L'info en bref
Lait, grandes cultures, sols....

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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L'essentiel de l'information agricole nationale et régionale de ces dernières heures, à lire chaque lundi, mercredi et vendredi dès 9 h.

Lait, grandes cultures, sols....

Céréales: le blé tendre a franchi la barre des 300 €/t 

Le prix du blé a passé les 300 €/t le 18 novembre en cours de séance sur Euronext, tiré par une forte demande internationale, incitant les pays importateurs à privilégier des provenances moins onéreuses. A l’issue de son dernier appel d'offres, l’Algérie a acheté 250 000 t de blé russe, d’après Yulya Korolyova, chef du service russe de qualité des céréales, qui s’est exprimée le 17 novembre lors d'une conférence à Genève. Cette opération est au total «estimée entre 700 et 800 000 t avec des origines optionnelles, mais qui devraient être partagées entre le bassin mer Noire, la Baltique voire l'Argentine et peut-être la France», rapporte la société Agritel. La France, compte tenu des différences de prix, «se trouve ainsi confrontée à une concurrence accrue face aux autres pays, contrairement aux années précédentes», poursuit Agritel. Depuis plusieurs campagnes, la Russie, premier exportateur mondial de blé, toque à la porte du marché algérien, traditionnellement dominé par l’origine française. L'Algérie a assoupli fin 2020 son cahier des charges sur le taux de grains punaisés, ouvrant la voie à l’origine russe. Vers 18h15 sur Euronext, le blé tendre gagnait 1,5 € à 297 €/t sur l'échéance de décembre.

Certification environnementale: la HVE doit rester «un segment de marché» (FNSEA) 

«Pour permettre d’aller chercher de la valeur ajoutée, il faut que la HVE reste un segment de marché », estime Hervé Lapie, secrétaire adjoint de la FNSEA en charge de la certification environnementale a l’occasion des Rencontres de la HVE à Paris le 18 novembre. Pourtant, des questions sur l’ampleur à moyen terme de la HVE commencent à se poser, alors que le nombre d’exploitations certifiées HVE a été multiplié par 13 entre 2019 et 2021, en passant de 1500 à 19 000 selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. Et comme la HVE est devenue un critère d’accès au deuxième niveau des éco-régimes de la future Pac, «beaucoup de monde risque encore d’aller vers la certification, qui pourrait devenir le nouveau standard», prévient Alessandra Kirsch, directrice des études chez Agriculture & stratégies. «La place de la HVE pourrait aussi évoluer dans la Pac. On peut imaginer que dans cinq ou dix ans, elle devienne l’un des critères d’accès», prévoit même Hervé Lapie. La révision en cours de la HVE pourrait cependant refroidir les enthousiasmes. Alors que les résultats de l’audit menés par le ministère sont attendus pour le premier semestre 2022, des discussions seraient déjà en cours au sein de la commission nationale de la certification environnementale (CNCE) pour renforcer les exigences sur les engrais ou les produits phytosanitaires. Avec pour but, selon le ministère, d’appliquer le nouveau cahier des charges avec la nouvelle Pac en 2023.

Antibiotiques: l’exposition des animaux «stable voire en légère augmentation» (Anses) 

Alors que le plan Ecoantibio 2 a été prolongé à fin 2022, c’est un bilan 2020 en demi-teinte que présente l’Anses, le 18 novembre, à l’occasion de la Journée européenne d’information sur l’antibiorésistance. Dans son rapport annuel pour «prévenir l’émergence et la diffusion de bactéries résistantes aux antibiotiques chez les animaux d’élevage et domestiques», l’agence nationale souligne que l’exposition globale des animaux a diminué de 45,4% depuis 2011, début du premier plan Ecoantibio (qui vise à réduire l’usage des antibiotiques). Mais, ces dernières années, les usages se sont stabilisés. «Cette diminution semble avoir atteint une limite et l’exposition des animaux aux antibiotiques est stable voire en légère augmentation selon les espèces», note l’Anses. Ainsi, entre 2019 et 2020, l’exposition des volailles et des porcs a continué de diminuer (respectivement de 9,7% et 3,2%), alors qu’elle augmentait chez les lapins de 2,5% et chez les bovins de 2,9%. Autres enseignements de ce rapport: la résistance aux antibiotiques est, elle, toujours en baisse chez les volailles, les porcs et les bovins, et l’utilisation d’antibiotiques d’importance critique (fluoroquinolones, céphalosporines, colistine…), indispensables en médecine humaine, poursuit son recul.

Sécurité sociale: pas d'accord en CMP, la pérennisation du TO-DE en suspens 

La commission mixte paritaire (CMP) qui s’est réunie dans la soirée du 16 novembre, au sujet du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2022, n’est pas parvenue à trouver un texte de compromis. Des désaccords «importants» subsistent entre l’Assemblée nationale et le Sénat qui doivent trancher sur 109 articles encore en discussion, d’après le rapport écrit de la CMP. Contacté par Agra Presse le 17 novembre, le rapporteur de la CMP pour l’Assemblée Thomas Mesnier a indiqué qu’il proposera à ses homologues députés de conserver deux dispositions introduites par le Sénat: l’extension du droit à un capital décès de 3500€ pour les ayants droits de non-salariés agricoles; et le retrait de la limitation de durée du statut de conjoint collaborateur du PLFSS. En revanche, il proposera de supprimer la pérennisation du TO-DE souhaitée par les sénateurs, ainsi que l’assouplissement du mode de calcul des cotisations sociales pour les agriculteurs qui choisissent l’assiette optionnelle. Les députés débattront du texte en nouvelle lecture le 22 novembre, en séance plénière.

Grandes cultures: des productions chahutées par le renchérissement des engrais 

Modifications des assolements, pertes de rendement, baisse de qualité : le renchérissement des engrais azotés risque d’avoir de nombreux effets sur les grandes cultures, a estimé le 17 novembre la société de conseil Agritel. Le blé connaît en France «une augmentation de plus de 20% de son coût de production» à 241 $/t pour la récolte 2022, a indiqué la consultante Isaure Perrot lors d’une visioconférence. Cette évolution est liée au poste engrais azotés, qui grimpe à 65 $/t (contre 23 $/t l’année précédente). Résultat, des baisses d’assolement sont prévues en blé, idem pour d’autres cultures gourmandes en azote. Agritel table sur des surfaces en retrait pour le blé (environ -110 000 ha par rapport à 4,974 Mha en 2021), l’orge d’hiver (quelque -90 000 ha par rapport à 1,197 Mha), le maïs (près de -50 000 ha par rapport à 1,497 Mha) ; en hausse pour l’orge de printemps (+100 000 ha par rapport à 532 000 ha), le tournesol (quelque +50 000 ha par rapport à 699 000 ha). Autre impact, les agriculteurs risquent de lever le pied sur la fertilisation azotée. Cela peut nuire au rendement, à la teneur en protéines du blé tendre, réduisant la qualité meunière. A l’échelle mondiale, Agritel anticipe une production des huit plus gros exportateurs réduite « de plus de 10 Mt » en blé (à 400,5 Mt) uniquement à cause des engrais azotés.

Lait: la FNPL veut une «solution» pour tous les éleveurs que Danone ne collectera plus 

Suite à l'annonce par Danone de la conversion de sa laiterie de Villecomtal-sur-Arros (Gers) en usine de boissons végétales, la FNPL demande, dans un communiqué paru le 17 novembre, des «solutions de collecte pour tous» les éleveurs qui ne le seraient plus par le géant laitier français, près de 200 (187 points de collecte). «Le projet prévoirait, dans une phase de transition, l’accompagnement de chaque collaborateur et un soutien individualisé aux éleveurs», expliquait Danone la veille dans son communiqué. Mais il est encore trop tôt pour en connaître le détail, indique son équipe de communication. «Nous attendons de Danone une échéance écrite pour l’arrêt de la collecte et de savoir quels moyens vont être mis sur la table pour accompagner les producteurs», a déclaré à Agra Presse Romain Gavoille, le président de l’OPSOL (Organisation des producteurs du Sud-Ouest laitier). «Certains éleveurs arrêteront, déplore Romain Gavoille, pour les autres, il faudra trouver de nouveaux acheteurs. Il n’y a pas que Danone qui collecte du lait dans le Sud-Ouest…» Pour appuyer sa demande, la FNPL met notamment en avant le statut d'entreprise à mission dont s'est doté Danone depuis l'été 2020.

Eau : le pilotage de l’irrigation reste «insuffisamment pratiqué» (Inrae) 

L’usage par les agriculteurs d’outils de pilotage de l’irrigation, estimé à 17% des surfaces, n’est «pas suffisant», a considéré le 17 novembre Bruno Molle, responsable Inrae de Laboratoire de recherche et R&D sur les technologies d'irrigation. «Le pilotage (de l’irrigation) reste le parent pauvre des pratiques», a-t-il dit lors d’une visioconférence du Varenne agricole sur le thème: «quels leviers pour une irrigation efficiente compatibles avec le bon état des eaux et les autres usages». «Pourtant c’est là qu’existe le plus grand potentiel en matière d’économie d’eau. Ça d’autant plus lorsque les agriculteurs sont soumis à un tour d’eau ou des quotas, qui peuvent être restreints.» 17% des surfaces agricoles sont concernées par l’utilisation d’un outil de pilotage, d’après ses chiffres issus d’une étude en 2017 d’Agreste (service statistique du ministère de l’Agriculture). Cette part est «en cours d’évolution, avec l’arrivée massive du numérique», a nuancé Bruno Molle. Autre bémol, elle concernerait les agriculteurs équipés «personnellement». «Les gens qui consultent les avertissements irrigation sont en nombre beaucoup plus important», d’après lui.