus en plus prisés par les distributeurs, le trophée du meilleur gamay du monde est un formidable tremplin pour le lauréat mais aussi plus largement pour ce cépage. » La dégustation commence et le tintement des verres se fait dorénavant entendre. On se met d’accord pour gouter ou regoûter un vin, on nettoie son verre, on sent, on partage ses commentaires… Chaque jury dispose d’une fiche personnelle où il procède à la notation.

L’ouverture aux autres et à l’international

Pendant la dégustation, Victor Gomez revient sur la portée du concours. « On a tendance à oublier mais en France, on est consommateurs d’appellation alors qu’à l’international, ce n’est pas le même type de consommation. Les anglophones sont très portés sur le cépage. Le concours permet de communiquer sur le gamay, et de montrer que c’est un cépage qui correspond aux attentes, à savoir : un vin fruité, facile à boire. » Si l’idée de ce concours est de rendre le vin plus accessible, « ouvrir les concours aux amateurs permet d’apprendre sur le vin. On a fait le choix de ne pas avoir de président de table parce qu’on ne veut pas qu’il y ait une personne qui impose ses notes », ajoute le directeur d’Armonia. Il note d’ailleurs la présence de plus en plus de femmes dans les concours. « Pour le jury qui tranchera sur le trophée du meilleur gamay du monde, il est composé d’hommes et de femmes, professionnels et amateurs », précise Victor Gomez. Il partage aussi la valorisation pour le lauréat, « du jour au lendemain, le vigneron reçoit des tas d’appels. Non seulement ça met en lumière un domaine mais c’est aussi toute l’appellation en question qui en bénéficie. »

À chacun son avis

Dès 11 h, les premières tables ont fini la dégustation. Et chacun a son avis sur les vins goûtés à table, environ dix-huit. « Ce sont des vins de qualité pour la plupart, partage Nadine, amatrice éclairée qui participe au concours pour la cinquième fois. J’ai mis plusieurs notes au-delà de 92. » Annie, quant à elle, est une habituée des concours depuis trente ans. Œnologue à la retraite, elle est venue avec une ancienne stagiaire à elle. « Je trouve que certains vins ne sont pas encore à leur apogée, ils restent bloqués en fin de bouche », partage-t-elle. Un peu plus loin, Léonard Moncharmont participe pour la première fois, il est ravi. « C’est fou la diversité entre chaque cuvée, on a dégusté des chiroubles de 2022 et ils étaient tous différents en bouche », s’étonne-t-il. Apprenti à la cave Vinescence, il garde un très bon souvenir de cette dégustation. Une fois tous les jurys sortis, c’est un « grand jury » composé de femmes et d’hommes et de différents experts qui tranchera pour le trophée du meilleur gamay du monde. Deux sommeliers, un œnologue, un maître de chai et un amateur expérimenté ont dégusté les dix-huit vins qui ont reçu une note supérieure à 92. Et l’heureux gagnant est le côtede-brouilly 2020 du domaine Nicole et Romain Chanrion. « C’est un vin qui plaira à tout le monde avec une belle structure, une fraîcheur et une minéralité », témoigne le jury.

Charlotte Favarel

Le premier côte-de-brouilly qui remporte le trophée
Nicole et Romain Chanrion sont installés à Cercié.

Le premier côte-de-brouilly qui remporte le trophée

Nicole et Romain Chanrion sont installés à Cercié depuis huit générations. « 1861 est la date de fondement de la famille Chanrion qui a commencé à travailler la vigne », indique Romain Chanrion, qui a repris l’exploitation familiale en 2014. Si le fils et sa mère, Nicole, ne sont pas à leur coup d’essai concernant les récompenses, celle-ci marque un accomplissement pour Romain. « On avait déjà reçu des médailles d’or en 2007 et 2009, même si ma mère est toujours présente sur l’exploitation, c’est une première grosse récompense pour ma part », confiait-il. La mise en valeur d’une appellation Certifiée Terra Vitis® depuis les premières années de création, soit presque vingt-cinq ans, le millésime 2020 était un tandem entre le fils et la mère. S’il y a déjà eu un nombre conséquent de demande sur ce millésime récompensé, Romain Chanrion voit plus large. « On a un souci constant de qualité, pas uniquement en 2020. Cette récompense met en lumière un vigneron mais aussi l’appellation à laquelle j’attache une grande importance. Et plus largement, le Beaujolais dans sa globalité car chaque vigneron se bat chaque année pour faire le maximum en fonction de la climatologie », observe-t-il.

Une cuvée à plusieurs parcelles

Installés sur le mont Brouilly, le domaine Chanrion dispose de plusieurs parcelles. « Cette cuvée 2020 c’est un ensemble de caves. On a des lieux-dits assez forts, avec les Crozes, Chardignon, Godefroy, le Pavé, Brulhie… On va tirer sur la spécificité de chaque lieu-dit pour qu’au moment de la réunion, ça apporte fraîcheur et puissance pour un équilibre », détaille le vigneron.

Entre les tables des jurys, plongée au concours international du gamay

Découverte du concours international du gamay à la Cité internationale de Lyon