Beaujolais nouveaux

Action des viticulteurs devant Castel

Saint-Priest, sur le parking d’un fast-food américain. Il est 6 h 30 quand les premiers producteurs des appellations beaujolais et beaujolais villages se réunissent. Après quelques échanges et consignes transmises par Jean-Pierre Rivière, vice-président de l’ODG beaujolais – beaujolais villages (BBV), le convoi prend la direction du groupe Castel. A peine arrivés, les vignerons déposent à l’entrée du site une botte paille et barrent l’entrée avec du ruban de chantier. Les drapeaux de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs sont sortis, tout comme les affiches de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale.

Syndicats d’hommes et d’appellation se sont donc réunis pour cette deuxième action, la première depuis le blocage du serveur des enregistrements en début de campagne, qui sonnait comme un premier avertissement. Ce vendredi matin, ils ont dénoncé "l’attitude de certains acheteurs de vins en vrac faisant des propositions d’achat de vins indécentes, ainsi que des méthodes pernicieuses employées pour arriver à leur fin". Et cette fois, le groupe Castel était dans le viseur des opérateurs. "Leur dernière méthode utilisée, c’est la mauvaise foi. Nous avons le retour de trois caves particulières. Leurs échantillons de primeurs ont été dégustés mais recalés, considérant qu’ils n’ont pas le niveau qualitatif souhaité. Malgré tout, le négociant est prêt à acheter leurs vins mais ce sont aux vignerons de proposer un prix. Le rapport normal entre un vendeur et un acheteur est totalement inversé. Surtout, on a atteint le paroxysme", a expliqué David Ratignier à la soixantaine de producteurs présents ce vendredi matin.

Bonnet d’âne et stage intensif d'initiation à la dégustation

Arrivés sur leur site à 8 h, les principaux représentants du groupe Castel, Christophe Chagnot et Florian Debiesse, ont confirmé une sélection qualitative des vins, tout en réfutant une volonté de réduire le prix d’achat. "Depuis le début de la campagne, tous les achats de vins que nous avons réalisés correspondent aux prix de la Mercuriale. Actuellement, il reste peu de vins à acheter et nous avons des annulations de commandes suite aux dernières mesures sanitaire du Gouvernement », se sont défendus les deux responsables de Castel. "Si nous voulons vivre, il faut acheter nos vins à 200 €/hl au minimum. Sinon on ne s’en sort pas. Nous travaillons durement. Nous devons être payés correctement", a répliqué un vigneron. "N’oubliez pas que si les vignerons disparaissent, vous n’aurez plus de vins à vendre", a ajouté un autre producteur.

Durant cet échange, les vignerons ont symboliquement remis le bonnet d’âne aux deux responsables de Castel (photo) et offert un stage intensif d’initiation à la dégustation, niveau novice pour le week-end du 17-18 octobre. "La mauvaise foi ne suffit pas pour être acheteur. Il faut aussi avoir des connaissances techniques. Nous espérons qu’ils seront attentifs aux savoirs qui leurs seront transmis. Et ainsi, avec ces nouvelles bases, ils pourront tranquillement continuer leurs achats qualitatifs et valorisants, respectant les coûts de production des producteurs pendant les semaines à venir", a précisé David Ratignier.

Une fois l’entrevue terminée, les producteurs ont quitté les lieux vers 8 h 30, tout en prévenant les représentants du groupe Castel que de nouveaux blocages pourraient être décidés si de nouvelles offres sont formulées à des prix indécents. "Et cette fois, ce sera sur l’intégralité de la journée et plusieurs jours", a précisé Jean-Pierre Rivière.