Issu du journal - Métropole de Lyon
10 millions d'euros pour une autonomie alimentaire bio et locale

Simon Alves
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Le président Bruno Bernard et son vice-président à l'agriculture Jérémy Camus se sont rendus lundi 30 août dernier les serres de l'exploitation "Jardins du Printemps" à Rillieux-la-Pape. Une visite qui avait pour but de présenter la politique agricole de la collectivité, volontairement orienté vers le bio, le local et l'autonomie alimentaire.

10 millions d'euros pour une autonomie alimentaire bio et locale

Le vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l'agriculture Jérémy Camus en parlait lui-même dans nos colonnes au mois de juin : avec 10 millions d'euros de budget pour le secteur, la collectivité a décidé de quadrupler ses investissements par rapport à la précédente mandature. Lundi 30 août dernier, le natif de la Haute-Marne accompagnait son président Bruno Bernard sur les terres de l'exploitation "Jardins du Printemps" à Rillieux-la-Pape. L'occasion choisie par l'élu écologiste de développer et réaffirmer à la presse et aux représentants de l'agriculture rhodanienne son engagement et son plan pour les cinq prochaines années.

Un programme qui place évidemment le bio au cœur de la stratégie d'investissement de la majorité verte qui souhaite encourager au maximum la conversion. Aujourd'hui, seuls 8 % de la surface agricole utile de la Métropole y sont consacrés. Trop peu pour atteindre l'objectif affiché il y a trois mois de 100 % de bio dans la restauration scolaire sur le territoire métropolitain dont 50 % de local. Car privilégier les productions provenant d'un rayon de 50 km autour de Lyon fait aussi partie des ambitions de la collectivité. "Nous voulons rendre accessible au plus grand nombre une alimentation saine, en circuit-court", a ainsi rappelé Bruno Bernard sur place.

Sanctuariser les terres agricoles et attirer les jeunes

Avec un taux d'autonomie alimentaire évalué aujourd'hui à moins de 5 %, la collectivité est aujourd'hui loin de pouvoir y parvenir. Consciente du gouffre, elle a néanmoins dressé les grandes priorités pour y parvenir. La première étant la préservation et sanctuarisation des terres agricoles. Un peu plus du tiers du budget (3,5 millions d'euros) serviront à étendre la surface en Penap. Aujourd'hui, la Métropole en compte 10 000 hectares sur les 23 000 de zones naturelles et agricoles du territoire. Un appel à projet a même été lancé en février pour soutenir et valoriser les projets agricoles. Côté foncier agricole, l'intercommunalité veut mettre en place une stratégie de maîtrise foncière agricole qui passera par la modification du PLU-H avec le passage de 60 hectares de terres à urbaniser en terres dédiées à l'agriculture.

Des mesures cruciales alors que le Rhône perd un hectare de surface agricole par jour depuis dix ans. Propriétaire de 300 hectares, la Métropole de Lyon espère poursuivre les acquisitions pour y favoriser les installations. "Nous voulons une nouvelle génération de paysans sur la métropole", a insisté à ce sujet Jérémy Camus. Pour rappel, en 20 ans, la population d'agriculteurs a diminué de 44 % et 62 % des exploitants locaux ont plus de 50 ans. Trois millions d'euros seront affectés à une politique d'augmentation de la population agricole, via de la mise à disposition de foncier priorisé et d'espaces tests agricoles pour attirer des porteurs de projet.

"Les Jardins du Printemps", un exemple de conversion à l'accent local

Un dixième du budget total sera aussi alloué au soutien technique et financier du "plan bio" à destination des agriculteurs souhaitant se convertir. C'est aussi à ce titre que le choix des "Jardins du Printemps" faisait sens pour y présenter la politique de la Métropole. Depuis cinq générations, la famille Maréchal fait vivre cette SARL aujourd'hui développée autour de deux activités principales : du conditionnement et de la distribution d'herbes aromatiques fraîches auprès des magasins avec la marque "Paul et Julie" et de la mise en production et distribution sur l'agglomération lyonnaise de paniers de fruits et légumes bio et conventionnels sous la marque "Maréchal Fraicheur".

La SCEA Maréchal Nature, structure de production de l'exploitation, a fait passer ses 90 hectares en bio sur les dix dernières années, dont 12 000 m² sous serre chapelle, 2 hectares de serres et le reste en plein champ. Dans leur ambition de développement, les exploitants ont aussi développé une filière de transformation et conditionnement de céréales et légumineuses avec d'autres producteurs à travers la société "Graines de Lyon". Les enseignes comme La Vie Claire et Maréchal Fraicheur y côtoient producteurs et transformateurs pour commercialiser des farines, huiles et légumes secs issus des exploitations. En visant également un fonctionnement en économie circulaire à travers divers partenariats, l'entreprise s'inscrira ainsi dans la droite ligne de la politique prônée par la Métropole.