VIANDE BOVINE
Des coûts de production toujours en légère augmentation

Après une fin d’année 2023 marquée par une incompréhensible pression à la baisse des cotations (notamment sur le marché de la femelle et du broutard), ce mois de janvier a été marqué par le retour de signaux positifs, cependant largement insuffisants : hausse des cotations, stabilisation des charges et diminution du prix de revient. 

Des coûts de production toujours en légère augmentation

Le mois de janvier 2024 a été marqué par le retour de signaux positifs pour les producteurs : hausse des cotations, stabilisation des charges et diminution du prix de revient. Cependant, ces signaux restent bien insuffisants, et le prix de revient reste bien au-dessous des cotations quelle que soit la catégorie. Plus que jamais, dans ce contexte, il est primordial que les lois Égalim s’appliquent au plus vite pour donner de la perspective aux éleveurs, avec la prise en compte majoritaire du prix de revient interprofessionnel de référence !

Après des mois d’inflation, bien que les prix des matières premières aient enclenché leur lente diminution sur l’année 20231, les indicateurs de prix de revient en viande bovine (calculés selon l’accord interprofessionnel en date du 22 mai 2019) augmentent de 0,4 % sur le 2e semestre 2023. Cette hausse est liée, entre autres, à l’intégration des effets de l’application de la réforme de la Pac, qui implique pour les éleveurs bovins viande une diminution de leurs aides (de l’ordre de 8 centimes/kg). Sur le mois de janvier 2024, les tendances sur l’indice Ipampa viande bovine sont à la stabilité : il s’élève alors à 131,5 points (VS 131,7 en décembre 2023, soit une baisse de 0,2 point). 

 

L’estimation FNB du coût de production sur le mois de novembre, baisse certes, mais reste à un niveau élevé.

Une offre limitée en animaux 

La décapitalisation du cheptel bovin allaitant, enclenchée depuis 2016, a été encore la tendance de l’année 2023 (98 000 vaches allaitantes en moins en moyenne sur l’année 2023 par rapport à 2022). Alors que la consommation par bilan diminue globalement (-4 % à fin décembre 2023/2022), avec une diminution plus marquée sur la deuxième partie de l’année 2023, la décapitalisation, elle aussi, poursuit son chemin (- 2,7 % en moyenne par rapport à l’année précédente) et se traduit par la poursuite de la tendance à la baisse des abattages, plus rapide que la baisse de la consommation. Sur 2024, les chiffres continuent de prouver ce manque d’animaux : -5,27 % d’abattages sur le début de l’année 2024 (Source : Normabev, cumul en semaine 5 de 2024 comparé à 2023). 

La décapitalisation se traduit également par une baisse des naissances de 141 000 animaux sur l’année 2023 (-4,2 %). Cette baisse implique donc une réduction des effectifs d’animaux mis sur le marché. Ainsi, avec l’offre réduite et une demande accrue pour l’engraissement sur le marché français, les exports d’animaux vifs se sont réduits en 2023 de 7 % (tous marchés confondus), passant sous le seuil symbolique du million de têtes exportées. Dans ce contexte, avec une telle réduction de l’offre, les volumes exportés restent restreints en début d’année (- 5 % en cumul jusqu’en semaine 5) et alors que la demande nationale, italienne et espagnole est dynamique, il ne peut avoir qu’un effet favorable sur les cours. 

Des cotations à la hausse mais insuffisantes face aux coûts de production 

Après un second semestre 2023 qui a vu une forte pression des prix à la baisse (baisse de 0,28 €/kg sur le prix moyen pondéré entre la semaine 26 et 52), et ceci malgré une offre limitée en animaux, le mois de janvier 2024 voit la tendance s’inverser ! En effet, les 5 premières semaines ont été marquées par des hausses sur l’ensemble des catégories (augmentation du prix moyen pondéré de 0,10 €/kg sur les 5 premières semaines de 2024 : le PMP passe de 4,91 €/kg en S1-2024 VS 5,01 €/kg en S5-2024). Cette augmentation de cotations sur le mois de janvier 2024 a été visible sur l’ensemble des catégories, sans distinction que ce soit sur le marché de la femelle (vaches laitières et vaches allaitantes) ou sur le marché du mâle. Malgré cette hausse, le constat reste le même pour les éleveurs : le niveau des prix payés aux producteurs ne permet encore et toujours pas de couvrir les charges subies par les éleveurs.

Sur le mois de janvier 2024, l’écart entre le prix de revient interprofessionnel et la cotation se réduit sur l’ensemble des catégories (vache allaitante, jeune bovin et broutard) comparé au second semestre 2023, du fait à la fois d’une baisse du prix de revient des éleveurs et de la hausse des cotations. Les signes d’une amélioration de la rémunération des éleveurs bovins ne sont pourtant pas au rendez-vous sur mois de janvier 2024 ! Bien que les charges se stabilisent, la hausse des cotations gros bovins entrée abattoir2 n’est pas suffisante. Le prix payé producteur est donc toujours à perte lorsqu’il est comparé au prix de revient.

 

 

 

L’indicateur prix de revient interprofessionnel 

L’indicateur prix de revient interprofessionnel est l’élément indispensable au sein des contrats, pour faire face à l’envolée des prix des matières premières. Dans le cadre De la loi Égalim2, l’éleveur doit établir sa proposition de contrat à son premier acheteur et non l’inverse. Et le prix de revient interprofessionnel selon la méthodologie de calcul en date du 22 mai 2019 - et non un autre - est, dans cette proposition, le socle indispensable à toute négociation, et doit donc être majoritaire. Le résultat de la mécanique de prix issue de la négociation, et présente dans le contrat, ne sera alors plus négociable par l’aval de la filière. 

Par la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans le contrat, l’éleveur a l’assurance de garder une viabilité économique sur son exploitation, face aux aléas extérieurs (flambée des matières premières, réforme de la Pac, hausse du Smic …). Par le contrat, l’éleveur est aussi assuré de mieux contrer les éventuelles pressions à la baisse, saisonnières ou non, appliquées par les opérateurs. Il convient également de rappeler que la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans un contrat, amène toujours à une meilleure valorisation que le prix du marché, même quand celui-ci augmente fortement comme en 2022 (Cf. courbes ci-dessous).

Enfin, cela permet de donner de la visibilité aux éleveurs, à la filière, comme aux financeurs pour accompagner les jeunes. Avec la moitié des éleveurs qui partiront à la retraite dans les 10 années à venir, le renouvellement des générations est urgent. 

 

Les graphiques ci-dessous donnent des exemples de situations concernant les prix payés aux éleveurs, sur vaches allaitantes, jeunes bovins et broutards, selon les modalités de prix négociées : si les ventes étaient au prix du marché (en noir), intégralement basée sur l’indicateur interprofessionnel de prix de revient (en vert), et entre les 2 avec des proportions différentes (en jaune, gris et orange)

 

 

Fédération nationale bovine 

 

1 - chiffres de fin décembre 2023 comparés à décembre 2022 ; source : Ipampa viande bovine, Rica 2015, traitement Institut de l’élevage : aliments achetés : - 9,8 % ; engrais et amendements : - 36,6 % ; énergie et lubrifiants : - 2,8 %)

2 - Cotation entrée abattoir : l’écart avec le prix en sortie ferme, effectivement payé au producteur est d’autant plus important