Dégâts de faune sauvage
Signalement de dégâts, un an après

Charlotte Favarel
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Depuis un an, une application mobile permet de signaler les dégâts causés par la faune sauvage, elle a recensé 47 incidents dans le Rhône et 3247 au niveau national. Cet outil, facile d'utilisation, permet de documenter tous les dommages en agriculture, même ceux non indemnisables, et plaide pour une réglementation plus efficace contre les nuisibles. Il a été déployé par le réseau des chambres d'agriculture.

Signalement de dégâts, un an après
Dégâts de sangliers sur une prairie. CA69

Depuis un an, l’application de signalement des dégâts causés par la faune sauvage " Signaler dégâts faune sauvage " est en service. Dans le Rhône, 47 incidents ont été signalés, totalisant plus de 55 000 € de dégâts, principalement en grandes cultures, des productions fourragères et légumières. « Les espèces responsables incluent principalement les corbeaux, les corneilles, les choucas des tours, les pigeons et les sangliers », donne en exemple Pascal Hardy, responsable du pôle filières, agronomie et environnement à la chambre d’agriculture du Rhône. À l’échelle nationale, 3247 signalements ont été enregistrés pour un montant total de 11 millions d’euros, avec des dommages principalement observés sur les grandes cultures et les exploitations bovines laitières, attribués aux pigeons, aux choucas des tours et aux corbeaux freux.

L’application comme levier de décision

L’application de signalement des dégâts est un outil précieux pour suivre la traçabilité de tous les dommages potentiels en agriculture. « En ce qui concerne les espèces autres que les grands gibiers, l’application permet d’étayer nos arguments auprès de la DDT tous les trois ans lors du renouvellement de la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod). Cela nous permet d’identifier les espèces nuisibles et de mettre en place des mesures préventives. Ce processus n’est pas simplement un gadget, ce recensement va nous servir de base pour faire évoluer la réglementation en matière de lutte contre les nuisibles », insiste le responsable de pôle.

L’objectif de l’application n’est pas seulement de signaler les dégâts causés par les sangliers, mais de recenser tous les autres nuisibles qui pourraient nécessiter une régulation. « Signaler les dommages permet de mettre en évidence des problèmes non déclarés autrement, comme de petites zones endommagées dans les champs de maïs. Même si cela ne conduit pas à une indemnisation, signaler ces dégâts via l’application est important pour documenter l’ampleur des dommages et éviter de fausser les statistiques locales », observe Cédric Chalon, éleveur à Thizy-Les-Bourgs. Sur son exploitation il a plusieurs fois signalé des dégâts de sanglier sur une prairie avant de semer des maïs mais aussi au moment de la récolte. « J’ai également des corbeaux qui s’attaquent au maïs sur la commune. »

Facilité d’utilisation

« En quelques secondes, le dégât est signalé, partage Cédric Chalon. Il suffit de créer un compte et de suivre ce qui est marqué sur l’application. » Date du constat, nom de la parcelle, espèce animale en cause, type de dégât, impact sur une culture, estimation de la quantité affectée, utilisation de moyens de protection et de régulation, etc. Le signalement est accompagné d’une photo qui permet de géolocaliser la parcelle. Et si certains le font directement depuis leurs téléphones portables, d’autres préfèrent l’option ordinateurs, comme Thierry Lacour, arboriculteur et éleveur à Savigny : « mon portable n’était pas adapté donc je le fais depuis l’ordinateur. J’ai signalé en juin dernier des dégâts liés aux étourneaux sur mon verger de 4000 m2, qu’ils avaient entièrement dévasté, se souvient-il. Je vais refaire un signalement pour mes silos car je ne sais pas si ce sont des corbeaux ou des corneilles mais le silo a pourri à cause des trous qu’ils ont faits et on en a perdu beaucoup ». Si l’agriculteur ne constate pas la présence de sanglier, celle des chevreuils ne lui échappe pas, « dès qu’on plante un verger, nous sommes obligés de le grillager parce qu’ils mangent toutes les jeunes pousses et écorcent les arbres avec leurs bois », observe-t-il. Pour l’heure, il continue de signaler par l’application tous les dégâts, du plus minime au plus important, et trouve des solutions avec « un épouvantail volant qui imite un oiseau et repousse corbeaux et étourneaux ».

Charlotte Favarel

Information sur l’application : https://extranet-rhone.chambres-agriculture.fr/piloter-lexploitation/signaler-les-degats-de-la-faune-sauvage/lapplication-mobile-pour-tout-type-de-degats/

Rappel

Les seuils d’indemnisation pour les dégâts causés par le grand gibier (sanglier et chevreuils) ont été récemment portés à 150 euros. « Lorsqu’un exploitant subit des dégâts de grands gibiers, il doit contacter la fédération de chasse, qui dispose de 9 jours pour envoyer un expert. Si le montant des dommages est inférieur à 150 euros, les frais d’expertise sont à la charge de l’exploitant », précise Pascal Hardy. Seuls les dégâts de grands gibiers (sanglier, cerf, chevreuil) sont indemnisables et cet outil n’a pas valeur de déclaration pour demander l’indemnisation. Le dossier de demande d’indemnisation est à faire directement en contactant votre fédération départementale de chasse.

C.F.