Cru moulin-à-vent
Se renouveler pour avancer

Charlotte Favarel
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Avec une situation économique plutôt stable et une évolution qui va dans le sens de la montée en gamme, le cru moulin-à-vent se concentre sur son image et sa notoriété. Son assemblée générale le 4 mai dernier a permis de faire le point sur les différents travaux entrepris depuis 2022.

Se renouveler pour avancer
Une hausse des cotisations a été votée passant de 25 €/ha à 40 €/ha. Crédits photo : IAR

« Notre métier, en lien avec la nature, et le contexte géopolitique nous ont donné du fil à retordre ces dernières années. Les pénuries, l’augmentation des coûts des matières premières, la sécheresse et les fortes chaleurs ont amené à une petite récolte en 2022 avec un rendement de 39 hl/ha. Néanmoins, c’est un millésime d’une belle qualité. Le gamay est dans l’air du temps et plait au consommateur, se réjouissait Bruno Pin, président du cru moulin-à-vent lors de l’assemblée générale qui s’est tenue le 4 mai dernier. Il faut croire au potentiel de commercialisation. »

Une situation économique stable

Avec une situation financière saine, le cru moulin-à-vent a récolté 4500 hl de plus qu’en 2021. « On constate une forte dynamique de la vente directe sur les années 2021-2022 », a précisé Nathalie Chuzeville, directrice de l’ODG des crus. Si le volume destiné aux grandes surfaces diminue, « le prix consommateur, lui, augmente pour atteindre 8,24 €. C’est le deuxième des dix crus le plus valorisé », félicitait la directrice. Concernant la vente négoce, la saison a plutôt bien démarré depuis novembre 2022. Une hausse de la cotisation de 25 €/ha à 40 €/ha a été votée par l’assemblée.  

Direction la montée en gamme

Comme quatre autres crus, moulin-à-vent enquête sur ses pratiques et savoir-faire. « L’objectif est que l’on puisse déposer le dossier cahier des charges à l’Inao au 17 avril 2024 », espère Bruno Pin. Un acte symbolique pour le centenaire du cru. Si le travail est lancé depuis le mois de mars 2021, trois axes le structurent : l’identification de terroirs remarquables, la définition des pratiques spécifiques liées aux lieux-dits et la liste des lieux-dits à proposer. Floriane Henry, récemment recrutée, se charge des dossiers montée en gamme pour l’ODG.

Nathalie Chuzeville a présenté les résultats d’enquête des pratiques. Quarante-neuf domaines ont répondu au questionnaire, soit 19 % d’opérateurs. La majorité étant en bio et HVE. En termes de surface, les répondants représentent 289 ha, soit 44 % de la surface plantée en moulin-à-vent en 2023. Pour beaucoup d’entre eux, la valorisation des lieux-dits est positive, « elle permet de proposer des vins plus précis, différents et avec une histoire », peut-on lire. Certains sont également « contre la hiérarchisation en premiers crus ». Concernant les pratiques à la vigne, 69 % des parcelles ne sont pas restructurées. L’âge des vignes s’y situe entre 25 et 100 ans tandis que sur les parcelles restructurées, l’âge oscille entre 3 et 60 ans. Côté désherbage, sur les parcelles, restructurées ou non restructurées, le mécanique et le manuel ont le vent en poupe. Le rendement moyen s’élève à 41,65 hl/ha. Et l’élevage pour « presque la moitié des répondants se situe entre 11 et 18 mois », précise la directrice. Elle observe également « une vraie culture de l’utilisation de lieux-dits quel que soit le mode de commercialisation », avec 87 % des opérateurs qui inscrivent le lieu-dit sur la déclaration de revendication. En termes de caractérisation à travers les cuvées lieu-dit, « on remarque que le terme structuré est le plus utilisé pour rechercher les vins ».

Mobilisés contre la flavescence dorée

Comme tout le vignoble, le cru moulin-à-vent ne fait pas exception concernant la problématique flavescence dorée. « En 2022, ce sont 60 communes du Beaujolais concernées par ce fléau », rappelait Nathalie Chuzeville. Avec cette forte évolution depuis 2020, le Rhône est en retard pour prospecter. « On a prospecté 10 000 ha dans le département et quand on trouve de la flavescence, on en trouve beaucoup », regrettait la directrice. Avec le système de prospection autonome, 90 personnes se sont mobilisées et 90 % de chénas était prospecté en une matinée. « On voit des ceps marqués qui n’ont pas encore été arrachés, or il faut les brûler. La seule solution c’est la prospection, l’arrachage et le traitement », rappelait Bruno Pin.

En parallèle, les travaux concernant la confusion sexuelle avancent. Un changement de méthode a été opéré : au lieu d’utiliser les Rak, 300 Puffers ont été installés et 110 ha sont couverts sur Romanèche-Thorins. Côté Chénas, ce sont 47 ha de couverts et 118 Puffers installés. Une technique qui a l’air d’être plus efficace.

Un bilan encourageant et de belles perspectives

Avec l’ambition de faire connaître le cru à un public plus jeune, les animations de 2022 sont allées dans ce sens. L’organisation d’une journée influenceurs en juillet 2022 et l’animation des réseaux sociaux ont permis de valoriser l’image de moulin-à-vent. « On a travaillé sur le logo pour rajeunir notre image, il était important de moderniser notre démarche avec une nouvelle identité visuelle », a rappelé le président. Avec des actions communes aux dix crus qui rayonnent au niveau national et une solidarité vigneronne qui plait, le Beaujolais met toutes les chances de son côté pour briller.

Charlotte Favarel

Chiffres clés 2022 du cru moulin-à-vent

  • 631 ha de surfaces.
  • 252 récoltants.
  • 7,4 ha renouvelés en 2021-2022.
  • 24 658 hl récoltés.