Beaujol’en Scène
Tapis rouge à Lyon

Emmanuelle Perrussel
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Les Jeunes agriculteurs du Rhône ont approvisionné des Lyonnais en beaujolais nouveaux, mercredi 16 et jeudi 17 novembre. La mise en perce, selon la coutume, a fait son retour après deux éditions d’absence.

Tapis rouge à Lyon

Les visages étaient souriants, les yeux brillaient, place Saint-Jean dans le Vieux-Lyon, mercredi 16 novembre en fin de journée. Car cette année, la soirée a pu enfin se dérouler normalement, après deux ans d’absence pour cause de crise sanitaire. Devant le chapiteau, dès 18 h 30, les Jeunes agriculteurs attendaient de pied ferme le public qui, moyennant 15 €, pouvaient déguster cinq verres de vin et déguster une planche de charcuterie, en option. Les coopératives* du Beaujolais et des producteurs indépendants (Gamaylinand, domaine de la Calande et domaine de Grande Ferrière), s’attelaient à faire déguster la gamme de vins du Beaujolais aux présents, histoire de les faire patienter jusqu’à minuit. Un stand dédié à l’œnotourisme et à la découverte du vignoble, un photomaton et une animation vélo éthylotest étaient aussi prévus.

De stand en stand

Verre à la main, tantôt rempli de rouge, blanc ou rosé, les langues se déliaient. « On a déjà gouté un chardonnay et plusieurs crus. Nous apprécions les vins du Beaujolais et ce soir, on est là pour passer une soirée conviviale et la rencontre avec les vignerons est très sympa. On va de stand en stand pour découvrir de nouvelles choses et comprendre pourquoi chaque vin est différent, en fonction du terroir, du climat », expliquent joyeusement ces trois jeunes femmes, bien décidées à attendre l’heure de la mise en perce pour achever leur découverte par la dégustation du beaujolais 2022.

Derrière leur comptoir, les vignerons ont eux aussi apprécié l’instant et servent avec plaisir le fruit de leur travail. Aloïs Eltschinger, représentant la cave Vignerons des Pierres dorées, va bientôt s’installer à Sarcey, sur une partie des vignes de son père. « C’est ma première participation à Beaujol’en Scène et c’est même ma première animation viticole. C’est intéressant de répondre aux questions des gens. Ils sont en général très curieux sur notre métier, sur nos méthodes de production. Plusieurs m’ont demandé comment on avait géré avec l’été caniculaire et la sécheresse. Ça fait plaisir d’avoir des encouragements et de bons retours sur nos produits ! », confiait Aloïs avec enthousiasme.

À quelques mètres, ce jeune homme, originaire du Bordelais et récemment installé à Lyon, s’est familiarisé avec les différentes cuvées. « Moi qui avais beaucoup d’apriori sur les vins du Beaujolais, je dois dire que je suis très agréablement surpris. De plus, les gens sont accueillants et simples, tout ce que j’aime. Je n’avais pas prévu de passer toute la soirée ici mais vu l’ambiance, je vais attendre la mise en perce. »

Trois, deux, un…

À coté du chapiteau, le DJ a mis le feu et nombreux sont ceux qui se sont déhanchés sur la piste. L’heure avançait, minuit se rapprochant, les Jeunes agriculteurs et divers volontaires se sont rassemblés près des tonneaux sur le quai de Saône. Tandis que les flambeaux s’allumaient, que le défilé se mettait en place, Jérémy Giroud arrivait avec son triporteur électrique et achevait son périple au cœur de Lyon (voir ci-contre). Le roulé de tonneaux pouvait démarrer jusqu’à la place Saint-Jean, devant des journalistes et des passants ébahis de voir que la tradition ne se perd pas. Le cortège traversait une haie d’honneur avant le compte à rebours. Trois, deux, un… Aymeric Mélinand, jeune viticulteur à Saint-Jean-d’Ardières a donné le coup de maillet pour libérer le millésime 2022, devant la pyramide colorée de tonneaux, en musique et dans la joie. Les bras tendus, la foule attendait avec impatience de tremper ses lèvres dans le breuvage.

Jeudi 17 au soir, le chapiteau rouvrait ses portes pour accueillir d’autres Lyonnais, qui cette fois, moyennant 18 €, pouvaient découvrir des beaujolais nouveaux et toute la gamme du vignoble. Tous repartaient avec leur bouteille de primeur favorite.

Encore une édition où la magie a opéré. Vivement l’année prochaine !

*Agamy, Oedoria, Vinescence, cave de Fleurie, cave du château des Loges, cave beaujolais de Saint-Julien, Vignerons des Pierres dorées.

Pour que dure la fête 

Les deux soirs devant le chapiteau ou en précommande, Jeunes agriculteurs a aussi proposé ses cabas apéritifs et ses coffrets découvertes. Un autre moyen de faire découvrir les vins et les produits du terroir.

-Pour la bonne cause : les Jeunes agriculteurs du Rhône ont posé nus (ou presque) pour sortir un calendrier, en vente lors de Beaujol’en Scène. Il est désormais disponible auprès des JA69 et sur les prochains événements. 2€ par calendrier seront reversés à des associations pour le cancer du sein (Europa Donna Lyon et Aviron Santé CA Lyon).

 

Clin d’œil / Le tonneau apporté à Lyon en triporteur

Clin d’œil / Le tonneau apporté à Lyon en triporteur

C’était une nouveauté cette année : le tonneau de beaujolais nouveau a été acheminé en triporteur, depuis Le Perréon jusqu’à Lyon, mercredi 16 novembre.

Jérémy Giroud, jeune viticulteur et cheville ouvrière de Beaujol’en Scène, a parcouru près de 50 km à bord de son véhicule à trois roues, escorté par Julien Nesme, également viticulteur. Il a d’abord fait une halte à Villefranche-sur-Saône chez l’un des partenaires de la fête, puis à la Maison des agriculteurs à La Tour-de-Salvagny pour des dégustations de vins du Beaujolais. Arrivé à Lyon pour la mise en perce, Jérémy Giroud a donc relevé le défi à la force de ses mollets, bien que le triporteur soit équipé d’une assistance électrique.

Cette initiative, qui a marqué les esprits, est née en discutant lors d’une réunion entre Jeunes agriculteurs. « À chaque édition de l’arrivée des primeurs à Lyon, nous choisissons un thème. Cette année, c’est celui du vélo qui a été retenu, comme un clin d’œil aux éditions passées des Beaujol’Ympiades où sport et Beaujolais étaient mêlés. Une fois le beaujolais était descendu en péniche, une autre fois en barque, en courant… », expliquent les JA, fiers d’innover pour montrer le fruit de leur travail.