Vendanges
Le Département s’entretient avec les acteurs du secteur
À l’occasion de la période des vendanges, les élus du Département ont souhaité rendre visite aux viticulteurs du Beaujolais. Premier stop au château Bellevue le 13 septembre, à Villié Morgon, propriété de la maison Jean Loron depuis 2009.
Autour de la table de tri du château Bellevue à Villié Morgon, le président du Département, Christophe Guilloteau, accompagné de Colette Darphin, vice-présidente en charge de l’agriculture, écoutent attentivement les explications d’Élodie Rousselot, maître de chai du château. « C’est une cuvée haut de gamme donc le tri est sévère, on a connu le sec avec la canicule, la grêle est passée à trois reprises, dont deux en juillet et une le 13 août. » Pour la cuvée Corcelette – Le Clos, dont les parcelles aux sols granitiques se trouvent autour du château, c’est une vinification parcellaire qui l’attend. « On est content de la qualité même si c’est plutôt un petit rendement pour cette année (30-35 hl/ha), on tourne normalement autour des 45 hl/ha. »
Une visite des lieux pour commencer
Sans appellation générique mais seulement des vinifications parcellaires, le cuvage était l’endroit idéal pour aborder le sujet. Entourés de cuves en bois, en béton et en inox, les élus du Département ont été rejoints par ceux des ODG, d’Inter Beaujolais, de la chambre d’agriculture du Rhône, de la FDSEA 69 et de la communauté de communes Saône-Beaujolais. « Pour la fermentation, c’est sans S02. La maturité phénolique a montré de belles couleurs et une absence d’amertume. Cette année, la couleur est de qualité malgré une saison changeante. Avec le printemps froid, la vigne a poussé doucement et nous avons eu beaucoup plus de vent au printemps, ça a cassé quelques rameaux et ce n’était pas évident pour les traitements », fait état la maître de chai. Avec 5 à 6 cuvées parcellaires aux caractères différents, « on a pris une orientation importante pour vinifier séparément. En fin de fermentation, on utilise des fûts pour l’élevage selon le type de parcelles », ajoute Frédéric Maignet, directeur technique de la maison Jean Loron. Les élus et acteurs du territoire ont ensuite pu déguster des baies rentrées deux jours auparavant, de la cuvée Côte du Py – Javernières : « on va les laisser deux à trois semaines macérer en cuve. C’est un temps long car c’est une parcelle de vieilles vignes avec un sol de pierres bleues, synonyme de régularité et de qualité. On sent beaucoup le fruit ici », analyse Élodie Rousselot.
Cave à fûts : opter pour l’expérimentation
Après le cuvage, direction la cave. Des lignes entières de fûts rendent à la cave son charme d’antan. C’est ici que sont stockés les petits parcellaires et les beaujolais blancs. N’en déplaise aux amphores qui attirent l’œil dès l’entrée. « Nous allons les tester cette année, elles sont intéressantes pour l’échange d’oxygène contrôlé. Ce sont surtout pour des vins qui ont une vocation de semi-garde ou de garde », explique Frédéric Maignet. Interrogée sur deux petits fûts en inox, la maître de chai explique leur essai également : « ils disposent d’un fond en polymère qui permet d’avoir un échange d’oxygène et de stabiliser la couleur et les tanins ». Le château Bellevue travaille avec un tonnelier local, Dargaud & Jaeglé, basé à Romanèche Thorins (71).
La suite de la journée s’est ensuite déroulée au domaine de Gaétan Mélinon, jeune viticulteur installé à Villié Morgon.
Charlotte Favarel
Une politique volontariste pour la filière
Le Département a tenu à se rencontrer la profession viticole et les partenaires : Inter Beaujolais, ODG des crus du Beaujolais, ODG beaujolais – beaujolais villages, chambre d’agriculture du Rhône et élus de la communauté de communes Saône Beaujolais pour aborder différents enjeux.
Pour clôturer la visite du château Bellevue, les élus et acteurs du territoire se sont réunis afin de faire le point sur les enjeux auxquels la filière fait face. Le Département a renouvelé son soutien à la filière et aux acteurs présents. « Le Beaujolais reprend ses lettres de noblesse et nous travaillons sur le plan viticole », rappelait Christophe Guilloteau. Colette Darphin a également précisé qu’en plus de la dotation jeunes agriculteurs la plus forte de France avec la Région, « le Département ajoute 10 % ». Le plan régional de la filière viticole 2023-2027 met l’accent sur l’adaptation aux enjeux environnementaux et sociétaux, à la création de valeur, à l’obtention de nouveaux marchés ainsi qu’au développement de l’œnotourisme.
« Un agriculteur sur deux va céder dans les 10 ans »
Pour les acteurs, comme Jean-Marc Lafont, président de l’ODG des crus du Beaujolais : « il faut se regrouper pour reconstruire une dynamique commerciale et de communication. C’est le plus gros défi à mon sens ». Il note la dynamique collective qui s’est instaurée dans le vignoble depuis quelques années et la valorisation qu’il constate mais « il faut continuer à investir pour une dynamique ambitieuse. Le renouvellement des générations se fera si les modèles économiques tiennent debout ». L’installation est d’ailleurs l’un des sujets phares dont la chambre d’agriculture s’est emparée. « Un agriculteur sur deux va céder dans les 10 ans, rappelait Pascal Girin, président de la chambre. On identifie les cédants 5 ans avant leur départ. »
Les sujets de l’habitat et du foncier ont aussi été évoqués, « il faut que les parlementaires prennent le sujet à bras-le-corps », exprimait Jacky Menichon, président de la CCSB. Les élus du Département ont entendu les acteurs, « nous essayons d’être le plus facilitateur possible dans les démarches », confiait Colette Darphin.
C.F.