Est lyonnais
Les moutons ont quitté les Grandes terres

Les moutons arrivés fin septembre sur les champs de l’Est lyonnais à leur retour d’estives, ont quitté le plateau des Grandes terres fin novembre, après avoir pâturé les cultures intermédiaires des céréaliers. Retour sur cette initiative avec André Clark, le berger.

Les moutons ont quitté les Grandes terres

Les premiers troupeaux ovins sont arrivés le 27 septembre et ont pu goûter l’herbe de la plaine de l’Est lyonnais, dès leur sortie du camion. Pour rappel, cette démarche a consisté à faire pâturer les couverts intermédiaires des céréaliers par des troupeaux d’ovins qui revenaient d’estive. Les troupeaux de la démarche issus de quatre exploitations du département avaient à leur disposition 80 ha de couverts mis à disposition par quatre producteurs de céréales : Gérard Robin (Corbas), Jean-Charles Jocteur (Corbas), Gilles Barioz et son associé Jean-Philippe Payet Bernoud (Corbas) et Dominique Sublet (Feyzin).

Première expérience réussie

Les éleveurs avaient installé une clôture électrifiée qui a été déplacée au fil de l’alimentation du troupeau, par André Clark, berger, embauché via Agri Emploi de fin septembre à fin novembre pour assurer le bon déroulement du partenariat : gestion des filets, surveillance, lien avec les promeneurs. Le jeune homme originaire de Saône-et-Loire est satisfait de sa mission dans le Rhône. Une nouvelle expérience pour lui qui n’avait pas fait d’études en rapport avec le métier de berger. « J’ai étudié la musique, la linguistique et le tourisme. Je suis guide touristique depuis l’an dernier mais je souhaitais prendre une année pour découvrir d’autres régions et acquérir diverses expériences proches des terroirs. J’ai par exemple travaillé dans un élevage de chèvres en début d’année, puis en bergerie où je m’occupais de l’alimentation des animaux, de la traite et de la transformation fromagère. Ma mission ici en tant que berger sur les Grandes terres était donc une première. Elle a été très réussie ! », précise le jeune homme qui a posé 70 filets en deux mois et déplacé au moins une fois par semaine chaque troupeau.

Les échanges avec les éleveurs, les céréaliers et les promeneurs ont été intéressants et variés. « Par exemple, certains passants m’ont expliqué qu’ils n’avaient jamais vu de moutons d’aussi près et j’ai même eu droit à des remerciements d’en avoir installé à côté de leur habitation ! », note André avec humour. Aucune perte n’est à déplorer, ni de problème avec des chiens non tenus en laisse. « Les passants se sont montrés vigilants et gardaient leur chien près d’eux, voire en laisse à proximité des parcs. Les panneaux d’information à propos des patous et les troupeaux ainsi que les panneaux signalant que la clôture était électrifiée ont été utiles. » Une autre anecdote vient à l’esprit d’André concernant les aspects positifs de cette démarche de partenariat entre éleveurs ovins et céréaliers. « Elle concerne la biodiversité puisque l’on a pu noter le retour d’oiseaux types aigrettes ou bousiers après une longue absence, grâce à la présence des moutons. »

André Clark qui avait déjà une attirance pour les moutons se dit conforté dans son idée d’avoir peut-être un jour un petit troupeau ovin. « J’ai aimé travailler en plein air, au contact des animaux, que ce soit les moutons ou les chiens. Avoir certains choix à faire m’a beaucoup plu mais mon manque de d’expérience ne m’a pas permis de prodiguer des soins aux animaux, ni de conduire les chiens de troupeau. C’est mon seul regret ! »

Emmanuelle Perrussel

Une opération réussie

Une opération réussie

Les éleveurs sont globalement satisfaits et soulignent que cette action a notamment permis aux troupeaux d’accéder à du fourrage supplémentaire et de bonne qualité (jachère et trèfle). « Ce partenariat nous a fait gagner des journées de pâturage. C’est une action qui revêt un intérêt individuel et collectif à la fois ». Un autre éleveur souligne « que ces parcelles n’avaient pas accueilli d’animaux depuis plusieurs années et cela a permis de déparasiter nos troupeaux ».

Côté céréaliers, les retours sont également positifs « avec une belle image donnée pour les grandes terres, beaucoup de messages encourageants des promeneurs et a priori une bonne fumure pour les parcelles ».

Autres points de satisfaction : le travail du berger qui a bien anticipé la gestion des parcs, et a su, malgré la distance, communiquer avec les éleveurs et les céréaliers. Le contact avec les autres acteurs du territoire et notamment les promeneurs du plateau des Grandes terres les a largement séduits.

Les points d’amélioration évoqués concernent une arrivée des moutons un peu plus tardive sur les parcelles car « les couverts n’étaient pas assez développés, ils vont repartir sortie d’hiver donc il faudra les détruire (broyage, déchaumage, chimie) ». La possibilité de faire revenir des animaux sur février mars a été suggérée. Les éleveurs quant à eux ont noté que les couverts auraient pu être plus denses. Tous semblent aujourd’hui partants pour reconduire cette action en 2020.

E.P.