Chasse
Le gibier lui aussi tributaire du climat

Emmanuelle Perrussel
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Les chasseurs ont repris du service le 12 septembre. En Beaujolais, il faut attendre le 10 octobre pour cause de vendanges. Cette année, le gibier se porte bien, exception faite pour les faisans et les perdrix, pour lesquels la météo printanière et estivale a été défavorable.

Le gibier lui aussi tributaire du climat

Dans le Rhône et dans la Métropole de Lyon, environ 9000 chasseurs ont commencé ou vont commencer une nouvelle saison de chasse. Une saison 2021-2022 qui sera notamment marquée par le décès du président de la fédération des chasseurs du Rhône et de la Métropole, Jean-Paul Besson, le 11 août dernier. Les actions environnementales grâce à de nombreux partenariats vont se poursuivre : près de 15 000 arbres plantés afin de reconstituer des haies bocagères, 400 ha de couverts favorables à la faune sauvage semés et plus de 1000 écoliers sensibilisés à la faune sauvage locale et à la préservation des milieux.

Concernant les populations de gibiers, comme depuis plusieurs saisons, les lièvres et les pigeons ramiers devraient être abondants. Les effectifs de chevreuils sont stables tandis que les sangliers augmentent. Les conditions climatiques de ce printemps et de cet été, ont en revanche été défavorables aux perdrix et aux faisans.

« Un parallèle saisissant »

Antoine Herrmann, directeur de la fédération des chasseurs du Rhône et de la Métropole de Lyon (FDCRML) souligne « le parallèle saisissant entre la météo et la reproduction de la perdrix rouge ». Depuis 1997, la FDCRML réalise un suivi qui permet d’apprécier annuellement la qualité de la reproduction des 2 espèces de perdrix. Ces observations sont soit effectuées au cours de sorties spécifiques ou lors de rencontres fortuites par des bénévoles et des professionnels. Ces derniers notent les oiseaux vus, en groupe ou isolés, accompagnés ou non de jeunes entre le 1er juillet et la fin août. Pour cette saison, le suivi met en exergue que « l’humidité et le froid ont accompagné cette saison de reproduction, ce qui a créé des conditions peu favorables à la survie des jeunes ». Les 26 observateurs sur 33 communes ont remarqué que seuls 50 % des adultes étaient accompagnés de jeunes, ce qui est inférieur à la moyenne. « 384 jeunes et 340 adultes ont été dénombrés, pour 81 compagnies de perdrix rouge où au moins un jeune était présent. Le nombre moyen de jeunes présents est de 2,27, valeur très inférieure à la moyenne », peut-on lire sur le compte-rendu de suivi.

Jean-Michel Pouly, viticulteur sur 8 ha à Cogny en appellations beaujolais et crémant-de-bourgogne et éleveur d’un trentaine de mères limousines et aubracs sur 60 ha, a lui aussi observé une moindre présence de perdrix. « Je suis chasseur et je préside l’association de chasse de ma commune. Tout le temps sur le train de par mon métier d’exploitant agricole, j’ai remarqué que cette année, l’état des populations de perdrix est catastrophique. C’est surtout lié, je pense, à l’importante pluviométrie que nous avons eue : 170 mm en mai, presque 100 en juin puis juillet. Nos activités agricoles ne sont pas responsables car nous avons fauché les foins tard et la période de nidification des perdrix se fait de fin mai à début juillet. C’est regrettable car les effectifs de perdrix remontaient ces dernières années », détaille l’agriculteur-chasseur.

Une réunion de bureau de l’association de chasse de Cogny se tiendra avant l’ouverture de la saison le 10 octobre et « des mesures dans le sens d’une réduction des prélèvements devraient être prises ».

Jean-Michel Pouly ne peut s’empêcher de commenter cette année 2021 : « elle a été favorable aux lièvres, aux bois et aux fourrages. En revanche, elle l’a été beaucoup moins pour la vigne et les perdrix. Le gibier est tributaire du climat, comme les cultures ! ».