Beaujolais nouveaux
Bras de fer entre la viticulture et le négoce

David Duvernay
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Dans un contexte déjà complexe avec la crise sanitaire, la viticulture par l'intermédiaire de l'ODG beaujolais - beaujolais villages, est montée au créneau ce vendredi pour dénoncer sur le marché vrac des prix "indécents". 

Bras de fer entre la viticulture et le négoce

La campagne des beaujolais et beaujolais villages nouveaux 2020 sur le marché vrac débute sur fond de tension entre la viticulture et la famille négoce. En cause, selon les responsables de l’ODG beaujolais – beaujolais villages, des premières offres de la part de négociants à des prix jugés « indécents », à hauteur de 170 à 180 €/hl, soit 20 à 40 € de moins que la moyenne de l’an dernier en fin de campagne (204 €/hl en beaujolais nouveaux et 222 €/hl en beaujolais villages nouveaux). "Malheureusement, ces premières offres donnent une indication sur la suite de la campagne qu'on ne peut pas accepter. De par nos précédents communiqués à destination des producteurs des deux appellations, l’ODG avait prôné un maintien des cours, proches du niveau de ces cinq dernières années. L’enjeu de la campagne se situe donc dans le maintien de la valorisation des vins pour les producteurs. Ces prix de 170-180 €/hl  ne permettent aucunement de couvrir les frais de culture", nous a déclaré David Ratignier, président de l’ODG beaujolais – beaujolais villages, ce vendredi matin.

En réaction à cette situation, le bureau de l’ODG avait donc convoqué jeudi soir un conseil d’administration extraordinaire afin de faire le point sur le futur du marché vrac. Lors de ce rendez-vous d’urgence, auquel il ne manquait qu’un seul membre du conseil d’administration, les élus présents avaient abordé puis voté à une très large majorité (une abstention seulement) les actions à conduire pour contrer ce qu’ils estiment être "un problème".

Rapport de force

Ce vendredi 25 septembre, les membres du bureau de l’ODG sont donc passés à l’action et ont investi un bureau d’Inter Beaujolais, où ils ont apposé des affiches avec la mention « Beaujolais Nouveaux 2020 : Non aux enregistrements des marchés indécents ». Ils ont élaboré un nouveau communiqué, transmis ce vendredi après-midi aux opérateurs, dans lequel ils justifient le blocage du serveur des enregistrements par l’intermédiaire du prestataire de service, et ce, jusqu’à nouvel ordre. "La conséquence de cette décision, est l’impossibilité par Siqocert de donner l’agrément à un vin vendu et donc de le retirer dans les caves par l’acheteur. Vous pouvez quand même faire vos DREV afin de préparer vos futures ventes. Nous rappelons que l’enregistrement du marché sur le site est un acte fiscal officiel, et que la facture doit bien correspondre à la valeur indiquée sur le marché", peut-on lire sur ce communiqué. Les membres du bureau de l'ODG promettent un déblocage du système une fois que le négoce aura accepté une rencontre dans les plus brefs délais.

Également destinataire du communiqué, l’Union des Maisons de vins de Grande Bourgogne (UMVGB) n’a pas tardé à exprimer son point de vue auprès des élus de l’ODG. Contacté par téléphone cet après-midi, le responsable de l’UMVGB, Bruno Mallet, a clairement affiché sa position : "on ne peut bloquer comme ça le système d’enregistrement et ensuite réclamer une rencontre. Tant que les locaux seront occupés, on ne discutera pas sur le sujet. Notre position est claire et sans appel", nous a-t-il confié. Aucune rencontre ne devrait donc avoir lieu ce week-end, mais Bruno Mallet espère qu’une solution sera rapidement trouvée pour mettre fin à "ce bras de fer stérile". En parallèle, il ne confirme pas les prix d’achats évoqués par l’ODG.

Responsables viticoles et négociants se rejoignent au moins sur un point : une baisse des volumes primeurs commercialisées cette année, notamment au Japon, l’une des valeurs sûres sur le marché export. "Mais si nous vendons en-dessous de nos coûts de production, on ne vendra pas plus de volumes. Et les volumes qui ne trouveront pas preneur cette fin d’année seront achetés dans les mois à venir, dixit le négoce", répondent les élus de l'ODG. Le bras de fer ne fait que commencer…

Plus d'informations à lire dans notre édition papier du jeudi 1er octobre.