TERRA VITIS®
La certification par et pour les vignerons

Charlotte Favarel
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Certification française depuis 1998, Terra Vitis® a été créée par un groupement de vignerons. Engagement environnemental, responsabilité sociétale et durabilité économique figurent dans le cahier des charges. Rencontre avec un vigneron converti Jérôme Paris et Thibault Laugâa, conseiller viticulture et Terra Vitis®.

La certification par et pour les vignerons
Jérôme Paris, vigneron à Régnié Durette et adhérent à Terra Vitis® depuis un an, possède plusieurs hectares de vignes en métayage.

Si 80 points d’exigence composent le cahier des charges Terra Vitis®, pas de quoi se décourager car la certification compte aujourd’hui 70 adhérents dans le Beaujolais. Reconnue par le ministère de l’Agriculture, elle est exclusivement réservée aux acteurs viticoles. Jérôme Paris, qui a repris des vignes familiales à Quincié-en-Beaujolais et en exploite à Régnié Durette explique sa vision : « quand je pense à Terra Vitis®, je parle souvent de culture raisonnée de la vigne. On se rapproche du terrain, on regarde comment nos vignes évoluent. On s’était éloignés de toutes ces valeurs-là, mais aujourd’hui l’approche change ». Adhérent depuis un an, il est convaincu qu’un travail au plus près de la terre est possible et il ne regrette pas son choix. « Je voulais avoir une ligne de conduite à suivre. J’ai eu des problèmes de santé en 2015 et ça m’a fait réfléchir. Il ne faut pas faire n’importe quoi dans ses vignes. »

Quelle organisation pour la certification ?

Si la démarche est globale, elle n’en est pas moins contrôlée. « L’ADN de Terra Vitis®, c’est la traçabilité de la vigne à la cave, introduit Thibault Laugâa, conseiller à la chambre d’agriculture du Rhône, on a un diagnostic d’entrée quand un viticulteur veut se lancer dans la démarche. Si on voit que le cahier des charges est trop éloigné de ses pratiques, on conseille de prendre un an de plus pour s’en approcher, afin que la transition soit plus facile. » Avec un audit interne et un externe effectués par des organismes indépendants, la certification prend généralement une année. « C’est un travail assez évolutif, surtout pour les interventions dans la vigne. J’ai demandé la certification pour 2021 et ça a commencé au 1er janvier. J’ai eu mon diagnostic d’entrée au printemps, j’ai pris contact avec un conseiller de la chambre qui est venu pour connaitre l’historique de l’exploitation. Ensuite, il y a un audit interne réalisé par la chambre d’agriculture, qui aide à préparer en amont les documents administratifs et les papiers à remplir. Et un externe par Certipaq. », se souvient Jérôme Paris.

Et le planning de l’association sur une année est bien chargé : six réunions de conseil d’administration au minimum par an, une assemblée générale au printemps, « où on fait le point sur le cahier des charges » et trois commissions techniques, « une en été, une avant les primeurs et une début décembre », avec des audits en amont de ces périodes, dont un où les vignerons se rendent à Villefranche-sur-Saône pour justifier de leur conformité. Et attention, si une non-conformité est relevée lors des audits, « automatiquement ça déclenche un audit pour l’année suivante », précise le conseiller.

Au cœur de la démarche évolutive, des échanges

L’avantage avec la certification Terra Vitis®, c’est que les adhérents réfléchissent ensemble à l’évolution de leur métier. « Au-delà de l’administratif, l’intérêt est la réflexion collective », partage Thibault Laugâa. Et Jérôme Paris le confirme, « avant je ne connaissais pas bien les produits, en passant en Terra Vitis®, ça implique qu’on s’intéresse de près à ce qu’on met dans nos vignes. J’ai appris plein de choses depuis un an », se réjouit le vigneron. Lors des commissions techniques, qui ont lieu trois fois par an, les échanges ont la part belle. « À la dernière commission, on a parlé d’un cas d’un vigneron qui n’avais pas assez de place pour séparer les produits dans son cuvage, et on a cherché des solutions tous ensemble », illustre Jérôme Paris. En perpétuelle évolution, le cahier des charges est retravaillé en fonction de la réglementation qui évolue mais pas que. « Les difficultés des uns et des autres permettent l’évolution du cahier des charges. Selon ce qui est ressorti aux audits, chaque association fait remonter au niveau national et on peut s’apercevoir que des choses non obligatoires au départ le deviennent parce que la plupart des adhérents les pratiquent », partage le conseiller. Et si la certification se veut globale, elle évolue avec son temps pour coller au mieux aux attentes du citoyen. « En 2023, on aura une réflexion sur le côté social avec l’accueil de salariés, comment choisir des prestataires… Mais aussi sur le bilan carbone des exploitations », projette Thibault Laugâa.

Charlotte Favarel