Issu du journal - GDS et Rhône Conseil Elevage
Main dans la main

Simon Alves
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Le GDS et Rhône conseil élevage ont décidé une nouvelle fois d'unir leurs assemblées générales jeudi 9 septembre dernier sur la ferme du Milon. Un choix qui symbolise leur étroite collaboration, matérialisée par la création de l'association Rhône terre d'éleveurs il y a un an et demi et la présentation conjointe de leurs rapports d'activité. 

Main dans la main

Une collaboration toujours aussi constructive. Dans l'immense salle de réception de la ferme du Milon à Chaponost, le Groupement de défense sanitaire (GDS) et Rhône conseil élevage (RCE) avaient choisi de tenir conjointement leurs assemblées générales respectives jeudi 9 septembre. Depuis janvier 2020, les deux entités ont uni leurs forces avec celles de la chambre d'agriculture du Rhône pour créer l'association Rhône terre d'éleveurs (RTE). "Une partie de nos rapports d'activités respectifs sont en commun", a rappelé à ce titre Chantal Weber, directrice du GDS, en préambule des présentations. C'est son entité qui a d'ailleurs ouvert le bal en étayant les chiffres de son compte de résultats pour 2020. Côté charges, la mise en place du plan d'éradication de la BVD a mobilisé d'importants investissements par rapport à 2019 à travers aussi le recrutement d'une salariée pour mener à bien cette mission.

Autrement les charges du GDS demeurent stables (1 290 279 €), tout comme les recettes, et ce malgré des conventions en baisse (- 27 000 euros). Les cotisations sont elles aussi en diminution d'un peu plus de 10 000 euros. "On constate pour la première année une baisse du nombre de bovins en 2020, a déploré Chantal Weber. C'est à la fois intéressant et inquiétant. On est aujourd'hui à 101 000 bovins sur le département contre 104 600 en 2019." Pour autant, le GDS a décidé de voter la stabilité des cotisations pour 2021. La directrice de l'organisation s'est aussi attardée sur l'activité de sa filiale Farago "très perturbée par le covid avec des mois de travail non réalisés et plusieurs accidents de travail". La conséquence est celle d'un chiffre d'affaires impacté et "pas à la hauteur", mais Chantal Weber souligne la "bonne productivité par technicien".

Eleveurs adhérents : la baisse se poursuit

Avant d'entamer son propre rapport d'activités, le directeur de Rhône conseil élevage, Patrice Dubois, a lui aussi souhaité mettre l'accent sur la diminution du nombre d'éleveurs dans le département. Une baisse qui impacte négativement les comptes. "Il s'agit de l'année où on a le niveau de cotisations le plus faible, a-t-il notifié à l'assemblée. Nous avions prévu de réaliser une augmentation des cotisations en 2020 que nous n'avons pas fait et qui nous prive aussi de 10 000 euros qui auraient permis d'ajuster." Alors qu'en 2014, l'entité comptait 568 éleveurs pour 25 000 vaches, il n'y a plus aujourd'hui que 445 exploitants pour 21 716 bovins. Si la tendance est en effet source d'inquiétudes chez les bovins, c'est plutôt l'inverse côté caprins. Les cotisations d'élevages adhérents passent de 80 000 à 100 000 euros. Le développement des activités annexes a aussi permis à Rhône conseil élevage de terminer l'exercice avec 1 400 000 euros de ventes. Une bonne nouvelle couplée à une "grosse maîtrise des charges" selon Patrice Dubois. L'organisme clôt ainsi son exercice avec un résultat négatif de -21 000 euros.

Une activité conjointe

Si les bilans financiers sont encore distincts, les rapports d'activité du GDS et de Rhône conseil élevage se présentent désormais sous l'étiquette de Rhône terre d'éleveurs. Aujourd'hui, c'est sous six pôles de compétence que les actions que l'association se déploie auprès des éleveurs : sol/fourrage,  économie/stratégie, transformation fermière, bâtiment/bien-être, conduite d'élevage et santé animale. C'est d'ailleurs sur cet axe que se sont attardés dans un premier temps Perrine Matrat, vétérinaire du GDS et Alexandre Battia, conseiller de Rhône conseil élevage. Conjointement, toujours, les deux représentants de chaque entité ont évoqué l'action boiteries, qui a pour but de réduire ce défaut qui touche encore 30 à 35 % des animaux d'un troupeau dans le département. La conduite d'élevage est, elle, matérialisée par le plan mammites, présentée par Hervé Despinasses (RCE) et Laurent Thomas (GDS). L'équipe dédiée aux bâtiments et au confort des animaux se constitue autour de Frédéric Boussand (Farago/GDS) et Julien Gacon (RCE). Les deux hommes ont notamment mis en avant l'utilisation de leur caméra timelapse pour observer le comportement du troupeau et ainsi corriger le couchage et l'alimentation des animaux.

Enfin Laurine Sauvé, recrutée spécialement pour mener à bien cette mission, a fait le point sur le dossier BVD. "Depuis août 2019 nous sommes passés de 25 % de dépistage à 77 %", a-t-elle annoncé. Un phénomène qui s'explique aussi par l'obligation de dépistage auriculaire décrétée en janvier 2020. "Cela nous a permis de trouver 279 veaux IPI et de les éliminer, a poursuivi Laurine Sauvé. A ce jour, 87 % des bovins du Rhône sont garantis non IPI." Le président du GDS, Bruno Grange, a par ailleurs tenu à dire sa fierté du travail accompli par les techniciens de RTE. Invitée pour l'occasion, la directrice de la direction départementale de la protection des populations Valérie Le Bourg a présenté le bilan prophylaxie 2019-2020, qualifié de "très bon" sur le plan du taux de réalisations. Enfin, le président de la chambre d'agriculture Gérard Bazin a pour sa part salué la "passion de l'élevage" qu'il a pu observer lors de la fête de l'agriculture que Rhône terre d'éleveurs a contribué à organiser. "Beaucoup de gens regardent notre modèle pour savoir si on réussira et c'est notre ambition pour l'intérêt de l'élevage", a-t-il conclu.

Face aux anti-élevage, privilégier le dialogue

Face aux anti-élevage, privilégier le dialogue

Société/ Invité par le GDS et Rhône conseil élevage, Matthieu Pineda, consultant senior spécialisé sur les questions animales et d'agriculture pour l'agence Com'Publics, a éclairé les participants de l'assemblée générale sur le regard de la société sur l'élevage et la meilleure façon de communiquer et dialoguer sur le sujet.

Il ne pouvait pas être présent physiquement, mais il a quand même réalisé son intervention en visioconférence. Consultant senior spécialisé sur les questions animales et agricoles pour l'agence Com'Publics, Matthieu Pineda était invité à s'exprimer en clôture de l'assemblée générale du GDS et de Rhône conseil élevage. La thématique cette année ? "Comprendre le regard de la société sur l’élevage, répondre et dialoguer". Un sujet prégnant dans le milieu des éleveurs avec les interrogations et les méfiances du public vis-à-vis du bien-être animal, de l'environnement ou encore de la consommation de viande. "Il y a une montée en puissance de la pensée vegan, animaliste et antispéciste depuis un certain nombre d'années, a expliqué en préambule Matthieu Pineda. Cette pensée s'est développée au niveau politique et sociétal et est montée en puissance ces cinq dernières années." Le représentant de Com'Publics a notamment pris pour exemple le cas de l'amendement Glavany qui a consacré dans la loi la sensibilité des animaux. Il s'est ensuite attardé sur la différence entre welfaristes, dont la démarche politique cherche à améliorer le bien-être animal, les abolitionnistes, qui souhaitent la fin de l'élevage et les antispécistes, qui rejettent toute hiérarchie entre hommes et animaux. "Il y a une disparité dans les propos et les méthodes des associations, mais quand on gratte le vernis des discours de façade, on voit un objectif commun d'abolition de l'exploitation animale", a éclairé Matthieu Pineda.

Financements et solutions de communication

Outre une mise en lumière du fonctionnement d'associations comme L214 à travers le buzz vidéo, le consultant a pris le temps d'expliquer leurs sources de financement. "On s'est rapidement rendu compte que cela venait des Etats-Unis et d'Israël et d'entreprises à la pointe de la foodtech", a-t-il poursuivi. Autrement dit, les sociétés qui expérimentent la nourriture artificielle créée en laboratoire. "Il y a aussi beaucoup de ces associations qui ne sont pas de loi 1901 mais de loi 1908 et qui peuvent faire du business", a ajouté Matthieu Pineda. Si la majorité de la population ne sont pas d'accord avec ces organisations (70 % des français selon un sondage CSA en 2019), près de 90 % s'estime en faveur du bien-être animal. Une prise en compte de cet enjeu qui doit pousser les éleveurs à adopter une stratégie de communication. "Il faut que vous continuiez à avoir une ouverture vers les consommateurs, a préconisé Matthieu Pineda. Il y a parfois une déconnexion entre urbains et ruraux dont profitent les animalistes. Il faut de la part des éleveurs être toujours à l'écoute pour répondre aux mieux aux attentes des consommateurs et faire de la pédagogie." Le consultant leur a, enfin, également conseillé de ne pas abandonner le combat des réseaux sociaux, où les associations ont pu propager la majeure partie de leurs idées.