Foncier
Quel renouvellement des générations en Beaujolais ?

Charlotte Favarel
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L’enjeu du renouvellement des générations touche toutes les filières agricoles. En marge de l’assemblée générale d’Inter Beaujolais, la chambre d’agriculture du Rhône a présenté officiellement lecoindufoncier.fr, un site Internet qui facilite le contact entre cédants et repreneurs en viticulture. 

Quel renouvellement des générations en Beaujolais ?
Lecoindufoncier.fr est un site qui fait le lien entre propriétaires ou cédants et candidats.

Conseiller installation et transmission en viticulture à la chambre d’agriculture du Rhône, Marc Robin travaille depuis près d’une année et demie sur le renouvellement des générations. Il a opéré tout un travail de recensement à l’aide de référents communaux du Beaujolais pour encourager les vignerons proches de la retraite à transmettre leur exploitation. Aujourd'hui, 700 structures ont été étudiées. Le site Internet est fonctionnel depuis novembre et met en relation cédants et repreneurs en viticulture. « Il y a moins de viticulteurs qu’avant. Aujourd’hui, un vigneron sur deux a plus de 55 ans », introduit Pascal Aufranc, élu à la chambre d’agriculture du Rhône. Pour ce sujet, tous les acteurs du Beaujolais, d’Inter Beaujolais, au Département, en passant par les communautés de communes, la Région et la chambre d’agriculture, unissent leurs forces. « Il y a beaucoup de propriétaires qui demandent un repreneur et même dans les crus on perd des hectares ! », constate Daniel Bulliat, président d’Inter Beaujolais.

Anticiper sa transmission 

Sur le vignoble, ce sont 50 % des vignerons qui travaillent seuls, avec un statut individuel. « 28 % des vignerons de plus de 60 ans n’ont pas encore commencé à réfléchir à la transmission », alerte Marc Robin. Il détaille que l’un des principaux freins à la transmission est lié au fait que les enfants ne reprennent pas l’exploitation, mais aussi, parce que les principaux interrogés veulent travailler tant que leur santé le leur permet.  

Concrètement, 45 % des interrogés (vignerons de plus de 50 ans) ne savent pas comment ils vont transmettre leurs vignes, 55 % ne veulent pas transmettre leur logement, souvent situé directement sur l’exploitation. Enfin, 44 % ne savent pas comment ils vont transmettre leur bâtiment technique.  

Pression foncière et nouvelle configuration de travail 

68 % des nouveaux installés ont exercé un métier hors de la filière et pour 45 % d’entre eux, c’est à la suite d’une reconversion professionnelle qu’ils se sont dirigés vers la viticulture. Si 63 % d’entre eux sont d’origine beaujolaise, ce sont 37 % qui viennent d’autres régions ou départements.  

De plus, l’accès au bâti se révèle difficile, « 72 % des cuvages sont liés à la maison d’habitation et de plus en plus de personnes récemment installées ne disposent pas de logement sur l’exploitation », observe Marc Robin. Peut-être que les vignerons de demain n’habiteront pas systématiquement sur leur exploitation, c’est ce que Jacky Menichon, maire de Lancié et président de la CCSB, remarque : « il y a un changement de destination lié aux installations de jeunes qui vivent en moyenne à 14 km de leurs vignes. On entre dans une nouvelle ère où les exploitants ne vont plus habiter sur leur exploitation. » Et si de plus en plus de jeunes installés pratiquent cette nouvelle configuration, différentes raisons sont avancées, « à 63 %, c’est parce qu’il n’y avait pas de logement disponible, à 44 % à cause du prix des logements, à 25 % par volonté de ne pas habiter sur place et à 13 % par choix familial », précise le conseiller. Jérémy Thien, vigneron, maire de Jullié et vice-président de la communauté de communes Saône Beaujolais, l’a bien compris : « cette étude pose la question de l’accès au bâti, au matériel et au cuvage. Il faudra avoir l’écoute de l’État sur cette question de construction de bâtis agricoles. » 

Le plus souvent, les nouveaux installés ont trouvé leur exploitation seuls ou par des amis et connaissances. Enfin, plus de 30 % se plaignent de trouver des offres disponibles mais non adaptées à leurs besoins.  

Un site qui facilite l’accès au foncier 

Lecoindufoncier.fr a pour objectif de faciliter la rencontre entre vendeurs et acheteurs, bailleurs et preneurs. Avec une interface intuitive, les acheteurs peuvent rechercher vigne, cuvage ou domaine à louer ou à acheter, avec des filtres par communes, et choisir le type de cession souhaité. Pour les cédants, qu’on soit en individuel ou pas, il est possible de créer une offre au nom des structures ou à son nom propre. Et si l’accès au numérique est un frein, Marc Robin insiste sur le fait qu’il peut être un intermédiaire pour poster l’annonce. Déjà 40 références, représentant une centaine d’hectares, sont en ligne sur le site Internet.  

L’initiative a été saluée par les nombreux professionnels et acteurs du vignoble présents, même si quelques points de vigilance ont été discutés comme le niveau de formation des potentiels acheteurs et les délais administratifs. 

 

Charlotte Favarel

Informations

lecoindufoncier.fr

Marc Robin, 06 71 07 60 85,

[email protected]