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Léonard de Vinci revient en "stop mo"

Près de Valence, le studio Foliascope vient d’achever le tournage d’un film d’animation consacré à Léonard de Vinci et coproduit avec un ancien de chez Disney et Pixar.

Léonard de Vinci revient en "stop mo"
Très précieuses, les marionnettes - ici Léonard de Vinci - sont rangées dans leur « maison de poupée ». Bouche et yeux sont ajoutés lors du tournage, selon l’expression recherchée. Pour Léonard, personnage principal du film, dix marionnettes ont été fabriquées.

Après deux ans et demi de travail, Foliascope, studio de production de films d’animation installé depuis 2020 à Saint-Péray (07), a achevé, fin 2022, la réalisation d’un long-métrage sur Léonard de Vinci. Plus précisément sur la fin de sa vie en France sous le règne de François Ier, époque de grandes découvertes et d’incertitudes. « Il s’agit d’une coproduction franco-américaine, précise Nicolas Flory, producteur et directeur artistique de Foliascope. L’idée du film provient de l’Américain Jim Capobianco, un ancien de chez Disney et Pixar qui a déjà signé le film Ratatouille et coécrit Le Roi Lion. »

La sortie est prévue fin 2023 aux États-Unis sous le titre "The Inventor" (L’inventeur). Au casting des voix de la version américaine figurent Stephen Fry (Léonard de Vinci), Daisy Ridley (Marguerite de Navarre) et la française Marion Cotillard (Louise de Savoie). Baptisée "Léo", la version française, elle, est prévue pour début 2024. « Pour notre studio, c’est un projet incroyable », confie Nicolas Flory.

« Une sorte de mini-Hollywood »

L’essentiel du tournage s’est fait en stop motion ("stop-mo" dans le jargon de l’animation). Des marionnettes articulées d’une trentaine de centimètres ont été filmées image par image dans des décors du château d’Amboise et du Clos Lucé fabriqués sur place. Installé dans un ancien garage de 1.200 m², « Foliascope est une sorte de mini-Hollywood, explique Nicolas Flory. On a seize plateaux, c’est-à-dire seize espaces où l’on peut mettre un animateur avec un décor, des marionnettes, des lumières, une caméra pour tourner des plans. » De grands rideaux noirs entourent chacun des plateaux afin que rien - ni bruit, ni lumière - ne vienne déranger les animateurs qui mettent en mouvement les marionnettes fabriquées sur place en résine, silicone ou mousse de latex. Autour, le studio est une suite de plans de travail sur lesquels fourmillent crayons, ciseaux, tournevis, perceuses, ordinateurs… « On travaille avec tout un tas d’objets et de matériaux en utilisant aussi bien des technologies de pointe que des choses très simples achetés dans le magasin de bricolage tout proche », précise Nicolas Flory.

Une quarantaine de secondes par jour

Dessinateurs, décorateurs, animateurs, intervallistes, coloristes, designers, armaturistes, mouleurs, peintres, menuisiers, couturiers, accessoiristes… Au plus fort de la production, une cinquantaine de personnes de onze nationalités différentes ont travaillé ensemble à Saint-Péray. Des ingénieurs de Dassault ont même contribué à reconstituer des machines inventées par Léonard de Vinci. Grâce à ses différents plateaux et à une excellente coordination, le studio est parvenu à tourner une quarantaine de secondes par jour (le film dure 82 minutes), à raison de quatre secondes par plateau. Un véritable travail de fourmis pour donner à chaque marionnette les expressions recherchées. Les éléments les plus fragiles - comme les bras, les yeux, les mains - ont été répliqués des centaines de fois. Les bouches aussi.

Un an de préparation a été nécessaire avant de commencer le tournage, lequel a duré un an, ce qui est assez rapide. « La moyenne actuelle pour sortir un film est de quatre ans. Avec Léonard, on aura mis seulement deux ans », fait remarquer Nicolas Flory. Il faut préciser que le film, conçu comme « une aventure épique pour toute la famille », a bénéficié d’un budget important, environ dix millions d’euros. Le génial artiste et inventeur « Léo » devrait connaître le succès.

 

Christophe Ledoux

Le studio ardéchois Foliascope a été choisi par l’Américain Jim Capobianco pour retracer en stop motion une partie de la vie de Léonard de Vinci. Ce même studio est actuellement à l’affiche avec le film « Interdit aux chiens et aux Italiens », coup de cœur du dernier festival d’Annecy. Ce film retrace l’histoire des Italiens qui ont quitté leur pays pour venir construire routes, ponts et barrages en France et de leur intégration.