Visites d’exploitations
Découvertes, échanges et mises en pratique

Charlotte Favarel
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Du 20 au 24 février, la semaine du salariat s’est invitée dans des exploitations départementales. L’occasion de découvrir le monde agricole, ses différents métiers et d’échanger avec les agriculteurs.

(Voir aussi l'article : Le statut de conjoint collaborateur a changé)

Découvertes, échanges et mises en pratique
Patrice Ducreux a montré comment couper les feuilles et racines des poireaux afin qu’ils soient prêts pour le marché.

Rendez-vous à 9h30 à l’EARL des Sables rouges, à Dardilly, mercredi 22 février où une quinzaine de personnes inscrites s’écoutent attentivement les unes les autres pour les présentations. Si elles sont ici aujourd’hui, c’est pour en apprendre plus sur le quotidien de l’équipe de l’exploitation de maraîchage et d’arboriculture : Vincent et Patrice Ducreux, leurs parents et Murielle, salariée. Différents profils se succèdent, certains sont ici pour découvrir le travail d’une exploitation et tester le métier, d’autres ont déjà une expérience et sont curieux de connaître une nouvelle manière de travailler. « On sera disponible ensuite pour vous accompagner dans la construction de vos projets », ajoutait Justine Rollet, chargée de mission emploi à Graine d’emplois.

Une récolte sous le signe du partage

Répartis en trois groupes, un premier s’en va avec Patrice vers les cultures. Florent, actuellement salarié aux Jardins d’avenir à Saint-Martin-en-Haut, s’est reconverti. « J’étais peintre en bâtiment pendant vingt ans et j’avais envie de sortir de ce monde industriel. Le travail de la terre m’attirait et c’est intéressant de découvrir différentes structures du même domaine. » Première mission pour les six volontaires de ce groupe : récolter les choux de Bruxelles. Patrice donne les instructions et montre comment s’y prendre, c’est ensuite au groupe d’essayer. « Vous pouvez en profiter pour arracher les feuilles jaunes », ajoute-t-il. Ce moment de récolte est aussi propice aux échanges, on s’interroge sur la plantation, les recettes de choux. Chacun y va de sa préférence.

Direction maintenant les serres, à quelques mètres de là, où salades, choux-fleurs et épinards colorent les rangs. « Nous ne sommes pas en bio mais on essaie de faire le plus naturel possible », présente Patrice. Ici aussi, les échanges fusent sur les techniques, Patrice montre comment récolter les épinards pour qu’ils repoussent facilement. Il en profite aussi pour expliquer l’histoire de l’exploitation familiale. « Il y a cinquante ans, les pommes et les poires se sont cassés la figure et mon grand-père a eu l’idée d’aller les vendre en sac à la sortie des usines. Puis il y a eu la crise de l’industrie, alors ma grand-mère a commencé à vendre directement à la ferme. Depuis, on a gardé ce modèle et on fait les marchés. Nous vendons seulement ce que nous produisons. » Interrogé sur le rythme de l’exploitation, il explique que les tâches sont variées : « il faut tailler, planter, récolter, préparer les marchés… Avec les contraintes climatiques, il faut aussi être réactif car si on doit monter une serre, on a un temps donné pour ne pas y passer l’après-midi ». Si en hiver, quatre personnes suffisent pour les tâches, « on recherche du monde à partir du printemps et on monte souvent à huit ou dix personnes l’été », précise Patrice.

Un statut qui convient

Après les serres, direction une autre surface pour apprendre à récolter les poireaux. Sur le chemin, Julie, actuelle salariée aux Jardins d’avenir depuis presque un an, fait part de ses ressentis concernant cette journée. « Depuis longtemps j’aime être dehors et faire du travail physique, ça donne du sens de nourrir les gens. Bien manger c’est bien vivre. C’est génial de pouvoir rencontrer des gens, on se rend compte de ce qu’est le métier. Je ne pense pas du tout à m’installer car je pense que s’il y a déjà des gens qui le font bien, autant y participer et être salariée. Ce statut me convient. »

Avec 16 000 poireaux plantés cette année, Patrice montre les gestes pour couper les feuilles et une partie des racines, afin qu’ils soient prêts pour les marchés. Une fois que tout le monde a mis la main à la pâte, direction le siège de l’EARL où Murielle explique l’organisation d’un marché. « La vente c’est aussi de l’accompagnement. On doit pouvoir conseiller le client sur les produits, comment les cuisiner, quand les consommer… » De son côté, Vincent répondait aux questions sur la formation. Formateur à mi-temps au CFPPH d’Écully, « transmettre des compétences est le but de ma vie », confie-t-il.

Charlotte Favarel

Une visite d'exploitation où l'échange est le maître-mot