Dans une perspective de massification, de gestion et de valorisation forestière, le Département a entrepris des travaux de reboisement sur 8 ha de la forêt de Brou, à Dième. Mercredi 29 novembre avait lieu une visite du chantier sur l'une des parcelles.

Forêt de Brou : 8 ha de reboisement
L’enjeu pour la gestion forestière est « de faire des scenarii en fonction des aires naturelles » apprend Guillaume Béal, de l'ONF. ©CF/IAR

Vingt-deux élèves de la maison familiale rurale (MFR) de Lamure-sur-Azergues travaillent d’arrache-pied sur l'une des parcelles de la forêt départementale de Brou, à Dième. S’ils ont commencé le chantier au matin du 29 novembre, « on doit finir demain soir et planter 2,3 ha », présente Lionel Amin, formateur et responsable du pôle forêt à la MFR. Ce projet s’inscrit dans une politique de reboisement entreprise par le Département, aux côtés de l’Office national des forêts (ONF) et de l’entreprise Breizh Beaujol Bois, qui réalisent les travaux avec l’aide de la MFR.

Valoriser la filière sylvicole

Si certains élèves galopent dans la pente des cagettes de plants entre les mains, cet exercice nécessite une certaine rigueur : « c’est la première fois qu’on fait un reboisement en mosaïque, avec 15 % de feuillus et 35 % de résineux, on alterne plusieurs séquences de chênes verts, pins maritimes, pins taeda et tilleuls. Les élèves partent avec une séquence (16 plants), ils la plantent et passent à une autre. La difficulté dans ce chantier c’est qu’il n’y a pas le même écartement entre les feuillus et les résineux ». Grâce à cet exercice, les jeunes acquièrent plusieurs compétences : le travail en groupe, l’écoute, l’organisation et la plantation. Et ce n’est pas pour rien qu’ils ont été inclus au projet : « la filière bois, ce sont 5 000 emplois dans le Rhône. Elle souffre de la chute des cours alors on active au maximum l’économie locale et les circuits courts, relate Christian Vivier Merle, conseiller départemental délégué à la forêt. La forêt a un rôle multiple : sociétal, environnemental et économique. » Avec 100 000 € de budget annuel alloué pour l’acquisition, et la même somme pour la gestion forestière, le Département met l’accent sur une politique innovante et écoresponsable.

Adaptation climatique : diversifier les essences

L’enjeu actuel pour la filière, c’est l’adaptation climatique : « le choix des plants se fait selon le contexte climatique, avec un horizon de 50 à 60 ans, stipule Guillaume Béal, responsable d’unité territoriale à l’ONF. Sur cette parcelle coupée il y a deux ans, il n’y avait plus de régénération naturelle. On a donc choisi des essences méditerranéennes plus économes en eau et qui seront capables de résister aux gelées ». Sur les 8 ha reboisés, 12 essences différentes cohabiteront. Pour cela, l’ONF utilise un logiciel qui crée des projections : « on fait des scenarii en fonction des aires naturelles, de la capacité d’installation des essences. On ne part pas de rien non plus, il y a un certain capital expérience acquis grâce aux arboretums existants et aux parcs, ce qui constitue une base scientifique ». Aujourd’hui, si la valeur sûre est le douglas, « on ne peut plus raisonner systématiquement qu'avec cette essence. C’est toujours un pari risqué de choisir plusieurs essences, mais ce serait encore plus fou de ne miser que sur une seule », met en garde le responsable. En plus de diversifier les essences, c’est aussi le risque incendie qui est pris en compte dans le reboisement : « avec cette diversité de tailles et de strates, on limite le risque ». Quant au coût de reboisement, s’il est important, les acteurs espèrent le valoriser en « palettes, pâte à papier, bois d’œuvre et de consommation ».

« Maintenir le capital forestier »

« Le Département dispose de belles forêts gérées par l’ONF qui est un précieux partenaire. Nous exploitons la forêt de manière raisonnée et judicieuse », apporte Colette Darphin, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’agriculture. Propriétaire de 1 800 ha de massifs forestiers, le Département veut éviter les îlots isolés pour optimiser la gestion. « L’avantage des grands îlots, c’est qu’on peut entreprendre une gestion à long terme sur beaucoup de surface, et cet effort participe à maintenir le capital forestier. Le souci majeur dans le maillage des parcelles, ce sont les petits propriétaires qui ne gèrent pas du tout la forêt », appuie Christian Vivier Merle.

Aujourd’hui, la politique départementale inclut totalement l’enjeu de renouvellement dans ses actions : « quand une production commence à souffrir, c’est toute une filière qui est menacée. La diversification des essences peut amener à repenser nos manières de faire. Il ne s’agit plus de planter une seule et même essence mais de voir comment de nouvelles espèces réagissent et s’adaptent. Il faut changer la vision de l’implantation. L’enjeu, c’est d’avoir un massif cohérent et de continuer à le massifier ».

Charlotte Favarel

Antonin Bonin, élève de MFR, nous parle du chantier de reboisement