Moulin-à-vent
Une mine d’idées

Charlotte Favarel
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Bourguignon d’origine, Richard Rottiers est tombé amoureux du Beaujolais. En s’installant en 2007 du côté de Romanèche-Thorins, ce passionné de culture engagé dans le milieu associatif décide de diversifier ses activités en créant La Mine, un tiers-lieu qui n’a pas fini de faire parler de lui depuis son ouverture en juin dernier. 

Une mine d’idées
S’il a voyagé en Nouvelle-Zélande par le passé, Richard Rottiers s’en est inspiré : « là-bas, les domaines ont presque tous des lieux de vie pour les locaux ». © CF/IAR

Installé en 2007 à Romanèche-Thorins, Richard Rottiers a d’abord été salarié au château Thivin, en côte-de-brouilly pendant trois ans. Il a aussi participé aux campagnes de caves coopératives auparavant. D’une famille vigneronne établie à Chablis, il est tombé amoureux de la région beaujolaise, et de sa femme, Corinne, une Lyonnaise : « j’ai donc recherché un domaine dans le Beaujolais ... » Il s’installe ainsi en fermage à Romanèche-Thorins, avec 3 ha de moulin-à-vent. Aujourd’hui, sur les 12 ha qu’il travaille, Richard vend surtout du moulin-à-vent et du beaujolais villages, le tout en bio. Il propose quatre cuvées parcellaires et des cuvées génériques. Associé avec sa femme, il est témoin du changement climatique et prend le pas de se diversifier.  

Penser l’avenir de la profession

« En 2016, on a eu beaucoup de grêle et nous sommes allés chercher des raisins à Brouilly. Depuis, il y a eu plusieurs épisodes de grêle et de gel, notamment 2021, qui nous ont poussé à réfléchir à l’avenir de la profession. » En reprenant le domaine familial de Chablis il y a cinq ans, Richard a vu les 30 ha bourguignons geler en 2021. « Aussi bien sur nos vignes à Romanèche qu’à Chablis, on a perdu les trois quarts de la récolte. On se doute que ce genre de phénomène va être exponentiel dans les années à venir, il faut se diversifier. »

Deux ans plus tard, La Mine est née. Tiers-lieu a vocation touristique, culturelle et bar à vins, La Mine s’est créée naturellement. Activités œnotouristiques, culturelles, spectacles, Corinne et Richard sont très impliqués dans le milieu associatif. « Romanèche a un beau potentiel pour revivre et attirer », assure le vigneron. Il observe depuis une dizaine d’années la population changer. « Avec la crise sanitaire, beaucoup de Lyonnais, Mâconnais et Parisiens quittent la ville et viennent s’installer dans nos secteurs. C’est une nouvelle population qui a l’habitude de sortir et qui est en demande d’offres culturelles. » Avec une bande d’amis, ils décident d’investir dans le bourg en achetant l’ancienne boucherie du village, fermée depuis huit ans. Comme beaucoup de ses homologues, Romanèche-Thorins voit ses commerces de proximité s’éloigner pour des endroits « plus passants ». Ayant voyagé en Nouvelle-Zélande par le passé, le vigneron s’en est inspiré : « là-bas, les domaines ont presque tous des lieux de vie pour les locaux ».

La Mine travaille surtout avec des producteurs locaux et en agriculture biologique. © CF/IAR

Une dynamique locale et collective

Heureusement, toute une génération dynamique fait bouger les choses. « Pour le bâtiment, nos amis gèrent les cinq gîtes qu’il y a au premier étage et avec ma femme, on gère le tiers-lieu et le bar à vins au rez-de-chaussée ». Ce ne sont pas moins de 100 m2 qui constituent le bar à vins, avec une terrasse dans la cour, où sont proposées toutes les appellations du Beaujolais et un peu du Mâconnais. « Le but est d’avoir une clientèle locale d’abord et d’attirer les touristes aussi ». Acheté il y a deux ans et demi, le local avait besoin de travaux. Inauguré fin juin, La Mine regroupe des gîtes, un bar à vins et un tiers-lieu pour des activités culturelles. Il y a même une idée de restaurant qui germe.

Pour cette saison, La Mine est appuyée par le collectif À Ciel Ouvert et propose quelques temps forts. « Au niveau de la programmation culturelle, on lance des essais pour cette saison et on s’organisera mieux pour l’année prochaine. » Cet été, c’est une programmation locale qui a animé La Mine avec l’association de théâtre de Romanèche-Thorins : Qu’artz. Et pleins d’idées sont en réflexion pour une programmation très bien ficelée la saison prochaine. « On pense à proposer des cours de danse avec l’école de Romanèche. À moyen terme, on aimerait également diffuser des courts métrages car on a prévu tout l’équipement pour faire des cinés-débats. Et puis le fondement, avec notre coin bibliothèque, c’est de faire un club de lecture pour pouvoir échanger. »

Un lieu qui fait vivre les agriculteurs et producteurs du coin

Toujours dans le local, les produits que propose le bar ne viennent jamais de très loin : des fromages de la ferme des p’tits Bilounes à Cenves et de celle du Bois Denis à Ouroux. Des planches de charcuterie avec la ferme du Rolland à Jullié et la charcuterie d’Antan à Larajasse. Des pâtisseries on ne peut plus locales car c’est Marine, de La cave à pâtisseries, située juste en face de La Mine, qui s’en occupe. Côté softs, les jus de fruits viennent de Messimy, avec les producteurs du Bénitier aux Oiseaux. Et pour les bières, ce n’est autre que la brasserie La ressource à Saint-Amour et Maddam à Chablis qui fournissent. Tout a été pensé dans les moindres détails, même au niveau de la charte graphique, « ce sont des artistes qu’on connait qui nous ont fait le logo et la façade ». Et l’inspiration ne manque pas puisque Richard envisage de faire un partenariat avec Marine, de La cave à pâtisseries, « pour proposer des accords pâtisseries et vins ».

Disposant d’une cour intérieure, le tiers-lieu revêt la qualité d’être totalement modulable et aménagé en fonction des animations qu’il reçoit. © CF/IAR

« Il faut que ça reste un plaisir, on compte sur le collectif »

En somme, ce projet est créateur de liens. « On a envie que le lieu vive et qu’il serve à d’autres activités. Si d’autres associations du coin veulent profiter des lieux et faire des activités quand le bar est fermé, c’est possible. Aussi bien pour les entreprises s’ils ont besoin de faire des formations. » Depuis l’ouverture, Richard constate « qu’on rentre dans nos frais. Mais nous n’avons pas créé ce lieu pour gagner de l’argent. L’idée, c’est surtout de faire vivre le village qui a été abandonné pendant trois décennies. Il faut que cela reste un plaisir, on compte sur le collectif. » Avec un lieu totalement modulable, même les habitants qui font du télétravail investissent La Mine. À côté du bâtiment, des projets s’organisent : « la mairie prévoit la piétonisation de la place, un parking sur la droite et des halles sur la gauche du bar à vins ».

À travers ce lieu, c’est tout un écosystème qui se crée. D’ailleurs son nom ne vient pas de nulle part. Si un canari arbore les petites cartes de présentation du tiers-lieu, « c’est parce qu’il prévenait le mineur. Mais la mine, c’est aussi parce qu’il y avait des mines de manganèse ici. Cela appelle à la créativité avec la mine de crayon. Et il y a la mine qu’on connaît tous en faisant la fête », rigole-t-il.

Charlotte Favarel

Horaires d’ouverture du bar à vins

Jeudi de 16 h à 22 h

Vendredi de 16 h à 22 h

Samedi de 10 h à 14 h et de 16 h à 22 h

Dimanche de 10 h à 14 h et de 16 h à 21 h

Facebook : La Mine

Instagram : la.mine.beaujolais

 

La mine, un lieu haut en rencontres, lectures et découvertes.