Viticulture
Quels itinéraires avec 450 g de glyphosate par ha et par an ?

David Duvernay
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L’Institut français de la vigne et du vin vient de publier une plaquette pour accompagner la filière viticole vers les nouvelles restrictions pour l’usage du glyphosate.

Quels itinéraires avec 450 g de glyphosate par ha et par an ?

Dès cette année, les vignerons et techniciens seront confrontés à un usage restreint du glyphosate. Ces restrictions s’inscrivent dans le cadre du plan de sortie du glyphosate engagé par le Gouvernement et pour lequel l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait lancé une évaluation des alternatives non chimiques à cet herbicide dont les résultats ont été rendus publics le 9 octobre 2020.

Pour la viticulture, les conséquences de ces nouvelles restrictions sont multiples :

- interdiction d’utilisation du glyphosate entre les rangs de vigne : l’alternative est le maintien de l’herbe ou le désherbage mécanique ;

- restriction donc de la dose annuelle maximale autorisée à 450 g de glyphosate par hectare, les applications étant limitées à 20 % de la surface de la parcelle, soit une réduction de 80 % par rapport à la dose maximale actuellement autorisée ;

- dérogation d’utilisation dans les situations où le désherbage mécanique n’est pas réalisable : vignes en forte pente ou en terrasses, sols caillouteux, vigne-mères de porte-greffes.

Pour l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), "le viticulteur va se retrouver dans l’impossibilité de réaliser deux applications de glyphosate par an. Cette restriction à 450 g par an et par hectare, en lieu et place des 2160 g par an et par hectare, aura pour conséquences d’introduire une combinaison de pratiques associant herbicides et travail du sol. Il faut envisager les restrictions de glyphosate actuelles comme une période de transition vers l’arrêt des herbicides et introduire progressivement des pratiques d’entretien mécanique, voire d’autres alternatives dans son itinéraire".

Deux itinéraires, avec et sans vivaces

Afin d’accompagner la filière vers cette transition, l’IFV, dans une plaquette éditée le 8 janvier dernier, propose donc deux itinéraires techniques différents, l’un comprenant une application unique de glyphosate avec vivaces, l’autre sans vivaces.

Pour la première stratégie citée, "il est nécessaire de gérer la flore par un travail du sol en amont, l’hiver précédent et au printemps. La première étape consiste à réaliser un cavaillon à l’automne (octobre-novembre) et de procéder à un décavaillonnage léger en sortie d’hiver (février-mars) pour éviter de toucher les racines. On procèdera ensuite à un ou plusieurs passages de lames bineuses au printemps (mai-juin) qui vont fragmenter la terre pour dissocier les mottes et les racines des adventices. En juillet, une application de glyphosate permettra de résoudre la problématique vivaces", développe l’IFV.

Pour la seconde stratégie, sans vivaces, un cavaillon à l’automne est également exigé, car la nouvelle dose autorisée ne sera pas en mesure de détruire un couvert végétal fortement développé en sortie d’hiver. "Cette recommandation est à raisonner en fonction des parcelles et de l’année climatique en lien avec le potentiel de développement des mauvaises herbes après les vendanges", indique l’IFV, qui préconise ainsi une application de glyphosate à la sortie d’hiver (février-mars), en association avec un herbicide de prélevée. Si l’herbe réapparaît, l’IFV recommande une opération de travail du sol par un désherbage avec une décavaillonneuse ou des lames bineuses pour défaire le cavaillon et dissocier les mottes des racines des adventices. Un ou plusieurs passages de lames bineuses pourraient être nécessaires jusqu’à l’été (juillet), selon les conditions climatiques.