Veaux
« Être moins dépendants du marché »

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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Sébastien Guillet, commercial et responsable de la section Rhône de Bovi Coop, apporte quelques éléments d’explication à la situation du marché des petits veaux.

« Être moins dépendants du marché »

Bovi Coop dont le siège se situe dans l’Ain collecte tous types de bovins : des petits veaux aux vaches de réforme en passant par les broutards les jeunes bovins et les bêtes de cheville. L’ensemble de cette collecte est effectué auprès de ses 2000 adhérents, dont 380 environ sont localisés sur le département du Rhône. L’activité petits veaux représente 52 % des 80 000 bovins qu’elle commercialise, aussi le marché et les débouchés de cette catégorie d’animaux sont primordiaux pour l’entreprise. « Depuis quelques années, on observe qu’il y a moins de mises en place de petits veaux en France, la baisse de consommation et le coût de production élevé de ce type de viande ne permettent plus d’absorber l’ensemble des veaux de 3 semaines mis sur le marché. Une grande partie des veaux est aujourd’hui vendue à l’exportation, notamment en Espagne qui représente 25 % des débouchés de Bovi Coop. Depuis la crise sanitaire de la Covid, le système économique de ce pays est malmené, avec comme en France une hausse des coûts de production liée à la hausse du prix des matières première. L’Espagne est dépendante de débouchés viande sur les pays du Maghreb, pays où les situations économiques et politiques sont délicates. En France, la hausse du prix des aliments du veau tend la situation et les intégrateurs ont tendance à limiter les mises en place afin de préserver les prix de vente de la viande. Avec un nombre de places restreint, les veaux les plus rémunérateurs ayant le meilleur potentiel trouvent facilement preneur, laissant sans aucune valeur les animaux légers ou à faible potentiel. Tous ces facteurs expliquent les difficultés rencontrées par la filière. Le phénomène saisonnier est également très marqué et même si on trouve des veaux un peu toute l’année avec un meilleur étalement des vêlages, l’automne reste une période de grosse affluence (septembre à décembre). Ce fort volume influe sur le prix et sur la qualité des animaux. Sur cette période d’affluence, il y a beaucoup d’offres avec une demande contenue en face, l’équation de prix est alors inévitable », explique Sébastien Guillet, commercial à Bovicoop. Dans ce contexte, Bovi Coop s’efforce de mettre en place le maximum de veaux auprès de ses adhérents. Ces mises en place internes représentent aujourd’hui plus de 35 % de leurs débouchés. Plusieurs filières de production propres pour la coopérative, en montbéliards, les veaux collectés vont intégrer des ateliers de sevrage, animaux qui par la suite pourront être exportés vers le Maghreb ou mis en place dans des ateliers de jeunes bovins. La coopérative a en outre créé une marque de veaux de boucherie haut de gamme, le Bressou. Cette production exclusive de Bovi Coop permet de bien valoriser les veaux croisés et constitue une production encadrée et rémunératrice pour l’éleveur. Bovi Coop recherche actuellement de nouveaux éleveurs, éleveurs en quête d’une production nouvelle où complémentaire pour leur exploitation. « L’objectif de ces démarches est bien évidemment d’être le moins dépendants possible du marché, de créer et garder la valeur ajoutée auprès de nos adhérents et de nos territoires », complète le responsable.

Emmanuelle Perrussel