DGC Pierres dorées
En route pour la DGC beaujolais Pierres dorées

Charlotte Favarel
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En réflexion depuis vingt ans, le projet de la dénomination géographique complémentaire (DGC) beaujolais Pierres dorées se concrétise. Jeudi 10 mai avait lieu une réunion d’information à Oingt, pour exposer le travail mené par les différentes commissions. 

En route pour la DGC beaujolais Pierres dorées
Illustration du nouveau logo sur une bouteille. Crédits : IAR

« Notre travail est commun en beaujolais et beaujolais villages. Le projet Pierres dorées est un projet pilote. On dispose d’un beau collectif pour le faire avancer. On arrivera à faire cette DGC mais il faut continuer d’y travailler pour qu’elle devienne l’un des fers de lance du Beaujolais », encourageait David Ratignier, vice-président de l’ODG beaujolais - beaujolais villages.

Si le projet a commencé à la fin des années 1990, « l’ODG a repris en main le dossier il y a six ans », retrace Jean-Pierre Rivière, président de l’ODG. « On avait déposé un premier projet qui manquait de cohésion. Alors, trois commissions ont été créées : une pour le cahier des charges, une autre pour la dégustation et enfin, une en charge de la communication et de la promotion », précise-t-il.

Un cahier des charges plus réglementé

En ce qui concerne le cahier des charges, la commission est composée de 12 personnes. « Ce sera un cahier des charges plus restrictif que l’appellation socle, prévient le président. Les normes environnementales auront leur importance, chaque vigneron devra être engagé en HVE 3, Terra Vitis® ou en bio. » De plus, tous les prétendants à la dénomination devront passer par une commission pour disposer de l’agrément. Une mise en marché plus tardive, au mois d’octobre, et une dégustation obligatoire après la mise en bouteille permettront de confirmer l’agrément. Une présélection pourrait se faire en amont. « On ne peut pas parler d’élevage et commercialiser nos vins quatre mois après les vendanges », remarque le président.

Selon lui, la restriction de ce cahier des charges permettra de mettre en avant « le meilleur du terroir et des coteaux. 20 à 25 % de l’appellation actuelle pourra être revendiquée en beaujolais Pierres dorées ». Interrogé sur cette question du nombre d’ha concernés, il précise : « ce sera 20 à 25 % d’environ 12 000 ha, donc 2000 à 2500 ha pourront bénéficier de la DGC ». Environ 40 communes seront concernées. En termes de rendement, « on sera plus faible. Pour le blanc, on parlait de 68 hl/ha et en rouge, on serait autour de 50 hl/ha, mais il faut qu’on ait la validation de l’INAO », détaille le président.

Une communication adaptée

Composée de professionnels du vin, restaurateurs, vignerons et techniciens, la commission communication, a, « depuis deux ans, l’objectif de créer une image et un univers visuel pour la DGC Pierres dorées », précise Ghislaine Dupeuble, en charge de la commission et vigneronne à Le Breuil. En plus de l’expertise apportée par Zebrand, entreprise spécialisée dans le design qui a réalisé le logo (voir encadré), une plaquette, des réseaux sociaux et un site Internet ont été créés. Une carte recensant les vignerons y est disponible. « Nous sommes en train de traduire une plaquette professionnelle en anglais pour s’adresser au plus grand nombre. Nous préparons une autre plaquette plus succincte à destination des touristes et un dossier de presse. Nous réfléchissons également à un événement en 2024 pour promouvoir la DGC. » L’objectif est d’avoir un discours commun pour le projet de territoire et savoir le valoriser.

Déguster pour pouvoir caractériser

 « On veut opérer une réelle montée en gamme avec une qualité irréprochable pour cette DGC », insiste Cyril Sapin, en charge de la commission et viticulteur au Val d’Oingt. Méven Otheguy, chercheur en analyse sensorielle, a présenté les conditions des dégustations menées depuis le mois de janvier. Huit séances de dégustation ont été réservées pour le rouge avec 131 échantillons et deux pour le blanc avec 40 échantillons. « Les séances de dégustation rassemblent des beaujolais, beaujolais villages et beaujolais Pierres dorées. Pour chaque couleur, des millésimes entre 2018 et 2021 étaient proposés », explique-t-il. C’est à l’aide de la méthode RATA, « avec une liste prédéfinie depuis la littérature scientifique et en accord avec la commission, qu’une vingtaine de descripteurs ont été choisis. Pour chacun d’eux, les dégustateurs devaient noter leur intensité », illustre le chercheur. Côté résultats, « on note une opposition entre les vins. D’un côté végétal, acide, amer, astringent et de l’autre complexe, concentré, équilibré et long. Cette diversité intra-appellation met en lumière le fait qu’il n’y ait pas encore de cahier des charges défini, expose Méven Otheguy. Les résultats ont montré également une plus grande qualité sur les blancs que sur les rouges. »

Pour Jean-Pierre Rivière, cette différence est une force : « la diversité géologique va faire de l’identité de la DGC une excellence sans standardisation et vins uniformes ». Quoi qu’il en soit, l’heure est à la communication et à la mobilisation. « On a toutes les cartes en main, avec un patrimoine et une histoire à raconter, encourageait Daniel Bulliat. Il y a une carte à jouer sur les blancs. Il faut de l’unité et y croire. »

Charlotte Favarel

 

Plus de détails sur www.vinsbeaujolaispierresdorees.fr

L’éclat d’une culture
L’entreprise Zebrand, basée à La Tour-de-Salvagny, a crée le logo en reprenant les caractéristiques géologiques et d’excellence de la future DGC. Crédits : IAR
Communication

L’éclat d’une culture

Pour produire un visuel reprenant les caractéristiques essentiels du beaujolais Pierres dorées, la commission a fait appel à une entreprise de communication. Son directeur de création nous livre le cheminement. 

Erik Berchet, directeur de création de l’entreprise Zebrand témoigne de la logique empruntée pour donner jour au visuel concernant la DGC Pierres dorées.

« Quand on parle de communication, il faut y mettre des mots et une histoire. Certes, il y a une image mais il faut qu’elle ait du sens. On a donc questionné les commissions sur les éléments importants à raconter. Il faut s’appuyer sur les mêmes atouts, avec des mots qui vont toucher tout le monde. » Il précise également qu’il faut arriver à décrire le projet en une phrase.

« L’éclat d’une culture fait référence à la localisation, au produit d’excellence et au travail exigent et précis des vignerons. Avec ce logo, on a cherché à répondre au territoire. Nous avons identifié différentes zones géologiques en reprenant la couleur ocre, emblème du secteur, qu’on a démultipliée pour faire le parallèle avec les différentes couleurs de vins. La construction en pierre centrale représente un verre pour une invitation à la dégustation. L’objectif de ce logo est de pouvoir l’apposer comme label et blason. »

C.F.

Dates clés pour la promotion de la DGC

Benjamin Caumont, chargé de mission pour l’ODG beaujolais - beaujolais villages, a fait le point sur les événements à venir.

  • 5 juin : Face cachée des beaujolais, des villages aux Pierres dorées à Blacé.
  • 12 juin : Sélection de Montmartre dans un Bistrot beaujolais à Paris : présentation et valorisation de la DGC.
  • 3 juillet : Sélection d’Excellence des Pierres dorées au 210, à Villefranche.

Jean-Pierre Rivière précise le futur cahier des charges de la DGC beaujolais Pierres dorées.