MFR de Saint-Laurent-de-Chamousset
Armer pour diriger son exploitation

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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Fin octobre prochain, la MFR de Saint-Laurent-de-Chamousset proposera aux jeunes souhaitant s’installer et aux conjoint(e)s de chef d’exploitation une formation leur donnant toutes les armes administratives pour gérer une exploitation agricole.

Armer pour diriger son exploitation
Véronique Melon et Frédérique Vincent, cheville ouvrière de la formation ADEA à la MFR de Saint-Laurent-de-Chamousset.

Au moment de l’installation, la montagne de la gestion administrative, financière et économique qui attend les chefs d’exploitation peut parfois sembler difficile à gravir. « Beaucoup de jeunes, sortant d’un bac pro souhaitent s’installer sans poursuivre leurs études. À la MFR, ils sont près de deuxtiers à arrêter après le bac. Pour autant, tous ressentent le besoin de renforcer leur connaissance en matière de gestion et de comptabilité avant de sauter le pas. Les évolutions de l’agriculture rendent en effet complexe la gestion administrative des entreprises et nécessitent des capacités de pilotage de plus en plus pointues. La majorité des difficultés rencontrées par les agriculteurs aujourd’hui s’explique par des insuffisances dans ces domaines », explique Frédérique Vincent, responsable de la filière agricole à la Maison familiale rurale (MFR) de Saint-Laurentde- Chamousset. Un sentiment partagé par des jeunes en pré-installation, les candidats à la reconversion ou encore les conjoint(e)s s’occupant des démarches administratives.

483 heures de formation

Face à ce constat, l’équipe pédagogique de la MFR a décidé de leur offrir la possibilité de se former, aux côtés d’agriculteurs aguerris, et que la montagne devienne colline. Fin octobre, les étudiants post-bac, les jeunes en projet de pré-installation et les conjoint(e)s de chefs d’exploitation pourront suivre une formation assistant(e)s de dirigeant de l’entreprise artisanale (ADEA) en alternance au sein de l’établissement saint-laurentais. « Cette formation est ouverte en partenariat avec la chambre des métiers et de l’artisanat car il n’existe pas ce type de formation qualifiante au sein du référentiel agricole. L’artisanat rencontre en effet depuis plusieurs années les mêmes problématiques face à l’installation », explique Frédérique Vincent. Ainsi, pendant huit mois (fin octobre à fin juin), les étudiants vont alterner entre semaines de cours (16) pratique et semaines (20) au sein de l’exploitation où, aux côtés de leur maître de stage, ils vont découvrir les secrets de la gestion administrative. Au cours de 483 heuresde formation, les stagiaires vont suivre quatre modules : communication et relations humaines (70 h), administratif (112 h), gestion de l’entreprise agricole (203 h) et commercialisation et stratégies d’entreprise (50 h et projet 48h). « La formation ADEA a pour objet de permettre de mieux assumer son rôle au sein de l’entreprise et de faire reconnaître sa qualification à l’extérieur de l’entreprise. Ce titre est homologué niveau IV », souligne Véronique Melon, responsable de la formation. Si d’ores et déjà plusieurs jeunes ont signé pour faire leur rentrée en octobre, les recrutements sont en cours.

Les recrutements sont en cours

Pour plus de renseignements, contacter Véronique Melon - [email protected]

Nathalie Chaize, éleveuse caprine à Sail-les-Bains (42), accueillera Florian Rey. « Il ne voulait pas continuer en BTS. Nous l’encouragions pourtant à le faire. Quand on a entendu parler de cette formation, nous nous sommes dit que c’était l’idéal pour lui. Elle est un vrai tremplin. C’est très concret et leur permet de gagner en maturité.
« Un bagage plus que nécessaire »

Témoingnages : « un bagage plus que nécessaire »

À la rentrée prochaine, ils seront une dizaine à suivre la formation ADEA en alternance à la MFR de Saint-Laurent-de-Chamousset et dans une exploitation. Un étudiant et un maître d’apprentissage témoignent.

Laurent Lachat, éleveur laitier à Chazelle-sur-Lavieu (42), accueillera Baptiste Duplain, jeune bachelier de 19 ans. 

« Avant de savoir courir, il faut apprendre à marcher. C’est pareil en agriculture, avant de pouvoir faire une analyse économique et financière et prendre les décisions adéquates pour son exploitation, il faut apprendre la comptabilité », souligne Laurent Lachat qui accueille déjà au sein du Gaec Baptiste Duplain comme apprenti. « Baptiste ne voulait pas continuer après le bac. De notre côté, nous l’avons toujours encouragé à poursuivre car si un jour il veut s’installer il faut avoir un maximum de bagages et on ne sait pas de quoi demain sera fait. Alors quand il est venu nous trouver pour nous parler de cette formation, nous l’avons suivi. La gestion et la comptabilité sont indispensables pour conduire une exploitation. C’est un minimum requis. Il ne faut pas oublier que pour être agriculteur aujourd’hui, nous devons avoir de multiples compétences, être capables d’avoir une vision globale de l’exploitation. Si on a une mauvaise vision économique, on peut aller droit dans le mur. Je me félicite donc que cette formation existe. » De son côté Baptiste n’a pas hésité longtemps avant de s’inscrire à la formation : « avec la Covid-19, certaines choses ont été plus difficiles à voir. Avec le bac, nous avons certes les bases, mais il est indispensable de les approfondir. En revanche, je ne voulais pas repartir pour deux ans d’études, huit mois c’est parfait ! »

Plus de témoignages dans notre édition du 23 juillet.