Climat
Concilier son installation et les enjeux climatiques

Charlotte Favarel
-

À l’occasion de la journée Tranplins organisée le 2 décembre par la chambre d’agriculture du Rhône, une conférence sur les enjeux climatiques s’est tenue. Assurance multirisque climatique, part de l’énergie dans l’exploitation et financement étaient les axes principaux pour répondre à ce défi lors de l’installation. 

Concilier son installation et les enjeux climatiques
Pour réunir le maximum de monde, cette conférence s’est tenue dans le hall d’entrée de la Maison des agriculteurs, plusieurs questions concernant la mutualisation d’énergies renouvelables ont été posées.

C’est à la Maison des agriculteurs que la chambre d’agriculture du Rhône a organisé la journée Tranplins le 2 décembre. Une journée informative rythmée par des conférences pour répondre aux interrogations de chacun et chacune sur l’installation et la transmission. Changement oblige, les enjeux climatiques occupent une place importante dans la réflexion autour de son installation.

L’assurance multirisque climatique

Les épisodes d’aléas climatiques sont de plus en plus nombreux et peu de territoires y échappent. Si le Fonds des calamités agricoles existe depuis soixante ans, dès le premier janvier 2023, les choses changeront. Gilles Bretonnier et Nicole Brossard intervenaient pour le compte de Groupama Rhône-Alpes Auvergne. « L’indemnité de calamités agricoles n’existera plus pour celles et ceux qui n’ont pas choisi une assurance. On voit au niveau de la sinistralité que ça se dégrade depuis 2016, c’est important de protéger les cultures », informait Gilles Bretonnier. Face à ce changement, les deux responsables présentaient l’assurance multirisque climatique.

« C’est une protection universelle pour que les agriculteurs puissent faire face aux aléas climatiques. À partir du 1er janvier 2023, il y aura la transformation des contrats existants et la date butoir pour choisir un interlocuteur agrée est au 31 mars 2023, précisait Nicole Brossard avant d’illustrer avec un exemple. Si on prend une culture non assurée, avant la réforme, tout était pris en charge par le Fonds de solidarité nationale, après la réforme, il y aura un seuil de déclenchement de 50 % pour avoir droit au Fonds de solidarité et dans un cas d’une perte à 100 % il y aura seulement 45 % qui sera pris en charge par le Fonds de solidarité nationale, tout le reste sera à la charge des agriculteurs. »

L’énergie au sein de l’exploitation

Lors de son installation, on peut décider d’ajouter un atelier de transformation avec une chambre froide, de s’équiper en machines, il faut cependant prendre cette hausse d’énergie en compte et s’adapter, c’est ce que rappelait Enzo Casnici, conseiller énergie à la chambre d’agriculture. « Pour limiter l’impact, il y a trois pistes à creuser : on peut procéder à des renforts d’isolation ; ce qui sera un investissement largement amorti par le futur. Concernant les conditions de travail, pour plus de confort, on peut investir dans la mécanisation et l’automatisation mais il faut prendre en compte cette consommation énergétique plus importante qui laisse une empreinte climatique. Enfin, on peut miser sur une production d’énergies renouvelables et sur le photovoltaïque. »

Le photovoltaïque peut devenir une source de revenus. En revendant son électricité à EDF qui s’engage à racheter l’électricité produite pendant vingt ans par des panneaux installés sur un bâtiment agricole, certains agriculteurs paient une bonne partie de leurs factures. « Autre outil, la méthanisation, où on revend au réseau le plus souvent car c’est assez rare d’utiliser la méthanisation pour de l’autoconsommation », précisait le conseiller. Il ajoute aussi que dans les grands postes consommateurs d’énergies, l’engrais a sa place. La méthanisation s’avère être une solution pour avoir une forme différente d’engrais (digestat) qui peut remplacer l’engrais chimique et économiser le carbone.

Financer le changement

Depuis 2020, la Banque populaire Auvergne Rhône Alpes a créé la banque de la transition énergétique afin d’accompagner le financement de projets et accélérer la transition. Que ce soit pour de la production, de la rénovation ou de l’innovation, plusieurs projets peuvent être financés. Grâce à des partenariats avec des installateurs de panneaux, la banque propose un accompagnement global. Odin Soirot, responsable au service accompagnement EnR présentait trois modèles économiques pour le photovoltaïque. « Il y a l’injection, où l’électricité produite est vendue intégralement à EDF avec un contrat d’achat pendant vingt ans. Avec un chiffre d’affaires connu à l’avance qui tombe tous les mois. Le deuxième, c’est l’autoconsommation totale, qui est plus rare. On voit plutôt la troisième option qui est l’autoconsommation avec surplus. Une fois que l’exploitant a consommé tout ce qu’il voulait, ce qu’il y a en trop, il le revend à EDF pendant vingt ans. »

Pour imaginer l’installation, Odin Soirot partage un exemple : « 100 kWc de panneaux installés représentent à peu près 500 m2 de toiture avec un coût d’investissement autour de 100 000 euros avec des charges d’exploitations à payer tous les ans aux alentours de 3000 euros. Selon où vous allez être situé et l’ensoleillement, le revenu différera mais ce sera à peu près 13 000 euros de chiffres d’affaires par an. On compte un retour sur investissement à partir d’une dizaine d’années. »

Ces projets peuvent être longs, « entre le moment où sont lancées les démarches et le moment où elles sont effectives, il se passe souvent un ou deux ans », concluait le responsable.

Charlotte Favarel

« Entre le moment où sont lancées les démarches et le moment où elles sont effectives, il se passe souvent un ou deux ans », partageait Odin Soirot, de la banque de la transition énergétique.