SMRB
Faire vivre les rivières du Beaujolais

Charlotte Favarel
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Le 31 mai, le syndicat mixte des rivières du Beaujolais (SMRB) a organisé un ciné-débat au lycée Bel Air, à Belleville-en-Beaujolais. La diffusion du documentaire Dobra Voda, en présence de la réalisatrice Valérie Valette, réinterroge nos pratiques et illustre le (dys)fonctionnement des cycles de l’eau partout dans le monde.

Faire vivre les rivières du Beaujolais
En fin de soirée, les participants pouvaient ajouter différentes notes sur ce qu’ils avaient appris, ce qui les avait touchés et leur futur engagement sur une fresque de L’Ardières. Elle a été réalisée par les élèves de terminale, avec des photos depuis la source jusqu’à l’embouchure. Crédits : IAR

Le 31 mai dernier, l’amphithéâtre du lycée Bel Air a accueilli un ciné-débat organisé par le SMRB et diffusé le documentaire de la réalisatrice Valérie Valette, intitulé Dobra Voda, (« bonne eau » en slovaque).

« L’eau est le premier bien commun »

Si la soirée met le cycle de l’eau au cœur des enjeux, certains élèves du lycée Bel Air ont proposé en amont une animation corrélée. « Nous faisons déguster à l’aveugle de l’eau du robinet et de l’eau de source et chacun vote pour celle qu’il préfère. » Après comptabilisation, c’est l’eau du robinet qui remporte la manche : « elle est moins polluante et moins chère, si plus de personnes pouvaient baisser leur consommation d’eau minérale, ce serait parfait », défend une élève.

« Face au changement climatique, faisons vivre nos rivières du Beaujolais » était le thème de la soirée et plusieurs acteurs du territoire étaient présents pour parler de solutions à l’échelle départementale. Vice-président du SMRB, Benoit Froment insiste : « l’eau est le premier bien commun, avec le réchauffement climatique, il est mis à mal. Le SMRB s’occupe de 500 km de cours d’eau pour l’entretien, la gestion, la qualité de l’eau, la prévention des inondations, la lutte contre la pollution… ».

Un cycle de l’eau perturbé

Si le documentaire a été réalisé en 2015, beaucoup d’éléments se retrouvent aujourd’hui et ont évolué. À travers la France, la Slovaquie, le Canada, le Paraguay, le Pays basque, la Norvège ou encore la Corée du Sud, mais aussi le Burkina Faso, la réalisatrice est allée à la recherche de solutions mises en place localement. Elle est également revenue sur les grands principes de fonctionnement des cycles : « grâce au cycle de l’eau, les ressources hydriques de la planète se renouvellent constamment, dans les mêmes quantités depuis des millions d’années. Le grand cycle de l’eau est bien connu, l’évaporation des océans se condense et se déverse en précipitations au-dessus des continents. Soit les pluies s’infiltrent dans le sol pour alimenter les nappes phréatiques, soit elles ruissellent en surface et rejoignent le réseau des rivières et des fleuves pour se jeter à nouveau à la mer. » Les végétaux jouent également un rôle majeur, ils transpirent par leurs micropores et « émettent de la vapeur d’eau se condensant en rosée, brume et brouillard. Cette vapeur retourne en averse douce sur l’écosystème qui l’a fait naitre ». Grâce aux petits cycles de l’eau, les pluies sont renouvelées en douceur et les continents hydratés et climatisés.

Mais, chaque année dans le monde, ce ne sont pas moins de 12 millions d’ha de forets originelles qui disparaissent néanmoins, brisant le cycle habituel de l’eau. « À partir des années 1950, le taux de carbone a bondi pour plusieurs raisons : l’essor de l’industrie, des transports et de la consommation de masse. Le trafic maritime, rarement pris en compte, émet plus de 35 t de CO2 par seconde. »

Des solutions localisées 

En Slovaquie, plus de 100 000 petits ouvrages de rétention d’eau de pluie ont été construits. Ils ralentissent le flux d’eau et contiennent les sédiments, leur laissant ainsi le temps de stagner et d’infiltrer le sol. « Les techniciens ont suivi l’avis des agriculteurs pour savoir où l’eau va inonder », témoigne un hydrologue slovaque. Ce système de barrières fabriquées avec des essences locales de bois a été appliqué en Norvège également, il permet aux nappes phréatiques de se remplir. D’autres solutions, comme la création de mares et d’étangs pour retenir l’eau en Slovaquie ont porté leurs fruits. L’agroforesterie est une véritable alliée pour redonner de l’élan au cycle de l’eau.

Dans le Beaujolais, Quentin Perroud témoigne dans une vidéo du SMRB de l’importance de la ressource en eau. Installé au château du Basty à Lantignié, il se trouve sur un versant de L’Ardières, « on a mis en place des bandes enherbées entre chaque rang de vignes. Cela permet d’éviter l’érosion et que l’eau n’emporte tout sur son passage. Je vais faire ce que je peux pour que l’eau qui s’écoule du domaine, soit de la meilleure qualité possible ». Il revoit maintenant des abeilles, mouches, sauterelles et araignées sur son exploitation. Plus au Sud, Lionel Delorme pratique le pâturage tournant. « Le Morgon et le Nizerand sont une source d’eau intarissable et on doit tous faire des efforts pour la préserver. » Avec le SMRB, il a installé des clôtures au bord des rivières avec un aménagement de points d’abreuvements fixes lors du projet de mise en défens des berges du morgon. « On s’est compris et on a fait des aménagements sur des points qui fonctionnaient mal, que ce soit bénéfique pour la rivière, mais aussi pour que l’exploitant puisse continuer à travailler normalement. »

Grâce à ces exemples de solutions locales, la gestion de l’eau se réapproprie en collectif. Une priorité à étendre à tous les territoires à l’heure où la ressource en eau s’appauvrit.

Charlotte Favarel

Ils font vivre les rivières du Beaujolais avec le SMRB