JAttitude
Valentin Delorme, à cœur ouvert

David Duvernay
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Chaque mois, vous avez pu découvrir le portrait d’un adhérent aux Jeunes Agriculteurs avec notre chronique « JAttitude ». Pour ce dernier numéro de la série, rencontre avec Valentin Delorme, éleveur bovins lait installé à Rontalon durant l’automne.

Valentin Delorme, à cœur ouvert

Dans sa nouvelle stabulation, Va­lentin Delorme a encore le regard émerveillé. Tous les matins, le jeune éleveur laitier, qui vient de fêter ses 28 ans le 15 décembre, se lève avec « la joie d’aller au travail et d’apporter de la tendresse à mes vaches. Je prends le temps d’être au plus proche d’elles, d’en prendre soin et de leur apporter tout le confort possible. Et elles me le rendent déjà bien. J’ai d’ailleurs l’impression que ça déjà dix ans que je suis installé". Pourtant, le jeune agriculteur de Ron­talon a concrétisé le projet d’une vie depuis deux mois seulement, le temps de terminer son parcours à l’installation et de trouver l’exploitation idéale pour assouvir sa passion des animaux. C’est justement cette seconde motivation qui lui a permis de franchir avec succès et quelques sacrifices la première étape dont il donne son avis, sans concession. "Le parcours à l’installation, ce n’est pas simple car c’est beaucoup de charges administratives. Et quand je dis beaucoup, c’est trop. Je m’étais posé la question de continuer ou pas. Il faut être passionné et fort mentalement pour suivre tout cela. Mais on sait qu’au bout, il y aura une belle satisfaction. Et j’ai eu un pincement au coeur quand mes premières vaches sont arrivées. Même mon père avait les larmes aux yeux".

Par amour des vaches noires et blanches

Valentin Delorme est un jeune agricul­teur comblé. Et d’autres belles émo­tions l’attendent sur le plan personnel puisqu’il va se marier en juillet 2022 avec sa compagne qui ne travaille pas sur l’exploitation, ni dans le monde agricole. Mais avant de partager cet événement avec sa famille et ses proches, c’est sur sa ferme qu’il entend également ne rien négliger pour le bon fonctionnement et l’épanouissement de son troupeau, composé de 60 vaches prim’holstein, une race qu’il a choisie "par amour des vaches noires et blanches" depuis son enfance. "C’est l’une des races les plus faciles à travailler en élevage laitier. Elles sont calmes et produisent plus de lait. Si mon père avait opté pour des montbé­liardes, peut-être que je les aurais choisies également. Mais les prim’holsteins sont belles et je prends plaisir à les regarder chaque jour", exprime l’éleveur qui pro­duit 400 000 l de lait pour Sodiaal. Son cousin, Laurent Delorme, président du syndicat prim’holstein, lui a aussi trans­mis le « virus » de la race blanche et noire à travers les concours. "Depuis 2018, on refait des concours avec mon père : le comice des 4 cantons, le concours dépar­temental, etc. Des vaches ont d’ailleurs reçu des prix. C’est beaucoup de travail et de temps mais au final, obtenir ces prix, c’est une belle satisfaction", confie-t-il.

"Je vais apprendre encore" 

Cette remarque sur le choix de la race prim’holstein entrouvre une autre fa­cette du projet d’installation du jeune éleveur bovins lait, décidé à gérer seul sa propre exploitation. Rejoindre le cercle familial et notamment son père, toujours en activité à Pollionnay, était pourtant son idée initiale. "Mais le projet est blo­qué pour des raisons financières. Après un autre projet de reprise finalement avorté sur la commune d’Yzeron, la Safer m’avait alors proposé cette ferme à Rontalon et pour laquelle j’ai eu un coup de coeur en visitant le bâtiment. Elle appartenait à un Gaec, avec trois activités : du maraîchage, de l’élevage de cochons et une production bovins lait dont une partie était transfor­mée en fromages et yaourts. J’ai donc choisi de reprendre uniquement la pro­duction laitière. Et ici, nous avons une vue magnifique et tout est fonctionnel." En plus de son troupeau, Valentin Delorme dispose de 55 ha (prairies permanentes et temporaires, céréales), dont la majo­rité est regroupée autour de la ferme et une partie irriguée. "Sans cela, ce serait difficile de viser l’autonomie alimentaire avec les années chaudes que l’agriculture a connues ces dernières années, même dans les hauteurs. Mais je sais que ce n’est que le début et je vais apprendre encore. Et ce sera à moi de prendre les bonnes décisions".

Valentin peut toujours compter sur le soutien d’autres éleveurs, notamment ceux qui l’ont accompagné jusqu’à son installation. Et il songe aussi mettre à profit tout ce qu’il a appris durant son stage de trois ans à Saint-Trivier-sur- Moignans (01) dans un Gaec avec quatre associés (310 ha, 120 VL), puis pendant huit années au sein du Service de rem­placement. "Le SR, c’est ce qui m’a fait grandir et apprendre l’autonomie. On doit tout gérer par nos propres moyens. C’est formateur et tous les jeunes devraient pas­ser par cette étape avant de s’installer. C’est en travaillant pour des exploitations que j’ai décidé d’installer des logettes ou d’acheter des niches bien spécifiques pour mes veaux. Et je compte bien faire appel au SR pour profiter de ma famille et des proches", achève Valentin Delorme.

Citation 

"Appartenir à Jeunes agriculteurs, c’est suivre l’actualité de notre mé­tier et participer à des échanges constructifs entre les adhérents. C’est aussi de la convivialité et de l’en­traide, des valeurs que l’on retrouve quand nous organisons des événe­ments par exemple. Les JA, c’est comme une famille. Je suis d’ailleurs vice-président du canton des coteaux du Lyonnais. Et je sais que si l’un d’entre nous a besoin d’aide, nous n’hésiterons pas à le soutenir."