Cru juliénas
Tous ensemble face aux enjeux

Charlotte Favarel
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Mercredi 3 mai avait lieu l’assemblée générale du cru juliénas. Collectif et convivialité qualifient le cru qui fait face à différents enjeux. Entre la montée en gamme, la revalorisation des cotisations et la flavescence dorée, plusieurs décisions ont été votées. 

Tous ensemble face aux enjeux
Cave coopérative de Juliénas. Crédits : IAR

C’est à la cave coopérative de Juliénas que l’assemblée générale du cru éponyme s’est déroulée le 3 mai. Lilian Matray, Laurent Perrachon et Jérôme Corsin, qui se partagent la présidence, sont revenus sur plusieurs sujets : flavescence dorée, cotisations, promotion et identité du cru… Nathalie Chuzeville, directrice de l’ODG des crus et Jean-Marc Lafont, président, étaient également présents pour mettre en évidence les chiffres clés du cru et sa gestion.

Avec un résultat 2022 positif, la prévision budgétaire pour 2023 est « à 57 000 €, dont 46 000 € pour la promotion », précise Célia Matray, secrétaire. La dégustation à Paris Panorama juliénas et les Nuits du vin sont les deux événements phares de l’année. Pour pouvoir suivre et anticiper, Jérôme Corsin a fait part « d’une proposition d’augmenter les cotisations de 12,5 €/ha à 15 €/ha. On reste dans la fourchette basse par rapport aux autres crus ». Une décision largement acceptée et votée par l’assemblée.

Des chiffres clés révélateurs d’enjeux

Avec 537 ha de surface récoltée, qui représentent 9 % des volumes des crus du Beaujolais, et 177 récoltants, les chiffres se maintiennent par rapport à 2021. Côté restructuration, « sur quatre ans, il y a eu davantage d’arrachage que de plantation. Plus de 16 ha n’ont pas été replantés », prévenait la directrice sur ce point. Le rendement atteint 37 hl/ha et « juliénas reste le cru, avec fleurie, où il y a le plus de coopératives récoltantes » (34 %). La tendance est à la baisse niveau stock par rapport à 2021, tout comme les sorties de chais : « on revient aux niveaux de 2014/2015 (entre 10 et 13 000 hl) et on peut dire que la campagne 2020/2021 a été atypique au niveau des volumes », précise Nathalie Chuzeville.

C’est du côté des ventes que le cru se démarque. « Le premier marché est celui des grandes et moyennes surfaces, avec un prix mieux valorisé cette année qui atteint 7,07 €. C’est la plus belle évolution depuis 2014. Juliénas a connu un démarrage très précoce sur les ventes au négoce », s’enthousiasme la directrice.

Flavescence dorée, un défi commun

Avec 60 communes touchées par la flavescence dorée dans le Beaujolais, la commission gérée par Jean-Philippe Granger pour le cru juliénas a participé aux prospections. « On a fait un tiers de la surface l’année dernière. On aimerait faire plus et avancer davantage. Le fait de pouvoir bomber les ceps nous aiderait aussi pour l’identification des ceps infestés », partage-t-il. Il est rejoint par Jérôme Corsin sur ce point, qui veut montrer la préoccupation de la profession sur le sujet : « la règle est de mettre des rubalises mais elles ne tiennent pas forcément. Bomber pourrait être une solution plus efficace pour éviter de propager des foyers. Cette pratique permet d’aller au bout de la démarche et de ne pas démotiver les équipes qui prospectent ». Cette solution de bombage a été votée par l’assemblée.

En ce qui concerne les traitements, ce sont deux traitements minimum obligatoires pour tout le monde. Jean-Marc Lafont, président de l’ODG des crus rappelle par ailleurs la nécessité du collectif sur l’enjeu de la flavescence : « on a vraiment besoin de travailler tous ensemble sur ce sujet car c’est notre patrimoine qui est en jeu et il y en a encore certains qui ne veulent pas traiter... Alors que les secteurs où le traitement et l’arrachage sont fait sérieusement voient les retombées positives ».  

Un cru solidaire pour la valorisation

Concernant la mise en avant des crus, juliénas ne fait pas exception. Plusieurs actions ont été réalisées en ce sens : rencontre avec l’AOC mercurey, accueil de la délégation de l’INAO en juillet 2022, enquête de pratiques et de savoir-faire, proposition d’un cahier des charges en réflexion commune avec quatre autres crus, etc.

« Il y a différents critères qui entrent en jeu, l’idée est que les crus les plus avancés comme fleurie poursuivent. On a travaillé sur l’identité du cru. On met en avant notre esprit d’équipe et la diversité des terroirs », rapportait Jérôme Corsin. Avec son côté convivial qu’on ne peut lui enlever, le cru compte aussi sur ses événements comme les Nuits du vin les 23 et 24 juin prochains pour communiquer et valoriser sa production. « Les gens apprécient qu’on puisse servir les vins de nos collègues aussi aisément, le collectif plaît », se réjouit-il.

Et l’image du Beaujolais change positivement. Lors du congrès Cnaoc qui a eu lieu les 27 et 28 avril dans le Beaujolais, beaucoup de retours positifs ont été exprimés. Nathalie Chuzeville en partage quelques-uns : « l’humilité des vignerons a été beaucoup appréciée, tout comme la capacité à parler de toutes les appellations. Tout le monde est reparti avec une image différente du Beaujolais et de ses vins ».

Charlotte Favarel

Chiffres clés 2022 du cru juliénas

  • 537 ha de surface récoltée.
  • 177 récoltants.
  • 7,25 ha renouvelés en 2021/2022.
  • 20 075 hl de récolte.

Top 10 des lieux dits du cru chiroubles selon la surface

Célia Matray, secrétaire et les trois présidents Lilian Matray, Laurent Perrachon et Jérôme Corsin ont animé l’assemblée générale. Crédits : IAR