Communication
Le métier de communicant agricole en pleine mutation

David Duvernay
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Syrpa, l'association des communicants du monde agricole, a présenté le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, les résultats de son 7e observatoire des métiers de la communication en agriculture. Si le métier se féminise, il doit aussi s’adapter aux nouveaux standards du secteur.

Le métier de communicant agricole en pleine mutation

« Le Girl power s’impose dans le monde de la communication ». C’est par ce slogan accrocheur que le Syrpa a présenté les principaux chiffres de son 7e observatoire dont l’un des principaux enseignements est que les femmes sont désormais largement majoritaires : 62 % contre 38 % d’hommes. Jusqu’à présent, tant en 2016 (51 % pour les femmes contre 49 %) qu’en 2018 (50-50) la parité était de mise. Par ailleurs, et c’est aussi une nouveauté, les communicants/tes ont majoritairement (41 %) suivi une formation initiale en communication pure contre 35 % en agriculture. Un quart ont suivi d’autres études. Selon ce baromètre réalisé par l’institut IDDEM, 82 % des femmes communicantes sont diplômées de 3e cycle contre 77 % pour les hommes. « On retrouve ces femmes plutôt dans les organisations professionnelles agricoles », a précisé Pierre Marin, directeur de l’IDDEM, qui pointe tout de même des différences salariales importantes (31 %) entre les hommes et les femmes à mesure qu’elles grimpent dans la hiérarchie. « Les écarts s’élargissent », a-t-il affirmé. Il n’en reste pas moins que cette féminisation des métiers de l’agriculture est toujours une bonne nouvelle s’est réjouie Constance Tuffet, responsable de la communication de Bayer, lors d’une table-ronde qui a suivi cette présentation. Anaïs Maury, directrice de la communication d’Ÿnsect, a aussi parlé de fierté, de « domaine passionnant et passionné » quand Muriel Chrisostome, au même poste chez UNIFA, a montré le côté « très galvanisant » du milieu agricole aujourd’hui très impacté par l’irruption du digital.

Communication de reconquête

La crise de la Covid a d’ailleurs joué un rôle d’accélérateur dans la nécessaire adaptation du monde agricole aux réseaux sociaux. « Avant, c’était un peu : “pour vivre heureux, vivons cachés” », a résumé Mélodie Deneuve, directrice de la communication de La Coopération agricole. Mais les demandes sociétales devenant plus pressantes, surtout depuis que la crise sanitaire a mis en avant la souveraineté agricole et l’alimentation sur le devant de la scène, les organisations, coopératives et entreprises agricoles ont multiplié les interventions sur les réseaux sociaux. Les agriculteurs aussi y sont. « Loin d’être des concurrents, ils sont au contraire plus légitimes à parler de leur métier. Nous avons tout à gagner à les encourager », a insisté Anne-Marie Quéméner, commissaire générale du SPACE. « Ils parlent avec le cœur, ils sont efficaces. C’est ça le socle d’une communication de reconquête, face aux périls de l’infox et de la désinformation », a pour sa part, souligné Sébastien Pérochain, directeur Communication, affaires publiques et RSE de la société Herta. Parce que le poids des compétences en digital est devenu écrasant ces deux dernières années, le métier de communicant agricole est appelé à évoluer rapidement. « D’autant que la bataille des talents fait rage et que les start-up et les ONG, en concurrence directe avec le secteur agricole, veulent aussi prendre les meilleurs », a affirmé Damien Créquer, du cabinet de recrutement Taste. Invitée à clore ces débats en visioconférence, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, n’a pas démenti les intervenants invitant chacun (communicants, agriculteurs, …) à penser « multicanal » pour reconquérir la « confiance des citoyens et des consommateurs ». « Soyons des militants de la cause agricole et de nos métiers », avait harangué quelques minutes auparavant Cécile Quetglas, responsable communication d’Allice, union de coopératives d'élevage de sélection et de reproduction animales.

Christophe Soulard