Ipampa viande bovine
Une baisse lente mais continue

Le mois d’avril voit la poursuite des tendances du début de l’année 2024 sur l’Ipampa viande bovine, avec une diminution lente mais continue, tandis que côté cotations, une pression incompréhensible est exercée sur le JB, n’impactant pas les autres catégories.

Une baisse lente mais continue

Après des mois d’inflation, bien que les prix des matières premières aient enclenché leur lente diminution sur l’année 2023 (aliments achetés : -9,8 % entre décembre 2022 et décembre 2023*; engrais et amendements : -36,6 % ; énergie et lubrifiants : -2,8 %), les indicateurs de prix de revient en viande bovine (calculés selon l’accord interprofessionnel en date du 22 mai 2019) augmentaient de + 0,4 % sur le 2e semestre 2023. Sur le mois d’avril 2024, les tendances sur l’indice Ipampa viande bovine sont similaires à celles constatées depuis le début de l’année, avec une lente diminution, mais continue. Il s’élève alors à 131,2 points (contre 131,4 points en mars 2024, soit -0,2 point). Cette baisse est essentiellement due à celle des postes « Aliments achetés » (- 1,1 point) et « Énergie et lubrifiants » (- 1,8 point). L’estimation FNB du coût de production sur le mois d’avril baisse certes, mais reste à un niveau élevé :

Une offre limitée en animaux

La décapitalisation du cheptel bovin allaitant enclenchée depuis 2016 s’est poursuivie en 2023.  98 000 vaches allaitantes en moins en moyenne ont été recensées sur l’année 2023 par rapport à 2022. Alors que la consommation par bilan diminue globalement (- 4 % à fin décembre 2023 / 2022), avec une baisse plus marquée sur la deuxième partie de l’année 2023, la décapitalisation elle aussi poursuit son chemin (- 2,7 % en moyenne en 2023 par rapport à l’année précédente) et se traduit par la poursuite de la tendance à la baisse des abattages, plus rapide que la baisse de la consommation. Sur 2024, la tendance se poursuit : - 2, 80 % d’abattages sur le début de l’année**.

La décapitalisation se traduit également par une baisse des naissances : sur le premier trimestre 2024, elles sont en retrait de 34 000 têtes (- 3,2 %) par rapport au même trimestre de 2023. Ce qui implique donc une réduction des effectifs d’animaux mis sur le marché. Pourtant, la demande pour le marché français est restée ferme avec une bonne dynamique des mises en place pour l’engraissement en France (+ 4800 têtes / T1-2023). Ainsi, avec l’offre réduite et une demande accrue pour l’engraissement sur le marché français, les exports d’animaux vifs se sont encore réduits : - 5 % sur les 16 premières semaines de 2024 (toutes destinations). Dans ce contexte d’offre réduite et de bonnes demandes nationale, italienne et espagnole, les cours sont restés fermes et orientés à la hausse.

Des cotations à la hausse, mais toujours insuffisantes 

Après un 2e semestre 2023, qui a vu une forte pression des prix à la baisse (diminution de 0,28 €/kg sur le Prix Moyen Pondéré entre la semaine 26 et 52) et ceci malgré une offre limitée en animaux, le début de l’année 2024 a vu la tendance s’inverser. Pourtant, le mois d’avril est marqué par une forte pression sur les prix du Jeune Bovin notamment, une pression incompréhensible au vu des signaux du marché et dénoncée par les éleveurs bovins. Pour l’ensemble des catégories, en revanche, le constat est à la stabilité (comparaison du nouveau PMP version 2024 rétropolé S13-2024 à 5,15€/kg VS S18-2024 à 5,16€/kg). 

Sur le mois d’avril 2024, l’écart entre le prix de revient interprofessionnel et la cotation est donc à la hausse sur le JB, comparé au mois précédent ! Les autres catégories connaissent une réduction de cet écart, mais qui reste toujours présent. Les signes d’une amélioration de la rémunération des éleveurs bovins ne sont encore pas au rendez-vous. Bien que les charges diminuent, le niveau appliqué sur les cotations gros bovins entrée abattoir*** n’est pas suffisant. Le prix payé producteur est donc toujours à perte, lorsqu’il est comparé au prix de revient.

FNB

*source : Ipampa viande bovine, RICA 2015, traitement Institut de l’élevage

** Source : Normabev, cumul en semaine 18 de 2024 comparé à 2023.

*** Cotation entrée abattoir : l’écart avec le prix en sortie ferme, effectivement payé au producteur est d’autant plus important.

 

L’élément indispensable au sein des contrats
L’indicateur prix de revient interprofessionnel

L’élément indispensable au sein des contrats

Il convient de rappeler que, dans le cadre d’Égalim 2, l’éleveur doit établir sa proposition de contrat à son premier acheteur et non l’inverse. Le prix de revient interprofessionnel (selon la méthodologie de calcul en date du 22 mai 2019) est, dans cette proposition, le socle indispensable à toute négociation, et doit donc être majoritaire. Le résultat de la mécanique de prix issue de la négociation, et présente dans le contrat, ne sera alors plus négociable par l’aval de la filière.  Par la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans le contrat, l’éleveur a l’assurance de garder une viabilité économique sur son exploitation, face aux aléas extérieurs (flambée des matières premières, réforme de la Pac, hausse du Smic …). Par le contrat, l’éleveur est aussi assuré, de mieux contrer les éventuelles pressions à la baisse, saisonnières ou non, appliquées par les opérateurs. Il convient également de rappeler que la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans un contrat, amène toujours à une meilleure valorisation que le prix du marché, même quand celui-ci augmente fortement comme en 2022 ! (cf. courbes ci-dessous) 

Enfin, cela permet de donner de la visibilité aux éleveurs, à la filière, comme aux financeurs pour accompagner les jeunes. Avec la moitié des éleveurs qui partiront à la retraite dans les dix prochaines années, le renouvellement des générations est urgent. 

Les graphiques ci-dessus donnent des exemples de situations concernant les prix payés aux éleveurs, sur vaches allaitantes, jeunes bovins et broutards, selon les modalités de prix négociées. Si les ventes étaient au prix du marché (en noir), intégralement basée sur l’indicateur interprofessionnel de prix de revient (en vert) et entre les 2 avec des proportions différentes (en jaune, gris et orange).