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Protéger les agricultures à travers le monde

Association de solidarité internationale, l’Afdi Auvergne-Rhône-Alpes vise à créer des échanges entre les agriculteurs du Nord et ceux du Sud, et participe ainsi au déploiement de compétences pour promouvoir l’agriculture dans des pays en développement.

Protéger les agricultures à travers le monde

Créée en 1968, l’association de solidarité internationale Agriculteurs français et développement international Auvergne-Rhône-Alpes (Afdi Aura) est la plus ancienne de France. Elle vise notamment à sensibiliser le monde agricole et rural français au rôle majeur de l’agriculture familiale – et internationale – dans un objectif de souveraineté internationale. « Autrefois, l’association s’appelait le Criad, soit le centre de relations internationales entre agriculteurs pour le développement. Elle est née d’une rencontre entre le président de la chambre d’agriculture de la Loire de l’époque, Robert Duclos et d’un Camerounais en formation en France. Cette relation a débouché sur une interrogation : qu’est-ce que les paysans français pouvaient apporter à leurs homologues camerounais ? », explique Laurent Barras, agriculteur retraité de Haute-Savoie et trésorier de l’Afdi Aura.

Robert Duclos a alors sollicité les différentes organisations professionnelles agricoles pour accompagner, dans les pays d’Afrique, des petits projets tels que des périmètres irrigués. « Dès le départ, l’idée était de créer des échanges entre les paysans du « Nord » et du « Sud ». C’est encore aujourd’hui le fil conducteur de notre association», poursuit-il. D’ailleurs, la première grande sécheresse au Sahel, en 1973, va marquer un tournant majeur dans l’histoire de la solidarité internationale au sein de l’agriculture. « Sous l’initiative du syndicalisme, une grande opération de solidarité entre agriculteurs du « Nord » et paysans du « Sud » a été lancée avec le 1/1 000. Dans ce contexte, chaque paysan – au travers de leur coopérative notamment - reversait un millième de sa production pour lutter contre la faim dans les pays touchés par une sécheresse inédite », souligne Laurent Barras.

Développer des modèles agricoles

Cette aide d’urgence a permis l’émergence de groupes locaux, créés dans les différents pays, pour imaginer des modèles de développement agricole. « Les paysans ont tous le même langage. Lors des échanges, on s’est vite rendu compte que les problématiques pouvaient être similaires. La mise en place d’un travail commun, autour de la construction de collectifs (coopératives, groupements de producteurs, etc.) pour défendre notre métier agricole, s’est donc avérée nécessaire », note l’ancien agriculteur, également référent pour l’Afdi à Madagascar.

Au fil des années, les programmes de professionnalisation de l’agriculture ont permis la mise en place d’accompagnements des groupements de paysans à se gouverner et à embaucher du personnel. À Madagascar par exemple, « le réseau SOA, syndicat national des organisations paysannes, partenaire d’Afdi, se bat pour l’insertion des jeunes au sein des organisations paysannes. Le réseau SOA encourage les efforts de douze organisations paysannes membres dans sept régions du pays. Son objectif : promouvoir les services à l’installation, la formation à la prise de responsabilités et la participation des jeunes aux concertations nationales sur la politique agricole », indique l’Afdi.

 

Une communauté agricole partout dans le monde

Aujourd’hui, le réseau Afdi est composé de onze Afdi territoriales et six bureaux internationaux. Chaque Afdi territoriale est une association à part entière et l’ensemble partage les mêmes modes opératoires du réseau. Au-delà des actions menées dans les pays du « Sud » en développement, l’Afdi Auvergne-Rhône-Alpes a donc la volonté de créer des échanges entre paysans dans la région. « L’ADN même de notre association consiste à construire une communauté autour de ce monde agricole. Nous travaillons à la mobilisation des organisations professionnelles agricoles, avec une vision claire : donner envie à des jeunes d’embrasser ce rôle d’agriculteur et redonner la fierté d’exercer ce métier », stipule Henri Vebamba, animateur du réseau Auvergne-Rhône-Alpes. Pour ce faire, l’Afdi est présente notamment au Sommet de l’élevage, mais aussi lors de la finale régionale de labour. L’association va également à la rencontre des étudiants de l’Isara « pour échanger avec les ingénieurs en devenir sur l’agriculture dans le monde, eux qui ont souvent une vision franco-française », souligne-t-il. Et d’ajouter : « Nous nous déplaçons également dans une dizaine de structures scolaires agricoles chaque année, afin d’évoquer avec les jeunes nos actions au Sud, mais également d’amener le débat autour de l’interdépendance entre les actions que nous menons ici et celles que nous menons au Sud. N’oublions pas que nous sommes sur la même planète : le dérèglement climatique est partout ! »

Amandine Priolet

Les projets en cours dans les pays du « Sud »

À Madagascar, l’année 2023 va être animée par la volonté d’installation de nouveaux producteurs. En effet, les coopératives malgaches travaillent actuellement sur deux cultures de rente, que sont le gingembre et le piment d’oiseau, qui intéressent. « En même temps que la formation, les coopératives leur assurent les débouchés de leurs produits, à des tarifs intéressants. Ce système d’intégration fonctionne relativement bien à Madagascar », prévient Laurent Barras, agriculteur retraité de Haute-Savoie et trésorier de l’Afdi Aura. Au Sénégal, l’Afdi intervient notamment sur la filière maraîchère et transformation. Au Burkina Faso, des travaux sont menés sur la filière lait. « Nous travaillons notamment sur un projet d’urgence visant à doter des éleveurs, touchés par le terrorisme, de moyens de production (vaches et aliments) qu’ils ont perdus », indique Henri Vebamba, animateur du réseau Auvergne-Rhône-Alpes. Actuellement, plus aucune action n’est engagée au Mali, un pays qui souffre cruellement du terrorisme. « Compte tenu des conditions sécuritaires, nous avons arrêté nos missions dans ce pays en 2022. Le groupe de travail s’est orienté vers la Côte d’Ivoire, où les actions débutent tout juste, autour du développement et de la mécanisation du manioc », conclut Henri Vebamba.

A.P.