Déjà novateur avec l’ancienne calibreuse acquise en 2011, Sicoly s’inscrit dans la modernité avec la toute nouvelle calibreuse mise en marche il y a quelques semaines. Vendredi 9 juin avait lieu l’inauguration dans l’entrepôt Sicoly, à Saint-Laurent-d’Agny. 

5 t de cerises triées en une heure !
Pas moins de 10 lignes permettent d’acheminer les cerises de plus de 22 mm aux caméras, pour une analyse de la colorimétrie et de la taille. Crédits : IAR

Direction Saint-Laurent-d’Agny, vendredi 9 juin, pour l’inauguration de la calibreuse de cerises à Sicoly. La coopérative a accueilli plus d’une cinquantaine de personnes, coopérateurs, clients, partenaires et élus, pour une visite guidée au plus près de la machine.

Stopper la maturité et stocker

Jean-Bernard Cherblanc, directeur du secteur fruits frais, a pris en charge les visites par groupe de 20 personnes minimum. Mais avant de se rendre auprès de la fameuse calibreuse, il a pris soin de rappeler l’itinéraire des cerises une fois déposées par les producteurs. « Livrées sur des palettes, commence-t-il, on dispose les cerises sur le convoyeur qui avance dans le tunnel de l’hydrocooling. » Cette grosse machine, placée à l’entrée, permet leur conservation grâce à « de l’eau froide à 1°C ruisselle et refroidie à cœur les fruits pour stopper leur maturité et les raffermir ». Avec 10 m3 d’eau, l’eau est traitée par électrolyse et purifiée, « ce qui permet de l’économiser et la réutiliser ». Après cette étape, direction la chambre froide pour stocker les cerises avant le tri. Chaque lot réceptionné est tracé « avec un système fiché où producteurs, variétés et parcelles sont identifiés ».

Une vision à 360° pour chaque cerise

C’est dans la dernière salle tout au bout de l’entrepôt réaménagé en conséquence, que la fameuse calibreuse Unitec Cherry Vision se trouve. Dès le début de la ligne, une première avancée technologique s’observe : « le vidage des cagettes est automatique, elles s’enfoncent dans l’eau et le courant les mènent vers le tapis élévateur ». Étape suivante : le séparateur de pédoncules. « Sur 10 rangées disposées en quinconce, des lames permettent de séparer les pédoncules sans frotter les fruits entre eux. C’est ici aussi que les cerises de moins de 22 mm de calibre sont écartées. » Toujours transportées grâce à de l’eau froide, les cerises sont ensuite photographiées une à une. « Des caméras optiques multispectrales permettent une vision à 360° de chaque cerise. Ce ne sont pas moins de 30 photos qui sont prises pour chaque fruit. » Avec cette vision d’ensemble, les cerises présentant des défauts sont écartées. « Le chef de file peut demander un échantillon à la calibreuse s’il a un doute sur son jugement. » Pour les chanceuses qui continuent leur course, elles sont réparties dans l’une des 24 sorties possibles, en fonction de leur coloration et de leur diamètre. Ce sont ensuite des opérateurs, à l’œil humain aiguisé, qui vérifient qu’aucun défaut ne reste en sortie. Enfin, les cagettes de 5 kg sont ensuite acheminées vers une autre salle pour l’envoi et la vente.

Mieux trier pour mieux valoriser

Les cerises n’ayant pas terminé ce parcours ne sont pas perdantes pour autant. « Avec cette machine, plusieurs sorties sont possibles : celle des déchets, qui ne sont plus mélangés au reste, celle des cerises plus foncées et celle des cerises plus claires à valoriser. » L’idée est d’éviter le gaspillage et de privilégier la transformation. Une cliente de Sicoly qui travaille pour Gélifruit s’intéresse justement à ces bacs : « on fait de la surgélation, ces produits nous intéressent pour être revalorisés dans la filière industrielle ».  

De plus, la valorisation des producteurs est plus importante grâce à cette nouvelle calibreuse : « les calibres vont de 22-24 mm à plus de 30-32 mm, illustre Patrick Reynard, président de la coopérative. Et niveau prix, on va du simple au double ».

Plus de 2 millions d’euros de budget

Grâce à ses associés arboriculteurs, Sicoly produit chaque année en moyenne 1800 t de cerises, « une production importante pour la coopérative ». Si la machine a coûté 2 millions d’euros, l’aménagement du bâtiment a atteint 700 000 €. « L’ancienne calibreuse vieillissait et nous n’avions pas le droit de tomber en panne, témoigne Patrick Reynard. On limite la pénibilité sur les postes de travail et pour les opérateurs. » En effet, si l’ancienne calibreuse demandait une quarantaine de personnes pour son bon fonctionnement, la nouvelle en réclame 15 de moins. Après deux mois de montage et d’assemblage, la calibreuse fonctionne depuis quelques semaines.

Si la récolte 2023 s’annonce limitée en quantité, « la qualité du fruit est au rendez-vous ».

Charlotte Favarel

Le mot du président
Patrick Reynard, président de la coopérative Sicoly. Crédits : IAR

Le mot du président

« C’est important que les producteurs et les opérateurs soient là aujourd’hui », introduisait Patrick Reynard lors de l’inauguration de la nouvelle calibreuse de cerises à Sicoly. Si l’investissement est conséquent pour l’entreprise (voir par ailleurs), la production de cerises est importante sur le territoire. « Deux tiers de nos associés coopérateurs en produisent. » En remerciant les anciens dirigeants, présidents, collaborateurs, le président actuel reconnait l’importance de soutien de la filière. « C’est la production où nous avons le plus d’associés coopérateurs, il était important d’investir pour valoriser l’ensemble de la production. On gagne en confort de travail grâce à cette calibreuse. » Si l’investissement sera amorti d’ici dix ans, Patrick Reynard compte sur les producteurs pour continuer à s’impliquer dans cette production.

Valoriser la valeur ajoutée

Si le nombre d’associés coopérateurs diminue et passe à 90, « nous avons gardé le potentiel de production avec moins de producteurs, ce qui montre de plus en plus de performance ». Le nombre de collaborateurs, quant à lui, décolle, « les ateliers de diversification sont de plus en plus importants. On va chercher la valeur ajoutée sur le produit des associés coopérateurs ». Si la drosophila suzukii reste la plus grosse incertitude de la filière, le Rhône est le deuxième département producteur et compte bien continuer à valoriser la production.

C.F.

La plus grande calibreuse de cerises de France débarque à Saint-Laurent-d’Agny, à la coopérative Sicoly.

Inauguration de la calibreuse Cherry Vision, à Sicoly.