L'info en bref
Egalim 2, foie gras, compte de l'agriculture...

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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L'essentiel de l'information agricole nationale et régionale de ces dernières heures, à lire chaque lundi, mercredi et vendredi dès 9 h.

Egalim 2, foie gras, compte de l'agriculture...

Egalim 2: les contrôles «vont s’accélérer dans les prochaines semaines» (ministère) 

À l’issue du deuxième comité de suivi des négociations commerciales 2022, le 16 décembre, le ministère de l’Industrie a annoncé un renforcement des contrôles de la DGCCRF (répression des fraudes) pour veiller à la bonne application de la loi Egalim 2. « Les contrôles vont s’accélérer dans les prochaines semaines, nous porterons une attention particulière aux potentielles pratiques abusives des centrales d’achats internationales », la loi s’appliquant à tous les acteurs opérant sur le marché français, a insisté le cabinet de la ministre Agnès Pannier-Runacher auprès de la presse. La DGCCRF a déjà contrôlé les conditions générales de ventes de 115 industriels pour vérifier qu’elles prévoyaient la transparence du coût des matières premières agricoles dans les contrats de vente. 42 entreprises ont dû revoir leurs CGV pour se mettre en conformité avec la loi. Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture informe que le décret précisant les seuils de chiffres d’affaires en dessous desquels les agriculteurs et leurs premiers acheteurs seront exemptés de contractualisation obligatoire devrait paraître à la fin de l’année, pour une entrée en vigueur début 2022. «Ces seuils seront assez bas. C’est, par exemple, 10 000 € pour un éleveur et 100 000 € pour un acheteur en viande bovine», a précisé le ministère.

Comptes de l’agriculture: nette hausse du «PIB agricole» français attendue en 2021 

À l'occasion de la réunion de la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation (CCAN) le 15 décembre, l’Insee a publié ses chiffres prévisionnels provisoires pour l’année 2021. Ils sont marqués par un rebond de 11,5% en euros courants de l’équivalent agricole du PIB (valeur ajoutée brute au coût des facteurs), après la baisse de 5,4% en 2020. Rapportée à l’actif, la hausse est de 11,7%, et de 11,2% en euros constants, dans la tendance positive observée depuis le début des années 2000. La hausse de la valeur ajoutée par actif est portée par la baisse de l'emploi (-0,2%) et surtout la progression des prix (+8,7%), notamment en céréales (+24,9%), oléoprotéagineux (+40,3%), vin (+7,4%) et fruits (+7,4%). Les volumes sont en recul de 1,1%, en particulier dans le vin (-19,4%) et les fruits (-11,3%), malgré le rebond des céréales (+17%). La production animale connait de son côté une légère baisse des volumes (-1,6%) et une hausse des prix (+3,4%), répartie sur les trois grandes productions (viandes rouges, volailles, laits). Les consommations intermédiaires augmentent en valeur de 2,8%, après avoir baissé l’an passé. Cela s’explique essentiellement par l’augmentation des prix de l’énergie (+15,7%) et des aliments pour animaux dont les prix grimpent de 9,5%.

Vins: naissance d'un nouveau géant du champagne

Un nouveau géant du champagne est né mercredi de la fusion-absorption de la Coopérative régionale des vins de Champagne (CRVC), qui commercialise notamment le Champagne Castelnau, par le Centre vinicole-Champagne Nicolas Feuillatte (CV-CNF), a annoncé le 15 décembre ce dernier dans un communiqué. Le nouveau groupe coopératif, fort de 6.000 vignerons et de près de 9% de la surface agricole du vignoble champenois, restera derrière le numéro un du secteur, le groupe de luxe LVMH, qui détient les marques Moët & Chandon, Ruinart, Veuve Clicquot, Krug, Dom Perignon, etc. Mais il rivalisera avec les autres grands du champagne, dont Pernod-Ricard avec Mumm et Perrier-Jouët, et Laurent-Perrier. Le champagne Nicolas Feuillatte est déjà la marque leader en France et la troisième dans le monde en volume. Ce genre de fusion est «un événement sans précédent en Champagne depuis 25 ans», assure le nouveau regroupement. La fusion a été adoptée «très largement» par les assemblées générales extraordinaires des deux entités, réunies consécutivement mercredi. Elle sera effective dès le 31 décembre. Elle permet l'émergence d'un nouveau groupe coopératif, «Terroirs & Vignerons de Champagne», dont les viticulteurs cultivent près de 3.000 hectares.

Etiquettes compostables: les colles ne seraient pas concernées par la loi Agec

Le ministère de la Transition écologique envisage d’autoriser, au-delà du 31 décembre, les substances adhésives actuellement utilisées pour apposer les étiquettes directement sur les fruits et légumes, selon plusieurs sources concordantes. L’Hôtel de Roquelaure est donc prêt à fléchir sur l’interprétation de l’article 80 de la loi Agec, qui prévoit que seules les étiquettes compostables à domicile seront autorisées à partir du 1er janvier. Cette information a été confirmée à Agra Presse le 15 décembre par l’interprofession des fruits et légumes frais (Interfel). Dans une lettre envoyée le 29 octobre au président d’Interfel Laurent Grandin, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili affirme que «les colles ne sont pas concernées» par l'obligation d'être compostable à domicile, a détaillé l’interprofession. Pour autant, une lettre n’ayant pas d’effet normatif, Interfel attend que le ministère confirme son intention «par une disposition réglementaire, ou officiellement dans une FAQ sur son site web», a indiqué le responsable des affaires juridiques d’Interfel Fabien Gaucher.

Viande bovine: la Chine lève son embargo sur les produits brésiliens 

La Chine a levé le 15 décembre l'embargo imposé depuis septembre sur les importations de viande bovine brésilienne après la détection de deux cas atypiques d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), dite "maladie de la vache folle", ont annoncé les gouvernements chinois et brésiliens. L'embargo avait été imposé le 4 septembre, conformément à un protocole bilatéral existant entre les deux pays, même si le ministère avait assuré qu'il n'y avait «aucun risque pour la santé humaine ou animale». Les deux cas détectés détectés chez des «animaux d'age avancé» lors d'inspections sanitaires, dans le Minas Gerais (sud-est) et le Mato Grosso (centre-ouest), étaient «atypiques». Cela signifie que la maladie est apparue «de manière spontanée et sporadique, sans relation avec l'ingestion d'aliments contaminés». Le gouvernement brésilien estime que l'impact de l'embargo sera "minimal" pour le résultat de l'année 2021. «S'il y a vraiment une différence (par rapport à 2020), elle sera inférieure à 2%», a expliqué Orlando Leite Ribeiro, secrétaire au Commerce international du ministère de l'Agriculture.

Viande: Interbev précise ses objectifs pour la présidence française de l"UE 

Dans un communiqué du 16 décembre, Interbev (interprofession bétail et viandes) fixe quatre conditions à remplir pour considérer la présidence française de l'Union européenne (PFUE) comme un «succès» sur le plan de la réciprocité des normes. La filière demande que Paris «identifie» et «valide avec ses partenaires» les «normes européennes de bien-être animal à imposer en "miroir" aux produits importés», puis d'«imposer ces clauses-miroirs dans la conditionnalité tarifaire des accords commerciaux en cours de négociation». En cas d'absence de clauses-miroirs, Paris «devra s’opposer à toute nouvelle ouverture de contingents d’importation de viandes bovines», estime Interbev. Par ailleurs, l'interprofession réclame que «toute importation de viandes bovines issues de pays "à haut risque" au regard de l’enjeu de déforestation [soit] interdite» en l'absence de traçabilité individuelle des animaux. Enfin, Interbev exige d'obtenir «l’acte délégué tant attendu visant à interdire les importations européennes de viandes issues d’animaux "dopés" aux antibiotiques». Prévu par le règlement sur les médicaments vétérinaires du 11 décembre 2018, ce texte doit «en théorie être pris par la Commission européenne avant le 28 janvier 2022».

Foie gras: pas d'«appel au boycott», précise le maire de Lyon 

Devant le tollé suscité par son refus de servir du foie gras lors des réceptions officielles, le maire de Lyon Grégory Doucet a tempéré son propos le 11 décembre. «Nous ne proposons (…) pas de foie gras lors des réceptions organisées dans les salons de l'Hôtel de ville depuis 2020», confirme l'édile dans une tribune parue dans le Journal du dimanche. Et de relativiser: «Ce n'est ni un appel au boycott, ni une mesure d'interdiction.» L'élu écologiste explique vouloir «voir émerger d'autres modèles que celui de l'agriculture industrielle et de l'élevage intensif, la banalisation ou l'intensification du gavage des oies à la chaîne». Au-delà de la commande publique, c'est surtout la question des restaurants qui avait mis le feu aux poudres. Le 6 décembre, dans le mensuel Lyon capitale, M. Doucet avait déclaré qu'il souhaitait «que son initiative puisse être suivie dans les restaurants pour limiter au maximum le service du foie gras, voire l’arrêter». La «totale liberté [des restaurateurs] ne fait pas débat», écrit le maire de Lyon dans un effort pour étouffer la polémique. Et de clarifier: «La question de la commande publique ne doit pas être confondue avec celle des repas de fête, au sein du foyer comme au restaurant.»

Bovins: l'incidence des éoliennes sur deux élevages ligériens écartée (Anses) 

Dans un rapport du 16 décembre, l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation) a estimé que le lien entre l’installation d’un parc éolien à proximité de deux élevages bovins de Loire-Atlantique et les troubles observés par les éleveurs était «hautement improbable». «La chronologie des troubles est incompatible avec les périodes de construction et de mise en service du parc éolien», conclut l’agence, qui a réalisé des expertises sur les deux exploitations. De plus, informe-t-elle, ni la consultation de ses homologues européens, ni la littérature scientifique existante «n’ont rapporté l’existence de problèmes de cette nature». Elle avait été saisie après le signalement de troubles chez les animaux (mortalité élevée, comportements inhabituels, diminution de la qualité et de la quantité de lait…), apparus selon les éleveurs après l’installation de huit éoliennes à environ 1 km de chaque exploitation en 2012. L'Anses rappelle cependant que ses conclusions «ne sont pas extrapolables» à d'autres situations. Elle recommande la création d’un «protocole standardisé» pour étudier ce type de signalement et la réalisation d’un travail de recherche à partir de «cas témoins» pour «statuer sur l’impact potentiel des éoliennes sur la santé et le bien-être des animaux d’élevage».

Coopération agricole: Dominique Chargé réélu à la présidence pour un second mandat 

La Coopération agricole annonce dans un communiqué la réélection de son président Dominique Chargé par les membres du conseil d’administration de l’organisation, réunis en assemblée générale le 16 décembre. À la tête de la fédération des coopératives agricoles et agroalimentaires françaises depuis 2018, le président sortant est reconduit pour un mandat de trois ans. Éleveur de vaches laitières et de volailles et producteur de céréales en Loire-Atlantique, Dominique Chargé est également vice-président de la coopérative Terrena et président de l’institut Agro (écoles supérieures de Rennes, Angers et Montpellier). «Tout au long de ces prochaines années, nous travaillerons à garantir l’équation compétitivité-transitions dans nos filières, tout en œuvrant à renouveler les générations d’agriculteurs et à attirer les salariés dans nos entreprises, a déclaré Dominique Chargé dans un communiqué.