Gel
Le préfet au chevet des agriculteurs

Zoé Besle
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Mardi 13 avril, le préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes Pascal Mailhos et de nombreux autres élus se sont rendus sur deux exploitations fruitières du Rhône, suite à la vague de froid de la semaine du 5 avril. Des mesures exceptionnelles ont d’ores et déjà été annoncées.

Le préfet au chevet des agriculteurs
Pascal Mailhos sur l’exploitation de Christophe Blanc, à Orliénas.

« Ce ne sont pas des millions qui vont pouvoir aider notre profession, mais des milliards ». Devant les 45 hectares de fruit de son exploitation, Christophe Blanc, arboriculteur à Orliénas, est désemparé. Avec son frère Laurent, il cultive pêches de vignes, cerises et pommes. La moitié de son exploitation est conduite en agriculture biologique. Malgré l’arrosage des vergers pendant les jours les plus froids de la semaine passée, rien n’y a fait : l’EARL de la Chauchère a perdu 95 % sa récolte 2021. La totalité des pêches sont touchées, et les pommes et cerises restantes risquent d’avoir des problèmes de développement « Elles vont grossir trop vite, et nous n’avons pas la possibilité de mettre des frais pour les traiter et s’en occuper ». Les agriculteurs ont pourtant tout fait pour lutter contre le gel. « On s’est levé toutes les nuits, mais quand les températures descendent à -6°C, rien n’y fait », constate froidement l’arboriculteur. En temps normal, son entreprise vend l’intégralité de sa production au groupe coopératif Sicoly et réalise un chiffre d’affaires annuel de 650 000 €. « J’emploie une vingtaine de personnes d’habitude, mais là on risque de perdre nos salariés habituels, alors qu’il est déjà très difficile de trouver de la mains d’œuvre. Ces personnes fidélisés vont aller voir ailleurs ».

Le cas de l’EARL de la Chauchère est loin d’être isolé. Dans la zone des Coteaux du Lyonnais, où l’arboriculture est très présente, le bilan est catastrophique pour les pêches de vignes et les abricots : les récoltes de ces fruits sont quasiment toutes touchées à 100 %. Les pommes et les poires ont été partiellement épargnées sur certains secteurs mais il y a une perte de qualité, car ce sont souvent les fruits de catégorie 2 qui ont survécu. Pour les cerises, la situation est hétérogène : certains arboriculteurs ont perdu la totalité de leur récolte, d’autre peuvent espérer réaliser 50 % de ce qu’ils font d’habitude. Les viticulteurs ne sont pas épargnés, notamment pour le cépage chardonnay, durement touché.

Des aides exceptionnelles débloquées

« Ce sont beaucoup de catastrophes causées par le dérèglement climatique qui se succèdent, et vous en subissez les effets », a constaté Pascal Mailhos. Le préfet de la région Aura a rappelé que le premier Ministre Jean Castex et le ministre de l’Agriculture Julien de Normandie avaient annoncé des mesures exceptionnelles face à cet épisode de gel très violent. « Le ministre de l'Agriculture a déjà engagé le système de calamités. Il sera déplafonné. Nous allons réunir les banquiers, les assureurs et l'ensemble des acteurs pour faire face. Il faudra aller au-delà en dégageant des enveloppes exceptionnelles » a ainsi déclaré Jean Castex lors d’un déplacement à Annonay (Ardèche). La Région Aura à quant à elle annoncé une aide exceptionnelle de 15 millions d’euros. Le Département va lui aussi apporter son soutien, en s’adossant à ce plan régional. Certaines collectivités locales vont elles aussi mettre la main à l’ouvrage. « La communauté de communes du Pays Mornantais va débloquer son propre fonds, mais c’est un pansement sur une jambe de bois. Toutes les collectivités vont aider, mais c’est l’État qui a le rôle le plus important à jouer », a souligné Renaud Pfeffer, président de la communauté de communes du Pays Mornantais. Le président de la chambre d’agriculture Gérard Bazin a parlé de la nécessité d’un « Plan Marshall » pour l’agriculture. « Il faut un plan global, les périodes de référence deviennent des handicaps. Il faut une réflexion commune, avec l’Europe, les assurances, les banques… un travail de fond collectif sur la durée est nécessaire pour relever les défis de cette crise d’ampleur inégale », a abondé le préfet.