Fleurie
Le marché aux vins conquit les jeunes vignerons

Charlotte Favarel
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Pour sa 97e édition, le marché aux vins de Fleurie a fait salle comble. Cette année, six nouveaux exposants se sont prêtés au jeu le temps du week-end, représentant les crus du Beaujolais, les Pierres dorées et le mâconnais.  

Le marché aux vins conquit les jeunes vignerons
Édition réussie pour ce 97e marché aux vins et ce 16e salon du livre. ©CF/IAR

Vendredi 13 octobre, les allées de la salle des sports de Fleurie étaient déjà bondées de monde dès midi. Le marché aux vins qui regroupe les vins du Beaujolais, Mâconnais et du Chalonnais accueillaient six nouveaux vignerons : le domaine Perrusset, la famille K, le domaine Thomas Rivier, le domaine de la Porte du Paradis, le domaine du champ de la croix et le domaine Benjamin Passot. Preuve de sa notoriété grandissante, « nos clients font plus de 50 km pour venir au marché », introduisait Cyril Copéret, président de l‘association du marché aux vins, lors du discours d’ouverture.

Les Pierres dorées représentées

Dans les allées, Benoit Merchier, aux commandes du domaine La famille K, signe sa première édition. Installé en 2018 à Morancé, cet ancien banquier qui s’est reconverti a planté de nouveaux cépages : pinot noir, pinot gris et gamaret. « Sur les sols argilo-calcaires, les cépages se plaisent et ça nous permet d’élargir la gamme. » Avec 10 ha convertis en bio, le néo vigneron a pu se former à domicile. « J’ai fait une passation d’un an avec le vigneron qui m’a vendu l’exploitation. Je dois avouer que c’était une très bonne chose, autant pour s’initier à la taille, que pour manier le tracteur, rigole-t-il. Je connais aussi mieux l’historique des vignes. » Aujourd’hui, la famille K propose trois cuvées différentes pour le gamay : « une toute égrappée, une plus beaujolaise classique avec grappes entières et un équilibre sur le fruit, et une cuvée vieilles vignes qui propose plus de tanins ».

De nouveaux opérateurs pour les crus

Parti d’une feuille blanche, Benjamin Passot a fait ses armes en Bourgogne, à Nuits-Saint-Georges, « je m’occupais de vignes et de la cave mais financièrement, pour s’installer, c’est inaccessible ». Par une opportunité, il reprend 3,5 ha dans le Beaujolais en 2017 et propose cinq crus : juliénas, chénas, chiroubles, moulin-à-vent et morgon. Le tout, vinifié en parcellaire et élevé en fut pendant dix mois. Il a gardé la vinification bourguignonne, comme il la qualifie. « J’égrappe tout ! J’utilise des levures naturelles, je mets en bouteille à la main. C’est de l’artisanat du début à la fin. » Les vignes ne sont pas labourées et le jeune vigneron défend sa méthode de travail : « je pense que la nature fait bien les choses, elle suit son cours. Cette année, j’ai vendangé le 2 septembre, les raisins étaient murs et j’ai fini le 8. Quand on est dans ce mode d’action, il faut aussi accepter la perte ». Avec un rendement entre 20 et 40 hl/ha, il exporte ses vins dans 10 pays.

Un peu plus loin dans les allées, Thomas Rivier arbore également ses bouteilles. Installé depuis 2019 à Régnié, il a repris les vignes familiales sur 3,7 ha. Il a décidé de convertir ses rangs en agriculture biologique et propose deux cuvées : « avec un terroir homogène, c’est le travail de cave qui prime ». Il propose donc une cuvée sur des notes de fruits frais, élevée dans des cuves en béton. Et une autre cuvée avec plus de rondeur, dont un tiers est élevée dans de vieux futs. Depuis 2020, il restructure le domaine et s’essaie aux couverts végétaux. Thomas Rivier diversifie également la provenance de ses plants et croit à une amélioration des conditions de production. « Les amortisseurs climatiques apportent de la matière organique, favorisent l’échange micro-organique et pallient la sécheresse et les coups de chaleur. »

Le marché gagne en notoriété à chaque édition. Si certains viticulteurs usent de leur meilleur anglais pour renseigner des clients étrangers, les allées comptent également bon nombre de lyonnais et de parisiens. Cette année, le soleil a été de la partie, pour le plaisir des deux food-trucks installés en extérieur.

Charlotte Favarel

Dès midi le vendredi 13 octobre, les allées du marché aux vins étaient pleines. ©CF/IAR
Bande-dessinée

Deuxième numéro pour Les routes du Beaujolais

Le marché aux vins de Fleurie est aussi l’occasion de découvrir la littérature avec le salon du livre qui y est attenant. Pour l’occasion, des auteurs locaux ont présenté le deuxième numéro des Routes du Beaujolais, consacré à Jules Chauvet, négociant et éleveur de vins du Beaujolais.

Comment retracer l’histoire locale en bande dessinée ? C’est le défi lancé par les membres de l’association des éditions du 3e jeudi : Eric Martin, David Bessenay, Estelle Tourtillier, Philippe Branche et Victor Rizman. Dans la même veine que les Rues de Lyon, un mensuel qui propose chaque mois en bande dessinée un récit sur l’histoire lyonnaise, Les routes du Beaujolais entendent mettre en valeur l’histoire du terroir de façon semestrielle.

Bande dessinée périodique de 12 pages sur un personnage, un lieu ou un fait historique du Beaujolais, le premier numéro des routes du Beaujolais a vu le jour en mars 2023 en retraçant l’histoire de Victor Vermorel. À l’occasion du marché aux vins de Fleurie, qui accueille également le salon du livre, le deuxième épisode des routes du Beaujolais est sorti. Consacré à Jules Chauvet, négociant en vins et biologiste originaire de La-Chapelle-de-Guinchay, le deuxième numéro retrace l’histoire de celui qui est aujourd’hui considéré comme le pionnier des vins naturels et de la dégustation moderne. « Jules Chauvet a été un des premiers à faire le lien entre les aromes végétaux, animaux et le vin. Quand on goûte un vin aujourd’hui et qu’on dit qu’il a le gout de fruits rouges, c’est grâce à lui. C’était un personnage fascinant », confie David Bessenay, auteur du scénario. C’est au travers de personnes qui l’ont côtoyé que se dessine ce deuxième numéro. « C’était vraiment un grand chercheur avec une rigueur toute scientifique. L’idée a été de faire parler des gens qui l’avaient côtoyé comme Marcel Lapierre, Jean Lenoir, Alain Chapel… »

C.F.