VinEquip
Le Salon des solutions régionales

Après bien des péripéties dues à la Covid, la première édition de VinEquip à Mâcon en 2022 a rencontré un beau et large succès. Plus de 3000 visiteurs venant de Bourgogne et des Côtes du Rhône, mais également d’Alsace, du Jura, des Savoies… ont fait le court déplacement pour trouver des solutions et matériels adaptés à nos vignobles à haute densité et vignes étroites. Les exposants l’ont bien compris et ont confirmé leur présence pour cette édition des 28, 29 et 30 mars au Parc des expositions. L’édition 2024 est même déjà annoncée ! Interview de Philippe Dutheil, organisateur pour GL Events.

Le Salon des solutions régionales

Pouvez-vous nous rappeler les origines de VinEquip à Mâcon ? D’où est venue l’idée ?

Philippe Dutheil : « Le Salon VinEquip est né en discutant avec différents exposants au Parc des expositions de Mâcon lors du Salon que nous organisons sur les filières vracs : sable, ciment… On trouvait bizarre qu’il n’y ait pas de Salon vitivinicole alors que ce secteur est le premier employeur lorsqu’on réunit toutes ses composantes. De plus, les Salons ont tendance à se régionaliser, comme à Vinitech ou Sitevi, pour rester dans un rayon de trois heures de trajet. L’idée était de faire un test pour voir si les exposants allaient répondre positivement à la première édition. On a eu un très bon mix avec un parterre intéressant d’exposants locaux, régionaux et même internationaux. »

Est-ce que le visitorat a suivi ?

Philippe Dutheil : « Depuis le Covid, on se posait la question si les Salons allaient durer. Eh bien, oui et même, ils sont plus performants ! Tout le monde trouve que cela fait du bien de se revoir, de discuter en vrai. En plus, tout s’est très bien passé avec de très bons contacts entre exposants et nos 3000 visiteurs alors que ce n’était que la première édition. Nous avons eu de très bons échos, les exposants étaient contents de rencontrer de nouveaux clients et aussi de revoir des anciens clients qu’ils n’ont pas toujours le temps de voir lorsqu’ils sont occupés à travailler dans les vignes. 
Nos visiteurs professionnels - vignerons principalement mais aussi œnologues, consultants… - viennent principalement des vignobles des Côtes du Rhône, de Bourgogne mais aussi d’Ardèche, de Savoie, du Bugey et même d’Alsace et de Champagne. »

Comment l’expliquez-vous ?

Philippe Dutheil : « Nos exposants proposent beaucoup de solutions et matériels pour les vignes à haute densité ou vignes étroites. Notre objectif n’est pas de dépasser les 5000 visiteurs, juste de dépasser les 3500 en 2023 – et nous avons déjà 20 % de pré-enregistrements en plus – pour rester sur des contacts de qualité entre professionnels et exposants. »

Le Salon VinEquip va-t-il se tenir tous les ans ?

Philippe Dutheil : « C’est rarement l’organisateur qui décide mais plutôt les exposants qui le font. Nous leur avons posé la question et ils nous ont répondu : les exposants locaux aiment bien les événements annuels. Les exposants nationaux ont d’autres Salons mais tant que VinEquip leur amène du business, ils sont prêts à le pérenniser. On se laisse donc un peu de temps pour voir s’il faut le faire évoluer mais je peux déjà vous dire qu’on refera VinEquip en 2024. Toujours à la même époque pour marquer les esprits et l’inscrire comme une habitude. »

Y a-t-il des nouveaux exposants internationaux ou des nouveautés particulières cette année ?

Philippe Dutheil : « Il n’y a pas forcément besoin d’exposants internationaux pour avoir des nouveautés intéressantes, bien au contraire. Cela étant, on retrouve les tendances actuelles autour de la robotisation, des choix de variétés végétales, des solutions pour lutter contre le gel… Nos exposants sont de toute façon tournés vers les problématiques du secteur régional. »

Il y a notamment un espace « Work in Wine » dédié aux questions sur l’emploi en tension dans ces filières ?

Philippe Dutheil : « Comme dans tous les secteurs, l’emploi reste problématique et les employeurs cherchent des subterfuges comme la robotisation mais on s’aperçoit surtout qu’il n’y a pas assez de candidats, souvent en raison d’un manque de communication sur les formations, mais aussi sur les métiers, qui ont l’image d’être pas à la mode, durs, « has been ». Il y a un gros travail de communication à faire et nous nous y employons avec la filière. On réfléchit d’ailleurs à faire plus de démonstrations en plein air avec des établissements viticoles locaux mais cela prend du temps. Nous avons mis en place des groupes de travail pour que l’organisation monte crescendo. »

Avec le gel 2021, comment sentez-vous la tendance des marchés en cette année 2023 pour le monde du vin ?

Philippe Dutheil : « La tendance est plutôt bonne même si l’an dernier, j’étais comme les vignerons, dehors à 3 h du matin la veille du Salon pour scruter si les vignes allaient ou non geler. Comme eux, nous restons vigilants, sous pression jusqu’au dernier jour. Reste que nous affichons complet et nous avons doublé les surfaces d’exposition dehors car nous avons la chance d’avoir les 4 à 5 plus grosses entreprises régionales qui viendront exposer, après avoir testé l’an dernier. Tout est donc réuni pour que les vignerons puissent trouver leurs réponses et du matériel après avoir fait leur tour d’observation pour bien choisir. Il y a aussi une grosse offre de matière grise et de savoir-faire en termes de services. Enfin, avec les revendeurs régionaux, l’offre est complète. Même si un visiteur n’a pas son carnet de chèque, il doit venir pour voir comment évolue sa profession. L’entrée et le parking sont gratuits, il y a des invitations, des pré-enregistrements… tous les professionnels sont les bienvenus. »

Propos recueillis par Cédric Michelin

Programme des conférences

Des conférences scientifiques, techniques et économiques de haut niveau

En complément de son offre exposante et des tables rondes en matinée, une quinzaine de conférences sont au programme chaque après-midi. Elles seront animées par des experts de toute la région et de nombreux instituts. Coordinateur national pour les services vigne & vin des chambres d’Agriculture, Benjamin Alban – avec en plus le Vitilab de Saône-et-Loire et le Vinipole Sud Bourgogne à Davayé - a fait appel comme l’année dernière aux meilleurs spécialistes dans des domaines aussi variés que des recherches scientifiques, techniques, économiques…

Ainsi, le mardi 28 mars dès 14 heures, Florence Chapin et Matthieu Boulard, de Novagraaf France, se pencheront et se questionneront sur les « brevets et marques : comment se prémunir de la contrefaçon ? » Pas évident pour un vigneron, notamment à l’export, de connaître les grands principes des droits de propriété intellectuelle car il est question de cela derrière. De façon simple et concrète, ces experts expliqueront comment tenter de se protéger face aux contrefaçons faisant flores sur les marchés, parallèles ou non, des vins.

Même jour mais à 15 heures, la deuxième conférence concernera potentiellement tout le monde, visiteurs et exposants compris. Le responsable du Service études économiques de Chambres d’agriculture France, Thierry Pouch reviendra sur « l’augmentation des intrants : phytos, matières premières, verre… » qui touche en particulier les filières viti-vinicoles. L’occasion de voir différents scénarios pour savoir si l’inflation et la crise énergétique vont se prolonger au-delà de la guerre en Ukraine, avec un basculement géopolitique mondiale et la fin de la mondialisation heureuse qui pourrait aussi remettre en cause des marchés à l’export (Chine…).

Mercredi 29 mars à 13 h 45, retour dans les vignes avec une table ronde sur le « matériel végétal et le dépérissement ». Christine Dubus, chargée de mission à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et Héloïse Mahé, du pôle technique du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), reviendront sur ce sujet central pour la pérennité des vignobles. L’occasion de faire un tour d’horizon de l’organisation de la filière, des projets de recherche, du projet de développement Qanopé… ainsi que des derniers résultats des recherches du Plan national contre le dépérissement.

Vers 15 h 45, une conférence sur le développement durable et plus particulièrement l’œnotourisme durable devrait intéresser tous les vignobles et domaines. Ayant lancé son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2035, le BIVB a identifié des pistes d’amélioration du côté des clients et circuits touristiques. Demain, viendront-ils en trains, vélos ou voitures électriques et dès lors, comment s’orienter vers le slow tourisme expérientiel. Ce sont quelques-unes des questions qui sont déjà dans la tête des grands tour-opérateurs de ce monde.

Jeudi 30 mars, l’après-midi s’annonce chargé avec pas moins de quatre conférences au menu. La première à midi s’intéressera à la délicate question des traitements bio et conventionnels à base de cuivre. Nicolas Constant de l’IFV présentera le Centre de ressources cuivre. Ensuite à 13 h 30, dans la même veine, Manon Lebleux, ingénieure recherche à l’Université de Bourgogne, et sa collègue Marielle Adrian, prodigueront des conseils pour tenter de réduire les intrants chimiques à l’aide de biocontrôle et avec la bioprotection. La recherche avance en effet sur ces nouveaux moyens de protection pour limiter les risques de maladies ou ravageurs mais est-ce qu’ils seront suffisants ?

Toujours dans cette droite lignée, la conférence sur « Pourquoi et comment installer des haies dans les vignobles » à 14 h 15 sera pratico-pratique avec des conseils sur les essences à choisir ou les coûts d’implantation, toujours avec précaution pour une bonne cohabitation avec les vignes. Lise-Marie Lalès, de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or présentera des cas concrets.

À l’image du projet Vitaf, d’agroforesterie en viticulture, lancé sur trois parcelles dans le Mâconnais et qui devrait bientôt être soutenu par la Région. Comment planter des haies autour des vignes mais également des arbres dans les rangs ? Rien n’est simple mais pas impossible non plus. Avec des étés caniculaires, les premiers résultats montrent un ombrage bienvenu et une concurrence hydrique des vignes sur les arbres.

C.M